Gertrude à la scène comme réponse à la poésie douce à mer

 

Ou comment

une bouteille jetée

sur l’amer à Marseille

se retrouve mise en Seine à

Paris

 

 

 

gertrude-1112.JPG

Cette Bouteille à jeter sur l’amer a été réalisée par Plaiethore pour le Capitaine de ce blog

« Cette Bouteille à jeter sur l’amer est une Liberté, totale. Car jetée ou non, elle est le Symbole de ce qui ne peut mourir. »

 

Une bouteille… Cette bouteille.

 

Ronde et pas très grande, adaptée au creux de mes mains, juste assez bouteille pour évoquer un bu oublié, juste assez flacon pour laisser flotter une ivresse parfumée.

 

La bouteille est fermée, scellée.

Son ouverture est hermétique au regard, enrobée de cire ; mon œil, butant sur ce goulot sans issu, est pris dans la glu d’une mate opacité.

La coulure prend la bouteille au col, dans un envahissement qui me signale l’éphémère de ma vision ; elle s’arrête à temps , suspendue au-dessus de mes ténèbres à venir, me noyant des effluves de la combustion d’une flamme éteinte.

 

Mais la clarté du verre lui livre une lutte sans merci, offrant sa minéralité transparente à l’informe de la paraffine.

Les lueurs fumées où courent les insaisissables diffractions soufflées par sa naissance se jouent du noir durci dans une solidité dérisoire.

 

La bouteille bien droite, fière de ses épaules et de sa tournure irréprochable,  fait fi du nuage noir de la tempête qui s’annonce .

Elle se vêt en petite écolière d’une étiquette  sage, calligraphiée à l’encre de pupitre; les lignes consciencieuses annoncent en lettres rondes et innocentes l’indicible du contenu, et la docilité des caractères délivrent toute la déraison de l’espace qu’ils semblent délimiter dans l’évidence de leur délié.

 

Le verre est la frontière ; ce millimètre de verre me sépare d’un espace à jamais coupé du mien, espace minuscule d’atmosphère enfermée, ouvert aux infinis possibles, espace scellé si loin, mais là, dans mes mains.

 

La bouteille tourne, sans cesse retournée entre mes doigts ; j’en perçois le poids, la stabilité, la forme parfaite qui contient cet air capturé en un instant dont je n’aurai jamais l’instantané.

 

Ce lieu inaccessible présente ses desseins dans la lumière tout en dérobant à ma frustration l’aboutissement d’un toucher.

Mes sens s’arrêtant au lissé du verre, lâchent mon émotion dans ces quelques centimètres cubes d’infini qui se dilatent autour des deux objets exposés au centre de la bouteille.

 

Si visibles, si offerts et pourtant si peu montrés : deux rouleaux occupent la scène, l’emplissent de leur présence tout en gardant dans leurs replis leur indéfectible secret.

L’un roide et contraint, au papier serré, noué d’une noire faveur, vibre d’une sombre écriture à la plume incisive, signes pressés d’une colère enfouie dans la spirale des maux, douloureux et étouffé comme le mal.

L’autre protégé, lové, niché dans la douceur de la soie, perlé de nacre à chaque extrémité, enrubanné de lumière, s’abandonne dans la mollesse confiante de sa blanche innocence, abolissant d’un souffle d’ailes toute noirceur d’encre.

 

Ces deux-là sont destinés, inexorablement, à une étreinte douce-amère, que jamais personne ne pourra démêler.

 

 

Je sais, Âmi Plaiethore, qu’un peu de vous est là, dans cette bouteille, que, dans cette espace libre à jamais, un petit bout de votre âme palpite pour toucher la mienne ; je devine chaque geste accompagnant la splendeur de ce message, les pensées qui en composent la moindre parcelle.

 

Je sais surtout que dans cet impossible contact, dans cette infinie coïncidence, se constitue notre inévitable rencontre.

 

 

Pour vous, Plaiethore, cette dérive sur l’os séant, la musique du ressac de l’amer…

 

 

Juliette Charpentier

Paris

22 janvier 2011

 

Sainte Gertrude

se manifeste sur

 gertruderose

 

68 réflexions sur « Gertrude à la scène comme réponse à la poésie douce à mer »

  1. Je sens les ressacs frapper derrière mes yeux, la houle qui ondule dans mes flux de chair et l’écume qui gronde envahir ma gorge… Et l’émotion devient raz-de-marée…

    Je deviens une mer qui ne peut pour l’instant rien rejeter sur les sables de ses secrets les plus confiés à vos navigations intimes…

  2. Ah!………les bouteilles à la mer ………

    SUR LA MER

     » Elle entretient d’éternels murmures autour

    De ses rivages désolés ,et de son puissant gonflement

    Engloutit deux fois dix mille cavernes ,jusqu’à ce que le charme

    D’ Hécate leur abandonne leurs sonorent et antiques ténèbres … » KEATS

     

    La vidéo est magnifique …:)

                                                  bien votre

                                                                     Hécate

     

     

  3. La bouteille mystérieuse de Plaiethore …a fait un beau voyage

                                                          jusqu’à vos rivages …

                                                                                                       H

  4. Oui! Dans mes petites recherches j’ai rencontré ce poème de Keats! J’ai failli le mettre sur la Rose, mais j’étais sure que vous le connaissiez déjà!

    Je m’aperçois qu’il va mille fois mieux sous cet article.

  5. Eh! oui ,voilà …Hilarant le message de Gogolski Ramirez ,il pige vite fait ce qui découle des bouteilles ! et dire que le liège des bouchons tiennent le siège du verre …et sans compter les vers de poète qui se fracassent sur la Côte de l’Os Se Suaire…Quel programme !!!

  6. Alors, c’est qu’il doit y avoir des fissures en cale basse et que les fuites inondent ma cervelle… Non, sans blague mon blog a disparu… Comme englouti dans la gueule fétide du Kraken !

    C’pas drôle hein !

    Je vais m’ouvrir les plaies à la tondeuse à gazon si ça continue moi…

  7. Je viens encore de vérifier; je le vois, quant à moi, FARPAITEMENT, MÔA! J’ai un vrai don de voyance, MÔA!

    Mais quelle idée, faut dire, d’aller se foudroyer la cervelle si violemment!

     

    Et puis escamoter votre blog c’est une façon de vous faire venir dans le mien, hé! hé!

  8. J’adorais la bouillote glissée au fond de mon lit, lorsque j’étais môme et que je partais « à la campagne », dans une maison où il faisait glagla de sa race.

    Ca fesait crouic floc lorsque je pressais mes pieds dessus et le matin, la bouillote était aussi glacée que les murs de la maison, ce qui me rendais d’une humeur fracassante, vous l’imaginez bien 🙂

     

    Par contre j’aime la soupe de légumes seulement depuis que j’ai grandi des pieds…

     

    P.S. Je vois vos commentaires chez mon moi englouti depuis ma messagerie… Joie !

    P.S. 2. J’avais droit avant d’aller me coucher dans cette baraque de glagla à une tisane de thym… Aussi…

  9. Figurez-vous que je n’ai quant à moi pas perdu l’habitude du crouic glouglouteur, et, ce dès qu’il fait moinsse de 25°; cela contrebalance le radiateur naturel de l’autre côté! Une fois calée entre les deux, je peux m’endormir sur mes quatre oreilles.

    La soupe, c’est par crise, mais le chocolat c’est toujours!

    Alors que la tisane … Je crois que là vraiment la région de quand j’étais petite était vraiment trop méridionale, vous n’imaginez pas à quel point!

    Mais il y avait bien une baraque gla-gla chez ma grand-mère en métropole avec d’énormes édredons en plumes…

    Euhhh… Non! Pas les plumes! Aïe!

  10. La maison glagla se trouvait dans un petit, mais alors très petit village du fond du trou du… Heu ! Du Vaucluse.

    Saint-Marcellin-les-Vaisons, vous connaissez peut-être 😀

    A 2 km de Vaison-la-Romaine quoi.

     

    C’est à Saint-Marcellin-les-Vaisons (SMLV pour les intimes) que j’ai écorché la majeure partie de mes genoux, de mes coudes, de mes mains, de… Ma tête aussi tiens !

     

    C’est passionnant ce que je vous raconte, n’est-il pas ?

     

    D’autre part, j’avais plusieurs épaisseurs de couverture et un oreiller empli de cubes de trucmuches tout mou. Parce que les plumes me faisait tousser.

    Aujourd’hui, elles me font hurler… Ce n’est pas mieux 🙂

     

    Bref, merci de répondre à mes inepties… Parce que je vous aime et que vous m’aimez et que le monde n’est pas fou, mais que nous oui et qu’on emmerde tout le monde et que ça me fait du bien de dire n’importe quoi parce que je suis trop énervé pour dire des choses à l’endroit et que d’ailleurs l’endroit n’est pas si droit que ça bien au contraire… Oui.

     

    Je vais me goinfrer de pâtes à l’aïl et je repasse plus tard, lorsque j’aurais brossais mes dents 🙂

     

    Oui, je suis Plaie et j’assume !

     

    Belle soirée Belle D’Âme

  11. Surtout, et vous le savez bien, vous n’êtes pas le premier à dire n’importe quoi et à assumer!

     

    À part ça, c’est vraiment passionnant votre nain porte quoi! Si! Si!

    Et je vous zaime zossi!

  12. Ô Sainte Gertrude…c’est la cata …le blog de Plaie ….Disparu !!!!!!

    Déjà que l’on m’a piraté mon adresse et que sous mon insigne on envoie des pubs équivoques à mes liens ,oh! là !à … J’ai dû modifier des trucs ,car ,là ,vraiment …Peut-être que vous en avez zu zaussi ….

    Oui ,ben ,les bouteilles à la mer …. !!!

  13. Non, non, je vous assure, il n’a pas disparu: j’y ai posté au moins trois commentaires!

    Par contre, il est vrai que tous les quatre matins vous essayez de me refiler des contrefaçons de petites pilules bleues dont je n’ai que faire… 🙂

    Bon je m’en vais avec mes bouillotes sous ma couette.

    Bonne nuit!

  14. Quatre.

    Quatre commentaires pour l’instant, auxquels je ne peux répondre, d’autant que je constate que vous excellez dans l’art du jeté de nain porte quoi… Alors moi, vous comprenez je suis jaloux… Et frustré ! Nan ! Pas frustré ! Nain porte quoi ! Je veux jouer moi zaussi… C’est tout.

     

    Magicienne Mia, faites bouillir le chaudron magique que diable !

    Siou plait, pour votre Plaie adorée [yeux doux, humides, limite poisseux]

  15. Ah! Plaie…vous devez zaussi avoir été bombardé de ces réclames de  pilules de vigueur à mon insigne ,mais non ,non ,je ne suis pas dans ce marketing d’alcôve  …Misère ! Quel vent souffle sur les blogs!….

    Que notre Capitaine voit ce qui n’apparaît plus ,elle a une longue vue sur son rafiot 🙂 alors ,voilà …

    Une aile pour vous tenir chaud dans cette glacière cyber …( c’est très douillet sous une aile ….si ..si …)

  16. Cinq… Je viens de poster le cinquième, une vraie addiction; d’habitude je ne suis pas si prolixe (ni astérix/ça c’est pour les nains).

     

    N’invoquez pas trop la Magie et les sciences au-cul-tes, vous allez avoir une pluie miraculeuse de pilules bleues.

  17. Pas dans le marketing d’alcove, hum… Je demande à voir…

     

    Quant à une longue vue, en effet j’en ai une Plaie-instampillée en papier téléscopique avec plein d’écritures secrètes dessus enfermée dans un flacon qui me permet de savoir tout ce que trafique ce Chair Plaie si Bô de mon Os.

  18. Je suis chaste comme une vestale du temple !!! J’ai mes gardiens zélés  ,z’ailés …

    C’est Bel…Z …  B …  qui me joue des tours

    Ce n’est pourtant pas la nuit de Walpurgis !

    Le Jéhova qui se fâche pléthoriquement de la recherche de Jésus  ! Saigneur ! Que Divine soit la Clémence …

  19. Magicienne Mia, je n’ai pas été bombardé ; je n’ai reçu qu’un seul spam émanant de votre adresse… Z’ont peut-être eu peur de moi les tites trucs en bleu 🙂

     

    Quant à mon grand bordel bloguesque, toutes mes pages devraient revenir intègres d’ici « 2 à 72 heures » selon le webmaster. Nous verrons bien…

     

    Bel Os de ma Plaie, profitez des dernières heures de prise de possession autarcique de mon blogheu ! J’arrive bientôt pour un grand concours du lancé du nain porte quoi !

    Profitez… Profitez… 😉

  20. J’affute ma fronde à élastique et… j’y cours!

     

    Deux minutes plus tard:

    M… internet de sa R… ma longue vue ne fonctionne plus!!!!! OUUUUIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!

  21. Ma cabine, mon lit douillet, ma bouillotte, ma soupe, ma tisane… Mon nain porte quoi…Ahhhhhhhhhhhhhhhhh !

    Je sens que je vais squatter encore quelques temps sur votre navire Bel Os de ma Plaie et aller aussi bouder derrières des tentures pourpres.

    Je suis au chaud dans une bouteille et je regarde Amer passer… Ah ah !! Qu’il est donc laid !

    Je n’écrirais jamais AMER M’A TUER…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Oui, je vais me coucher, oui.

     

  22. Et vous allez vous coucher sans avoir bu un peu d’Os bénite Rrose? pourtant vous avez intérêt à vous mettre du sucre sur la langue car mon prochain article sera AMER, trés AMER.

     

     

     

    Je cours vite vers mon devoir terrestre. À pluche!

  23. Vous avez raison Bel Os, je vais de ce pas réparer mon oubli et sniffer ces odeurs de sein tété dont vous me parlez…

     

    D’autant que si Amer doit bientôt se montrer, je vais avoir besoin de toutes mes forces mentales !

  24. Un vrai embouteillage, vous dis-je! Et je ne vous raconte pas ce qu’il y a dans la cale en dessous de la ligne de flottaison…

    Mais une visite de la Bête Humaine cela mérite bien quelques flacons.

  25. Le capitaine que je suis approuve, admire, et prend plaisir à écouter le bruit des vagues là haut.

    Une bien belle bouteille ermétiquement fermée. L’un peu de Plaie ne pourra pas s’enfuir 🙂

  26. Fastoche ! Sortir du port de Marseille, longer la côte plein Ouest jusqu’au Delte du Rhone. Prendre le Canal d’Arles à Bouc puis une fois dans le Rhone remonter jusqu’à Châlon sur Saône. De Châlon prendre le Canal du Centre jusqu’à Digoin puis le Canal latéral à la Loire jusqu’à Montargis. De Montargis prendre la Canal de Loing jusqu’à la Seine et glisser jusqu’ Paris. Attention dans les écluses, le verre c’est fragile.

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