L’Os en dessous

 

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En arrière plan: La Relique du Navigateur Inconnu.

 

Le père du Capitaine disait que, sur tout rafiot en perdition, la coutume était de dire : Les femmes et les enfants d’abord.

 

Ainsi, le Capitaine brodait depuis quatre mois de doux coussinets à l’usage de ses interlocutrices, sans aucune ambition de sauver ces dernières du désastre.

 

Telle Pénélope attendant le retour d’Ulysse elle aurait pu poursuivre ses activités occupationnelles sur canevas et offrir ainsi quelques coups saints de plus à ses innombrables admirateurs.

 

Mais, consciente du peu d’intérêt suscité par ses ouvrages de dames auprès de la gent masculine, elle décide cependant de braver pour la dernière fois les stéréotypes rugissants sur son coussin flotteur, de tirer l’aiguille un peu plus loin et d’exhiber ses dessous pour raviver la flamme du Navigateur Inconnu.

 

Mon cinquième est pour*

 

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JC, Pique-Gertrude N°5,  
canevas, fil, satin, rembourrage synthétique,
3 x 9 x 9 cm

 

*Celui que je ne rencontrerai jamais

 

Cela fait exactement quatre ans et cinq mois

que Gertrude est en ligne

et ne sait pas à qui elle parle

 

L’inconsciente Rose continue à draguer

et la Noire toujours aussi paumée

ne sait toujours pas où elle habite

 

62 réflexions sur « L’Os en dessous »

  1. Mais c’est mortel!

    Je vois ça dans le métro le matin, je me tire une balle! Enfin, façon de parler, je suis déjà morte et j’ai bien assez le crâne percé comme ça.

  2. J’ai du mal comprendre ? Alors comme ça les femmes devraient pouvoir tout faire comme les hommes (pour l’égalité) mais les hommes ne peuvent pas tout faire comme les femmes ! Ce vieux crâne  est un peu macho sur les bords non ?

  3. Mais voyons! Si les hommes se mettent au canevas, comment va-t-on faire pour continuer à être féministe? C’étai tellement bien d’avoir quelques machos à se mettre sous la dent!

  4. Un vrai recours en fil de grâce; ou la chance du dernier fil… C’est très émouvant, se découvrir de son dernier fil pour broder son innocence.

    C’est magnifique.

  5. J’imagine, en effet, plus Gertrude en chas qu’en chat; il est plus facile d’y enfiler le fil que de la faire miauler…. Bon, n’y voyez là rien d’ambigu…. 🙂

  6. non ,bien sûr ,prude comme je suis 🙂

    Vous entendre miauler ? Vous ne m’avez jamais entendu aboyer à la lune comme un des chiens d’ Hécate ???je sais faire ça assez bien !

  7. Monument au Navigateur inconnu

    Elle pense à ce grand garçon de quatorze ans justement, arrivé hier matin dans sa classe. Le père est mort, la mère est restée en Albanie et lui est entré clandestinement en France.

    A quatorze ans !

    Comment est-il arrivé dans ce collège de la banlieue bordelaise ? Qu’a-t-il connu comme souffrances pour se risquer ainsi vers l’inconnu ? Peut-être a-t-il fui sur un coup de tête… Une fugue d’adolescent. Peut-être a-t-il vécu des moments difficiles. Il a peut-être eu faim, froid… A-t-il pensé à faire demi-tour, à revenir près de sa mère qui doit être fort inquiète ?     

    Aux infos, on en parle peu de ces bateaux qui débordent de clandestins. Certains, trop chargés, coulent en Méditerranée et n’arrivent jamais. Par où est-il passé ?

    A-t-il été aidé par un passeur ? A-t-il dû le payer ? Dans ce cas, où a-t-il trouvé l’argent ? Peut-être a-t-il travaillé pour gagner cet argent. Il a même dû tomber sur un patron peu scrupuleux qui l’aurait exploité sous la menace, sous la torture même…                 

    C’est quoi cette vilaine cicatrice qu’il a au genou ?                 

    Il a dû s’enfuir encore. Fuir toujours. Pour aller où ? Dans un pays dont il ne parle pas la langue… Comment s’est-il débrouillé ?

    En tout cas son sourire fait plaisir à voir. Il semblait heureux ce matin-là. A quoi pensait-il ?

    Quel sera l’avenir de cet enfant-là ? Pour le moment il est très motivé pour apprendre à l’école. Futur intellectuel, avec plusieurs doctorats en poche ? Peut-être sera-t-il écrivain, philosophe, scientifique ou artiste… A quatorze ans on ne sait pas encore se projeter dans l’avenir. Fuyant son pays, il fuyait le présent. Un présent insupportable. Alors forcément son avenir sera plus doux. En attendant il est là.

  8. Gertrude est …………………..disparue…le fil à broder l’a baillonnée ?………………….( vous savez qui est….revenu ?….Oui ,vous savez tout ,vos oreilles sont ouvertes à tous les courants d’air !

  9. Cette distorsion des « ententes » et des distances entre les êtres dans cet espace virtuel peut devenir un phénomène intéressant à la condition d’en garder conscience.

  10. J’aime ce mot « piètre », dedans il y a pétri, pied, péri, pire, enfin toutes sortes de choses informes peut-être pas encore advenues, peut-être en gestation, peut-être pleines de promesses, peut-être pas; être piètre c’est être encore un vermisseau au pied de la montagne; car, ce que ça doit être chiant d’être au sommet à brandir la Vérité!

  11. De l’inintérêt… non… certainement pas… « Alors quoi… oui Quoi… Je ne sais pas, je suis plutôt silencieux, en général ; un taiseux, pour employer une terminologie à la mode, et timide et pudique, avec ça… « Ça ne dit des choses que pour mieux les taire, cette bête-là… Oui, c’est ça… preuve en est que je suis parvenu jusque-là sans avoir dit ce que le Quoi demandait… « Pouvez-vous conclure maintenant… L’inconnu te remercie de cette délicate intention 🙂

  12. Je connais un beau rocher dans la baie du Mont Saint-Michel qui s’appelle « Tombelaine ». Je lance ce commentaire comme une bouteille à la mère, comme un jetédessus-dessous, point de canevas, tricot et reprise. 

  13. J’étais sur la banquise : j’ai tenté une traversée en solitaire. Râté! Me revoici en terre trop connue une peu déboussolée mais enchantée de retrouver Eugène et l’homme-cheval : ce sont des compagnons délicieux qui méritent qu’on se réacclimate le plus vite possible. Mais où est Gertrude ? Sous la banquise, elle aussi? 

  14. C’est vrai que l’échange épistolaire virtuel tend à « dramatiser » les situations ou en tout cas à les charger d’affect au-delà de leur portée première. Intéressant geste d’écriture adressé et dans le même temps posé, ouvert à tous les vents !

  15. Piètre… ce jugement me parait cruel et infondé… parait, non, est infondé, cruel et injuste… Je dirai même plus mon cher Mucus, injuste, cruel et infondé.

    Miroir, miroir, cruel miroir…

    Fallait-il entendre ce « jamais » comme un souhait, ou bien, ou bien… Les mots sont d’affreux tyrans, mon vieux Maître me le disait :

    « Même si nos paroles sont justes,
    Même si nos pensées sont exactes,
    Cela n’est pas conforme à la vérité. »

    Sosan

  16. Vous accourez quand le MYSTERE pointe son bec

    Je ne voulais point vous léser sur celui -là !

                                              votre…………….M & Messagers zélés

  17. L’épicerie est définitivement fermée

    ou  nous tricotez-vous encore un Atlas Mondial

    à base de poils de chiens mexicains ?

  18. C’est la comparaison qui me chagrinait…

    Il est vrai que je ne l’avais pas entendu de cette manière, mais plus classiquement au sens de médiocre… je suis un bien piètre lecteur… Cherchons l’origine de la bête : piètre, du latin pedester « qui va à pied » (tient, revoilà le pied), donc, allant à pied, celui-là est un pauvre blaireau, d’une condition inférieure à ceux qui vont à cheval, en carrosse, à mobylette ou à trottinette… Ne possédant ni voiture, ni mobylette, pas même un vélo, je suis aussi à cataloguer comme un piètre… un piètre pied dans une tête pleine de cheveux d’herbes folles.

    On peut ajouter à la liste : pitre, piètre pitre, et même, pis être, et pis encore, et pis être encore à pied, pis encore là à gravir des sommets d’incertitudes.

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