Cliché en Rose acide

 

 

img_0779.jpg

 

 

           Ami,

 

Où sont passées tes colères, tes guerres à la Guerre, tes hurlements contre les bunkers de la bêtise ?

Qu’as-tu fait des volatiles cramés au réservoir des sens, des feux de joie sous les soleils de plomb, des messes profanes sur le bitume, des mouettes se riant des aliénations ?

Que sont devenus tes haillons provocateurs, ton postérieur en technicolor,  tes performances en bas résille ?

Te souviens-tu des débordements du Fleuve, des beautés pathétiques des cadavres du littoral, des hêtres de l’être ?

Entends-tu le son inexorable de la clepsydre, la tempête qui gronde sur le Vieil Océan, les chiens hurler au loin dans le désert des campagnes ?

 

Comme tes photographies sont belles, René, belles sous le soleil exactement.

 

De cette esthétique impeccable et implacable, aveugle  aux vicissitudes et à l’imperfection, elles sont belles à dissoudre les réalités.

 

L’ombre se désagrège dans cette transparence dorée où Éva rêva  l’Origine, dans l’oubli total de l’horizon des finitudes du Monde. Car le corps évanescent  du bonheur est là, triomphant, offert à notre éblouissement, et la muraille figée de l’Océan nous cache l’idée intolérable de sa disparition.

 

Ces photographies sont belles comme l’illusion de soie bleue, l’illusion du soi à soi spéculaire.

 

Leur luminosité de golfe clair, lavée de tout soupçon, au redoutable rétro éclairage virtuel, ne laisse aucune place au doute, et le photographe, l’objectif empli du champ doré des sirènes, tout à son amnésie des ténèbres, autoproclame son génie obligatoire devant le miracle de la lumière…

Et seulement la lumière.

 

Mais ce serait nier les épousailles nécessaires entre la lumière et l’ombre, celles-là mêmes sur lesquelles j’ai déversé mon encre avec enthousiasme voici deux ans .

Car j’aimais ces images où l’inquiétude des contrastes donne encore abri aux ricanements désespérés et à l’autodérision.

 

Mais, pourtant, Ami, le mystère de tes étrangetés oxymores et de tes pudeurs exhibitionnistes te tente à confronter tes certitudes à mon regard inconnu mais déjà éprouvé, à laisser glisser mon cynisme à la surface de ce miroir au risque de le voir brisé dans mes affichages brutaux.

 

Et c’est bien ce paradoxe qui me rassure sur  les profondeurs que masque cette muraille de limpidité, et qui me fait t’écrire.

 

Je ne le fais que pour les amis.

 

 

Juliette Charpentier,

Paris,

14 novembre 2010

 

 

 

ombilic.jpg

 

 

49 réflexions sur « Cliché en Rose acide »

  1. Risquer revoir la rose

    En faire un devoir de prose

    Nouer des liens fantastiques

    Avec des fils énigmatiques

    Tendre la main

    Ouvrir son sein

    Gertrude, la bienaimée

    Au levé du jour a invité

    René à refaire voler l’oiseau noir  

    Où jadis planait le hasard

    Nébuleux des vents contraires

    Et chaotiques sur la mer

  2. J’aime vos mots, ma soeur Anne; ils sont là pour servir la rime et jouer avec le sens que vous savez si bien saisir.

    Impossible que le jongleur de maux qui passe et qui Re-nait sans trépasser n’en reste indifférent et n’en soit pas reconnaissant.

  3. Et bêêêêêê!

    Ceci dit je ne pense pas que le lécheur de montres molles soit le peintre du siècle….

    Sans transition (les méandres des enchainements de pensées sont parfois un peu tordus) as-tu vu ce que j’ai fait du binoclard savant cercle rouge?

  4. Bien chère soeur

    Anne Hecdote

    Bouleversifiante peau était-ce

    Bien raisonnable ?…

    (Poétesse dans le sens du poil et non de l’appeau d’âne, il va de soie)

    Je crin très chère amie (dans le sens du crains)

    Je crin, disais-je, que votre Âdepte

    Intense et remarquable

    Âctivité de désensablage

    Menée au sein du

    Comité Gertrudien de Sauvegarde

    De l’Âutruche

    Et du ChÎen

    Ne conduise tôt ou tard votre oeil persan

    Souvent rivé sur l’horizon d’un Os crÂnique

    À mettre à jour un spécimen rAre…

    Je veux bien sur,

    Vous l’aurez deviné,

    Parler du fameux

    Struthio Camelus Syriacus…

    ….

    Hum !…

    Ne pressenteriez-vous d’ailleurs déjà point poindre

    À travers le globe OQL’R

    De cette espèce d’Ôiseau des sables

    Comme un soupçon de lumière

    Trahissant le reflet de Soi bleu

    D’un autre zézé Surmoi

    Déjà par le passé

    Juste pour l’anecdote

    Au moins

    OTTO DIX fois proclamé

    Avant qu’il ne trépasse !

    Mais,

    Bien que crevé,

    Re-naissant chaque fois

    dans un 9

    Tel cet autre poète

    Dont je vous laisse trouver le nom

    (attention au piège narcissique, vous n’avez droit qu’à une réponse)

    Une fois de plus pour l’ Anne Hecdote

    Bien à vous

  5. Os et Gaz à tous les étages, suite et Re-faim d’énigme…

     

    …Dans son appartement l’homme possédait le confort domestique.

    C’est la tête dans le four qu’il s ‘endormit paisiblement.

    « Crever pour mieux Renaître »..

     

    C’est en gravant dans nos mémoires cette épitaphe qu’Avida Dollar, grand peintre de génie et non moins assassin des Manifestes Surréalistes, tente à travers ses secrètes confidences de blanchir Salvador Dali pour sa non assistance à personne en danger, ce, suite à la découverte du corps sans vie du poète René Crevelami qu’il savait fort fragilisé, au plus haut point suicidaire et dont il pressentait un imminent passage à l’acte…

     

    Il est vrai qu’à l’instar du Pape André Breton, le Grand collectionneur de faux que fût Dali n’en était pas à son premier rendez-vous manqué, pas plus qu’ à son dernier ! … A commencer par sa présentation à Sigmund Freud de sa fameuse « Métamorphose de Narcisse »… Freud ne décèlera pas dans  cette oeuvre  le moindre intérêt psychanalytique… (laquelle renferme pourtant dans son n’9 l’une des clefs de l’énigme de la vie et de l’oeuvre de l’un des peintres majeurs du XXeme siècle… Vivement Lacan !!!….)

  6. Ma soeur

    Mon amie crâneuse

     

    La lueur de ton n’Oeuf de Mars

    comme tes Nota Bene

    m’ont aidé à m’ extirper 

    de cette abysse insondable

    où l’on tentait pour en finir de me noyer

     

    J’ai retrouvé intacte la lumière

     

    surgissant des plus profondes ténèbres

     

    Je ne suis plus aveuglé

     

    Je vais à nouveau m’équiper et reprendre du service

    Serai d’ici quelques semaines à nouveau (dés)armé

    De retour sur te fleuve de ta Cène

     

    pour un quart de siècle de Cheval

    une plume à la main

    Parce-que tu le veau bien

     

    Quel bel entêtement que ces six ans

    avec tes crânes toujours aussi luisant !

    (J’ai tout de même subi un choc violent

    lors de ma connexion sur over blague)

     

    Ton frère de l’âne

  7. Là, je ne sais pas qui de toi ou de Gertrude rose, va s’allonger sur le divan de docteur Gertrude, mais nous n’oublierons pas de te prescrire une petite note à benêt pour ce post, cher Renait et de donner un coup pied au cul à Sigmund en passant…. à suivre…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *