L’Os forte ou Gertrude la Mordue.


Douce comme le vernis
forte comme l’acide
avec une pointe de piquant
il n’y a que Gertrude
qui m’aille
Méfiez vous de
ce qu’on dit … ment

JC, février 2024, L’Os forte, plaque de zinc gravée et « trop » mordue à l’acide selon la technique de l’eau forte;
en attente d’impression (à suivre). 10 x 15cm
.

Gertrude, mordue de la Toile depuis seize ans et deux mois, a toujours la côte (de mailles).

Esprit anime Os.


Gertrude est un os un peu bête
non dénué d’esprit
un drôle d’oiseau
caparaçonné d’écailles
dont le profil à poils
se métamorphose
au gré
de la plume fantaisiste
d’une crâneuse

JC, janvier 2024, Esprit anime Os, gravure en taille douce sur rhénalon, impression sur papier aquarelle par Slama Press,
chaque épreuve: 15 x 20 cm.

Cela fait seize ans et un mois
que Gertrude
se la taille douce
sous carapace

 

Seize ans de blog, c’est grave.


JC, décembre 2023, taille douce sur rhenalon, 21 x 29 cm.

Rien de mieux que la gravure pour faire l’expérience de la patience et de l’humilité d’un travail sans cesse perfectionné, de l’attention au détail dans l’aveuglement de la matrice et la révélation de l’image, d’une attente suspendue à la maitrise et au hasard.

Seize ans que Gertrude joue de la distance, entre adhérence extrême à sa physionomie omniprésente et oubli de son essence mortelle.

Voici pourtant le moment où ne se faisant plus face, elle semble regarder ailleurs, au-delà de l’os.
Mais sa Nature Morte rode pourtant sous la carapace brillante de l’animal d’enfance sourd aux angoisses humaines. Le vide de ses méandres intracrâniens se diffracte dans chaque écaille que la pointe grave et l’éclat lisse du crâne ressurgit sous le brunissoir.

Seize ans, tout ce temps passé à réduire le temps dans un petit espace, la vanité en est toujours plus forte.

JC, décembre 2023, manière noire sur cuivre, 10 x 14 cm.

Gertrude la Grave
gravée à jamais
sur la Toile
depuis seize ans.

Devoirs de vacuité.

 

Ce trois septembre
la Crâneuse en grande vacance
se vide la tête
en remplissant des crânes.

Le problème du jour: 
Les bateaux ont-ils des pieds ?

JC, aout 2021,
Devoirs de vacuité,
crayons graphites sur papier, chaque élément 15 x 21 cm.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cela fait exactement treize ans et huit mois que Gertrude se fait un devoir d’être en état de vacuité sur les rives du Web.

Opacité des Os pas cités.

La Crâneuse cherche la lumière
et mesure ainsi
les degrés d’opacité de l’Os
sans véritablement lui donner forme
si ce n’est celle de l’écran
où G se profile en triple je(u) projeté
sans se bruler aux feu(e)s
ni perdre toute lucidité

Cela fait exactement treize ans et six mois
que le Capitaine de ce Blog
vous cache quelque chose
trois fois plutôt qu’une


JC, juin 2021, Écrans de Crâneuse, crayon de couleur et acrylique sur papier calque et calque millimétré, colle, structures en bois doré et métal d’anciens « écrans à main* ». Chaque élément: 18 x 43 cm.

*L’écran à main, loin d’être un éventail pour battre de l’air, est un accessoire datant du XVIIIème siècle qui permettait aux dames de protéger leurs beaux visages fardés de l’ardeur du feu de cheminée.

Âmistice

« C’est peut-être la dernière fois que vous me voyez. » disait-elle chaque fois.
Nous en plaisantions avec une tendre méchanceté et la vie devant nous.

Sauf que la dernière fois elle ne l’a pas dit.
Nous avons parlé voyages, évoqué le passé et les pays lointains. Ceux de ses traversées, ceux de mon enfance.
Je ne savais pas qu’elle était déjà en partance pour des horizons sans limites et un au-delà insondable.
Elle s’en est allée sans crier gare, sans crier « Gare à la mort ! ».


Une enfance de guerre en tête, elle s’était battue à vie, l’esprit lucide jusqu’à la fin.

Le 8 mai elle a rendu l’arme.
Âmistice.

JC, Petit ouvrage réalisé pour ma mère en 2013, resté dans sa chambre jusqu’à la fin de son voyage. Perle noire de Tahiti, perles en verre, fil et acrylique sur toile épinglée dans un cadre à papillon. 6 x 7 cm.

Cela fait exactement treize ans et cinq mois
que la Mère Gertrude vous aime
et Gertrude l’Amère fait très bien la Mort.

Ma mère photographiée par mon père en 1963 à Madagascar.

Les contre-vanités de Gertrude.

Gertrude serait-elle une contre-vanité ?
Avec sa tête en os et ses faux airs de tête de mort, est-elle la mieux placée pour nous alerter sur les futilités de ce bas-monde face au néant ?
Ce reste humain, initialement destiné à la Science, instrumentalisé dans une démarche pseudo artistique, ne serait-il pas un simulacre de « memento mori » un « souviens-toi » de « ça été » plutôt que de « ce qui sera », une esquisse grossière de figuration de la mort dans le refus obstiné de correspondre au stéréotype du crâne?
L’os, quel qu’il soit, est un constat figé, un arrêt sur image dans le processus de décomposition du corps, une étape après la chair, après la peau, après tout ce qui donne physionomie, après tout ce qui dégouline. Contempler son immobilité, sa minéralité, sa face aveugle et sans histoire, revient à se dispenser de toute digression sur le véritable travail de la mort, à s’aveugler sur la défaite en marche de l’être.

La vanité est ailleurs :
Elle est peut-être dans l’acte de peindre…
Elle est peut-être dans ce texte…
Elle est peut-être dans cette photographie…

Photographie numérique montrant l’atelier de JC.

Cela fait exactement douze ans et onze mois que Gertrude se la joue mortelle sur Internet.

Trois os aux confins.

En ce trois avril de mille vains
j’aurais pu encore une fois
tourner autour d’un Os vide
et inventer quelques jeux de maux laids
aux confins de tous les confinements
et des interprétations des Je confinés

J’ai préféré faire le tour de mes aîtres
et dessiner

Dessiner
c’est juste se concentrer
sur un simple dessein
sans que cela soit le Destin

Cela fait douze ans et trois mois
que Gertrude assure
la continuité Osmagogique
de la distanciation Osciale :
Restez chez vous!
Confinez-vous
dans la contemplation de l’os
Perdez-vous
dans son univers virtuel labyrinthique.

Dessins autour de mes êtres et des petits rien de mon jardin. Crayon, fusain, aquarelle

Gertrude au charbon.

Douze ans et deux mois
il est temps
de remettre l’Os au charbon

Photographie noir et blanc où nous voyons au premier plan, éparpillées sur une surface grise, quelques esquisses au fusain représentant le crâne Gertrude, trois crayons de fusain et une estompe. Au deuxième plan, posée sur la même surface à gauche, nous reconnaissons Gertrude vue de trois quart dos. Reflétant la face du crâne et une part de la silhouette de la crâneuse photographe ainsi que la porte fenêtre située derrière elle, source de lumière, la petite vitrine entrouverte dans laquelle Gertrude est rangée habituellement à l’abri de la poussière. Enfin à droite de l’image au fond, une autre porte fenêtre dont les vitres jouent également à refléter la lumière et dont la poignée en porcelaine rappelle une des industries traditionnelles du Limousin.

UNE et tri sans chair*.

Il y a de cela onze ans et dix mois
j’eus l’idée sans queue ni chair
(mais avec tête)
de faire de Gertrude
la plus traitresse des images*

Photographie numérique retravaillée en noir et blanc et recadrée, montrant une installation composée ainsi : Une chaise de l’ébéniste Michael Thonet vue de manière frontale, placée sur un plancher de bois brut et adossée à un mur de pierre blanchi à la chaux. Sur l’assise de la chaise est posé un crâne humain, celui de Gertrude, positionné de trois-quarts dos, et sur son dossier, face à nous est collée une feuille de papier blanc rectangulaire de format allongé et horizontal sur laquelle sont imprimés en majuscule et en police Arial taille 80 les mots « CONCEPT CHAIR »*. À gauche de la chaise, face à nous, est accrochée sur le mur l’impression sur papier glacé au format presque carré d’une photographie numérique couleur représentant le crâne de Gertrude dans la même position que le crâne posé sur la chaise. En bas de la photographie, et dépassant légèrement de chaque côté, est collée une bande de papier dessin blanc sur laquelle est tracée en lettres cursives au crayon à papier 6B la phrase « Ceci n’est pas un crane »* ; l’accent circonflexe sur le mot « crane » semble avoir été oublié, ou, s’il n’a pas été oublié, le terme joue alors de l’ambiguïté entre le mot « crâne » et le mot anglais « crane » qui signifie « grue ». À droite de la chaise, face à nous, est fixée au mur dans le sens horizontal une feuille de papier blanc rectangulaire sur laquelle est imprimé un texte concernant la place de Gertrude dans la pratique plastique de Juliette Charpentier. La première ligne est imprimée en police Arial taille 72, les suivantes sont de taille décroissante de 48 à 12, ce qui rend le texte peu lisible dans sa totalité. L’ensemble de l’installation ne paraît répondre à aucune rigueur mathématique : la ligne de séparation entre le plancher et le mur n’est pas horizontale, la chaise n’est pas vraiment parallèle au mur, le crâne est de travers, les feuilles de papier penchent.

 

*Encore quelques références capillotractées, même si Gertrude n’a pas un poil sur le caillou.