Mission d’exploration.

 
DEMAIN :
 
 DÉPART POUR LES
ÉTOILES
 
Le Capitaine et son équipages de Cochons ailés
vous souhaitent une agréable croisière
à bord du Vaisseau Cybergalactique

GERTRUDE.
 
Au programme :

Découvertes extraordinaires, Aventures inédites, Courses de désorientation,
Turbulences et Météorites,
Observations, Calculs, Analyses, Dissections,
Oraisons et Prédictions.

Le Voyage durera environ un Mois
Et se terminera par une traversée du Fleuve
sur le Pont de la Réelle Relique.

Rien ne sera prévu
mais
Rien ne sera laissé au Hasard

Stratégie.

 
Le Crâne est de retour.

Seul l’Art de la Guerre subsistera.

Avance Gertrude!

I. Détermine les plans de l’ennemi et tu sauras quelle stratégie sera couronnée de succès et celle qui ne le sera pas.

II. Perturbe-le et fais lui dévoiler son ordre de bataille.

III. Détermine ses dispositions et fais-lui découvrir son champ de bataille.

IV. Mets-le à l’épreuve et apprend où sa force est abondante et où elle est déficiente.

V. La suprême tactique consiste à disposer ses troupes sans forme apparente ; alors les espions les plus pénétrants ne peuvent fureter et les sages ne peuvent établir des plans contre vous.

VI. C’est selon les formes que j’établis des plans pour la victoire, mais la multitude ne le comprend guère. Bien que tous puissent voir les aspects extérieurs, personne ne peut comprendre la voie selon laquelle j’ai créé la victoire.

VII. Et quand j’ai remporté une bataille, je ne répète pas ma tactique, mais je réponds aux circonstances selon une variété infinie de voies.


Sun Tse, Les treize articles sur l’art de la guerre, Article VI: Du plein et du vide,
206 av J-C.

 

Philippe Soupault.

 

        C’est à cette époque que je lus les Chants de Maldoror, qui demeurent pour moi la plus grande révélation.

        Isidore Ducasse. Ces quelques syllabes suffisent à me réconcilier pendant une heure avec moi-même. Il m’importe peu de découvrir, ici ou là, d’autres intercesseurs. Un seul suffit à un seul homme. On parle toujours de l’étoile, de la bonne ou de la mauvaise, d’un être : on ne parle pas d’un firmament. Il me semble que Lautréamont m’empêche d’admirer.
    Cette joie que tout à coup je recueille pour mes sens endormis est une joie sans qualificatif, une joie enfin que je désire et que j’attends. Lautréamont. Ô désespoir de ma vie, ma chère frontière, borne miraculeuse ! J’apprends grâce à lui à me décider à vivre, comme le dernier des crabes. Tout ce qui, autrefois, pinçait mon cœur et fouillait mon cerveau se fane et achève de mourir, sans même que j’y prenne garde.
(…)
        N’est-ce pas qu’il faut avoir du chagrin, beaucoup de chagrin parce que l’on est né trop tard ? Je me console de la mort de mon ami qui fut, dit-on, prématurée, mais non de ma naissance tardive… Il suffisait d’une seule génération. Me voici (moi et les autres) misérablement réduit à fouiller dans les souvenirs, à gratter les pages d’un livre. Un homme, un homme, est-ce que l’on rencontre cela si souvent ? Est-ce que vous en voyez beaucoup autour de vous ? Est-ce que la pourriture qui pue est si féconde ?
        Il faut chercher longtemps. Et lui vivait il y a à peine cinquante ans. Je suis arrivé trop tard et mon ami est mort. Il s’en fallait de trente ans ! Quelle tristesse d’être obligé d’imaginer la dernière crispation de cette bouche pour pouvoir se souvenir d’un visage moribond et chéri !
(…)
        Ce n’est pas à moi, ni à personne (entendez-vous, messieurs, qui sont mes témoins ?) de juger M. le Comte. On ne juge pas M. de Lautréamont. On le reconnaît au passage et on le salue jusqu’à terre. Je donne ma vie à celui ou à celle qui me le fera oublier à jamais.
        J’étais couché dans un lit d’hôpital lorsque je lus pour la première fois les Chants de Maldoror. C’était le 28 juin. Depuis ce jour-là personne ne m’a reconnu. Je ne sais plus moi-même si j’ai du cœur.
        « Allez-y voir vous-même si vous ne voulez pas me croire. »

Philippe Soupault, Histoire d’un blanc, Mémoires de l’Oubli. 1927

 

Dérive.

Peindre des coquillages
ou
la Dérive
comme procédé de Navigation.


Juliette Charpentier, aout 2008

Avertissement:

Attention, sympathique visiteur,
dans cette vidéo,
le Capitaine se laisse emporter
par les flots nostalgiques d’une introspection incontrôlée*.
Si vous ne voulez pas risquer de chavirer et
être complice de ce naufrage,
coupez le son!

*Les dernières lignes de ce texte ont été écrites le 13 aout 2008
à Beynac, en Dordogne, où reposent les cendres de mon père
qui aimait tant la mer et les bateaux.

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ANNIVERSAIRE!

8
Aout 2008

Une Déambulation du Capitaine le long des Hautes Rives de ses Dérives à la recherche des petites coquilles semées par le Hasard.
Soufflez la neuvième bougie :


Canopée n°5.

                La lumière, cette reine des couleurs qui se répand sur tout ce que nous voyons me flatte durant le jour par mille divers attraits, lors même que je pense à autre chose, et que je ne prends pas garde à elle: elle se glisse si avant dans nous et nous devient si agréable, que s’il arrive qu’elle nous soit tout d’un coup ravie, nous la cherchons avec ardeur, et notre esprit demeure triste si nous en sommes privés pour longtemps.

Saint Augustin, Confessions.

Canopée n°1.


        Si le temps est très beau, il advient que j’en sois légèrement angoissé : c’est mauvais signe qu’il fasse si beau, quel saumâtre événement  cela peut-il bien présager ? De même, si je prends un plaisir quel qu’il soit, je suppute les chances que j’ai d’être mis en demeure, dans un avenir très proche, de le payer, et au centuple encore ! car le sort n’est qu’un usurier.

Michel Leiris, L’age d’homme.

Pré en Bulle.

 
Prolonger quelques jours*

les Paradis artificiels

de la

Vacuité.

*Le temps d’une Neuvaine.

    Cela me rappelle l’histoire d’un souverain qui dans son château avait reconstitué une Abyssinie artificielle, avec des palmiers de zinc peints à l’huile. Crois-tu qu’il y détenait une autruche ! Une autruche vivante. Oui, une autruche vivante. À quoi bon. Alors ? Cette autruche était aveugle ; elle ne pouvait pourtant pas se croire au cœur de l’Afrique ? Son flair ne pouvait la tromper. Ce n’était pas pour elle qu’il avait réalisé ce trompe-l’œil, puisqu’elle n’y voyait pas. Ah ah – Eh bien cet animal, je parle de l’autruche, non du roi, se cachait la tête derrière les palmiers dès qu’un danger présumé la menaçait.

Georges Ribemont-Dessaignes, L’autruche aux yeux clos.