le vent qui souffle et la fumée
je file des lambeaux de brume
les cheveux d’ange et les reflets
Je choisis les parfums très doux
les lueurs de l’aube et les soucis
pour ma quenouille de cristal
et mes rêves les plus secrets
à suivre sur
La Rose
à suivre sur
La Rose
En quelle manière sont donc ces deux temps, le passé, et l’avenir ; puisque le passé n’est plus et que l’avenir n’est pas encore ? Et quant au présent, s’il était toujours présent, et qu’en s’écoulant il ne devint point un temps passé, ce ne serait plus le temps, mais l’éternité. Si donc le présent n’est un temps que parce qu’il s’écoule et devient un temps passé, comment pouvons-nous dire qu’une chose soit, laquelle n’a autre cause de son être, sinon qu’elle ne sera plus ? De sorte que nous ne pouvons dire avec vérité que le temps soit, sinon parce qu’il tend à n’être plus.
Si le temps est très beau, il advient que j’en sois légèrement angoissé : c’est mauvais signe qu’il fasse si beau, quel saumâtre événement cela peut-il bien présager ? De même, si je prends un plaisir quel qu’il soit, je suppute les chances que j’ai d’être mis en demeure, dans un avenir très proche, de le payer, et au centuple encore ! car le sort n’est qu’un usurier.
J’ai vu des lignes tirées par d’excellents maîtres qui étaient si délicates, que les filets des toiles d’araignées ne le sont pas d’avantage : mais ces autres lignes que je forme dans mon esprit sont toutes différentes de celles-ci, et ne sont nullement des images de celles qui sont sensibles à nos yeux. Et celui-là les connaît et les comprend, qui sans avoir nulle pensée d’aucun corps les connaît intérieurement en se les représentant dans son esprit.
JC, Passerelle des Arts, 1998,
Photographie noir et blanc,
Appareil à sténopé , périgraphie cylindrique,
temps d’exposition: 8s.
Guillaume Apollinaire,
Le pont Mirabeau,
Alcools.