La bile noire de Gertrude

 

 

 

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Détail du « sous-mains » de l’étagère-atelier du Capitaine

 

 

 

 

Parmi les humeurs, une place particulière revient à la bile noire, atrabile ou mélancolie, responsable par son excès de la dénaturation et de l’affection du même nom. Les attributs qui désignent la substance ont ici un pouvoir métaphorique tel qu’ils en viennent à se confondre avec ceux de la maladie dont ils sont la cause. L’atrabile est une humeur concentrée ; produit d’évaporation, elle a accumulé les propriétés térébrantes, corrosives et agressives de la bile jaune. Comme la maladie mélancolique, elle se consume d’elle-même. Noire, elle figure la tristesse du déprimé, la nuit qui l’entoure et la mort qu’il appelle de ses vœux. De toutes les humeurs, elle est la plus instable et passe soudain de la glace à l’ébullition.

 

Jean-Didier Vincent, Biologie des passions.

 

 

 

Le Capitaine exsude

et Gertrude exulte

depuis quatre ans et demi

 

 

 

Vol de Marguerite dans une nuit d’Os

 

 

 

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Il y a près de la mer des oiseaux que je ne connais pas. Ils passent très haut dans le ciel. Parfois ils descendent sur les rochers. Ils sont blancs comme le sel. On les aperçoit aussi qui se reposent sur leur ventre à la crête des vagues. Jamais on ne les voit de près. Ce sont des oiseaux de mer. Leurs cris sont plaintifs et lisses. La nuit, quand je ne dors pas, je crois les entendre, mais c’est le vent que j’entends.

 

Marguerite Duras, La vie tranquille.

 


Gertrude, quelle pomme!

 

 

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Pour les progrès à réaliser il n’y a que la nature, et l’œil s’éduque à son contact. Il devient concentrique à force de regarder et de travailler. Je veux dire que dans une orange, une pomme, une boule, une tête, il y a un point culminant ; et ce point est toujours – malgré le terrible effet : lumière et ombre, sensations colorantes – le plus rapproché de notre œil.

 

Paul Cézanne, Lettre à Émile Bernard, juillet 1904

 

 

 

 

 

 

Gertrude

est en ligne depuis trois ans et demi

Son ascension n’est pas terminée

 

 

Corps sang mémoire…

 

 

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JC, 1996, Bibelot, huile/toile, 35x50cm.

 

 

 

Arches de houles,

les bouches définies par le mirage

s’agrègent aux arêtes de la naissance.

 

Repos des brèches éblouies,

s’émeuvent les lambeaux caillés du vide,

dispersent le dilemme.

 

Socle du nombre,

gonfle l’encens des laves,

féconde la tige d’amertume

et la blancheur des lacs de chair et de démence.

 

Michel Leiris, Mots sans mémoire.