Dix-sept ans ou Gertrude la copiée-collée.

 

Cela fait exactement dix-sept ans que La Crâneuse fait ÇA* , qu’elle copie-colle toujours la même mais à chaque fois différente, et c’est si vain:


* Compilation en « copié-collé » des rappels de la présence de Gertrude sur le Web déclarée chaque trois du mois, d’avril 2008 (trois mois après le lancement du blog de Gertrude) à décembre 2024.

 

 


Aujourd’hui jeudi trois avril deux mille huit, cela fait exactement trois mois-lumière que le Vaisseau Gertrude a été lancé dans l’Espace Cybergalactique à la conquête de l’Inconnu. Aujourd’hui, cela fait exactement quatre mois que Gertrude est en ligne. Cela fait cinq mois que Gertrude vogue la Galère. SOWANA est en ligne depuis 10 ans GERTRUDE est en ligne depuis 6 mois. GERTRUDE A PRIS L’AMER DEPUIS SEPT MOIS. Gertrude a débarqué sur le Web depuis sept mois. CELA FAIT HUIT MOIS QUE GERTRUDE A COMMENCÉ SON VOYAGE. NOEUF MOIS DE BLOG POUR UN CRÂNE  Neuf mois de Blog! Le Blog de Gertrude: Dix mois de Construction à la Main. Onze  Points d’audience pour Onze  Mois de  Web. Ce blog a un an! Les douze Travaux de Gertrude: Douze galons pour le Capitaine dans sa petite Entreprise. Gertrude en ligne depuis treize mois: Depuis Treize mois Gertrude danse la Valse à 13 Points sur la Toile. Cela fait quatorze mois que Gertrude est avec vous. Cela fait quatorze mois que je rêve de vous. Cela fait quinze mois que Gertrude navigue par monts et merveilles. Gertrude goute au fruit de la Passion depuis quinze mois. Gertrude 42 mois de Web. GERTRUDE se plie en Trois pour fêter ses dix sept mois de Web. Cela fait dix-huit  mois que Gertrude a entamé sa délicate progression. Cela fait un an et demi que Gertrude compose avec la fragilité et taquine la rupture. 18 mois de propos décousus sur la brisée de nos fragiles interfaces. 18 Mois Temps Minimum pour un Crâne d’Oeuf à la Coque. Aujourd’hui, jeudi trois septembre deux mille neuf, cela fait exactement vingt mois que Gertrude est en ligne. Gertrude compte en ligne depuis vingt et un mois. Gertrude conte derrière son écran de verre depuis vingt et un mois. Gertrude se la raconte sur Internet depuis vingt et un mois. Cela fait vingt deux mois que Gertrude marche à contre-sens, tourne dans tous les sens, perd tout bon sens sur Internet. Cela fait vingt deux mois que les sens de Gertrude s’évaporent sur le Web. Cela fait vingt deux mois que les effluves de Gertrude s’entêtent en ligne. Cela fait exactement vingt trois mois que Gertrude est au bout de la ligne. Cela fait vingt trois mois que ce Crâne se prend pour un Hareng….Tant qu’il ne se prend pas pour du Lard… 
Aujourd’hui, cela fait exactement deux ans que Gertrude est en ligne et pêche les illusions sur la Toile. 2 ANS DE WEB GERTRUDE a-t-elle laissé son empreinte sur l’interface? Deux ans et un mois de Web:Il serait temps de faire l’inventaire avant d’inventer… … et de réfléchir à de nouvelles perspectives et… … et de passer à l’action. Aujourd’hui, trois mars deux mille dix, cela fait exactement deux ans et deux mois que Gertrude est en ligne. Je n’ai pas vu le temps passer… 2 ANS 2 MOIS DE WEB TOUJOURS RIEN GERTRUDE N’EST QU’UNE MACHINE À BROYER LE RIEN. 2 ans et 2 mois Le temps passe Gertrude passera. Seules les ombres… Deux ans et trois mois qu’elle file. Deux ans et trois mois que Gertrude surfile et surjoue… Trois mai deux mille dix: Deux ans et quatre mois de Web. Gertrude cultive ses liens depuis deux ans et cinq mois. Aujourd’hui cela fait deux ans et cinq mois que Gertrude se soigne aux miracles. Je d’Os pour trente mois de web.Trente jetons d’os pour trente Moi de jeu. Le Capitaine vous fait gober de l’Os depuis trente mois. Cela fait exactement deux ans et huit mois que Gertrude tisse des liens. 
Cela fait exactement trente trois mois que Gertrude voyage en ligne directe. Aujourd’hui, cela fait exactement deux ans et dix mois que le Capitaine fait voguer n’importe quelle planche pourrie à la surface d’Internet. Cela fait deux ans et dix mois que Gertrude est confortablement installée sur le Web. Deux ans et dix mois de Web: Le Capitaine vous livre l’étagère clés en mains. Sans faire trop cas d’Éros,cela fait deux ans et onze mois que Gertrude a fait le pari d’être Os de Paris en tête Capitale d’une dame de faire. Presque trois ans de web Gertrude va bientôt entamer son quatrième. Aujourd’hui, cela fait exactement trois ans que le Capitaine a commencé son voyage et lancé Gertrude sur les flots cyber. TROIS ANS DE TOILE C’EST TANT ET SI PEU. Cela fait trois ans, maintenant, que je suis partie à la recherche de fragments épars. Je ne reviendrai pas…Cela fait exactement trois ans et un mois que Gertrude est en ligne.Pour l’occasion, Gertrude Rose montre sa tête de cochon et  Gertrude Noire vous offre un verre. Cela fait exactement trois ans et un mois que Gertrude fait des petites cochonneries sur la Toile. Trois ans et un mois d’énergie sans se casser. Cela fait trois ans et deux mois que Gertrude est en ligne et le Capitaine n’a toujours pas mangé son chapeau. Cela fait trois ans et trois mois que Gertrude est en ligne et le spectacle continue.Tralala Tsoin Tsoin depuis trois ans et trois mois! Cela fait exactement trois ans et trois mois que Gertrude se mire dans son oubli. Depuis trois ans et quatre mois, je m’appelle Gertrude au gré des mots, mêlant mes souvenirs  au vide d’une boîte contenant tous les possibles. Je me joue de la fiction et joue la confusion, provocation que j’adresse à moi-même à travers mes lecteurs virtuels :leurs yeux sont autant de miroirs qui me renvoient à l’abime. Cela fait trois ans et cinq mois que Gertrude tient son petit cabaret. Cela fait trois ans et cinq mois que Gertrude se produit toute nue devant son public et danse dans sa petite boîte feutrée. Gertrude mène la revue et inventorie ses effets depuis trois ans et cinq mois. Cela fait trois ans et demi que Gertrude est en ligne.Commencerait-elle à s’encroûter? Cela fait trois ans et demi que Le Capitaine vous sert la soupe sur la Toile. Gertrude est en ligne depuis trois ans et demi. Son ascension n’est pas terminée. Gertrude est-elle là? La question se pose depuis trois ans et sept mois. Cela fait 44 mois que Gertrude est pendue à mes basques. 44 MOIS de web: À force de prendre du galon,Gertrude commence à faire tapisserie et frise la monotonie. Cela fait trois ans et neuf mois que Gertrude navigue vers un lieu qui n’existe pas. Juliette se marre depuis trois ans et neuf mois. Gertrude n’en finit pas de jouer les disparues. 3 ans, 9 mois de web. Gertrude: Trois ans et dix mois de web et pas une ride. Le coup de vieux c’est sur GERTRUDE 46 mois de web! 46 MOIS DE WEB ça ne nous rajeunit pas! Cela fait à présent trois ans et onze mois que Gertrude se cache dans un trou. Gertrude: Toujours plus depuis trois ans et onze mois. Cela fait trois ans et onze mois que GERTRUDE c’est trois fois RIEN. Quatre pompons pour Gertrude!Aujourd’hui cela fait exactement quatre ans que Gertrude est en ligne! Cela fait quatre ans que l’intrigue se noue sous la surface de l’Os. Cela fait quatre ans que Le Capitaine a plus d’un fil emmêlé dans le chapeau. Cela fait exactement quatre ans et un mois que Le Capitaine aligne les croix sur le calendrier de Gertrude et que les petits points font les grandes rencontres.Gertrude nous trame quelque chose depuis quatre ans et un mois. Cela fait quatre ans et un mois que GERTRUDE marche à l’ombre. Cela fait exactement quatre ans et deux mois que Gertrude est en ligne, et c’est toujours aussi … Magique. Cela fait quatre ans et deux mois que Gertrude est en ligne, et la performance ne fait que commencer! Mais le mystère reste entier… En attendant cela fait bien quatre fois quatre quarts plus un quart que GERTRUDE est en ligne et elle fait toujours des calculs absurdes. Quant à GERTRUDE cela fait quatre ans et trois mois qu’elle produit. Cela fait quatre ans et quatre mois que Gertrude se croit éphémère mais reste vivace. Cela fait exactement quatre ans et cinq mois que Gertrude est en ligne et ne sait pas à qui elle parle. Cela fait exactement quatre ans et cinq mois que Gertrude drague l’Inconnu en os trouble.Cela fait exactement quatre ans et cinq mois que pour Gertrude l’Inconnu c’est Ici et Maintenant. Cela fait quatre ans et six mois que Gertrude est en ligne et que le Capitaine, elle, s’acharne à paraître intelligente. Depuis quatre ans et demi Gertrude est coite dans sa boite et le Capitaine s’agite. Le Capitaine exsude et Gertrude exulte depuis quatre ans et demi. Cela fait quatre ans et sept mois que Gertrude a la tête Ailleurs. Cela fait quatre ans et sept mois que Gertrude paye de sa personne et que Le Capitaine lui rend la monnaie de sa pièce. Cela fait quatre ans et sept mois que la strombinette de Gertrude est sur Internet. Quatre ans et huit mois de Web cela vaut bien une petite case en plus.Quatre ans et huit mois que Gertrude parcourt Internet sur son petit vélo. Cela mérite bien de se regarder pédaler un peu en faisant des ronds dans l’Os. Cela fait quatre ans et huit mois que Le Capitaine contemple son image dans l’Os. Cela fait exactement quatre ans et neuf mois que Le Capitaine vous répète que Gertrude, c’est du l’Art. Cela fait exactement quatre ans et neuf mois que Gertrude fait le tour de son monde à la recherche de la route de l’Os. Si je compte bien,Gertrude a déjà quatre ans et neuf mois soit cinquante sept mois au compteur. Cela fait quatre ans et dix mois que Gertrude maquille son absence par des apparitions. Cela fait quatre ans et dix mois que Le Capitaine se fait suer à masquer la vérité. Gertrude soigne ses appâts rances depuis quatre ans et dix mois. Gertrude monte en chair depuis quatre ans et dix mois. Cela fait exactement quatre ans et onze mois que Gertrude pèse ses mots en buvant du Vain en bonne compagnie. Cela fait exactement quatre ans et onze mois que Gertrude tente de rassembler ses os sur la Toile. Quatre ans et onze mois que le Capitaine étudie les cas d’Os sur la Toile. GERTRUDE CINQ ANS DE WEB CARTON PLEIN! GERTRUDE CINQ ANS DE WEB Toujours autant de VIDE toujours plus de CAS D’OS. Gertrude: Cinq ans et un mois de web, cela lui laisse à peine le temps de se retourner; juste le temps de prendre la pose en cinq temps de pause entre cinq et sept sans mouvement. Cinq ans et un mois de web: Que de trrrrrrrous d’R ! Cela fait cinq ans et un mois que Gertrude navigue en chambre obscure comme un Poison dans l’Os. À force de bloguer l’horloge elle pourrait bien finir par se bloquer . Car cela fait bien cinq ans et deux mois qu’elle déblogue. Cela fait cinq ans et deux mois que la Crâneuse vous fait le coup de la Panne et vous ne savez toujours pas si c’est du l’Art ou du Cochon. Cela fait cinq ans et deux mois que la Crâneuse sue sang et eaux à conter les os s’emmêle les osselets à jouer aux os laids. Cinq ans et trois mois d’Os opéra: les nuits d’été vont être torrides! Cela fait exactement cinq ans et trois mois qu’une crâneuse styliste taille des costards à Gertrude, toujours avec des fleurs. Cela fait cinq ans et trois mois que Gertrude fait l’hiver et le beau temps sur les podiums d’Internet. Cinq ans et quatre mois de web : À force de crever l’écran, la femme sans tronc passe côté matériel pour crâner à l’Antitête. Cinq ans et quatre mois de web : Il ne s’agit pas d’aller se faire décapiter au pays des couteaux. Cinq ans et quatre mois de web : Gertrude est au pied du mur et il va bien falloir qu’elle s’expose. Cinq ans et cinq mois de Web cela vaut bien un interlude en pensées et un hommage à Marguerite. Cela fait cinq ans et cinq mois que Gertrude rythme les saisons de fil blanc et de pétales fanés. Cela fait cinq ans et cinq mois que Gertrude ne souhaite penser que ce que pensent les roses. Cela fait cinq ans et demi que le Capitaine parle à un crâne sur une île cernée d’os. Cela fait cinq ans et demi que la Crâneuse a les pieds dans l’os et la tête dans les nuages. Cela fait cinq ans et demi que Le Capitaine songe au fond. Cela fait cinq ans et sept mois que Gertrude consume la mort par les deux bouts. Cela fait cinq ans et sept mois que Feue Gertrude brule les planches. Cela fait cinq ans et sept mois que la Crâneuse va Os charbon. Cela fait cinq ans et huit mois que Gertrude se prend pour un coquillage et que j’écoute l’Os séant. Cela fait cinq ans et huit mois que Gertrude est embarquée dans un voyage immobile. Cela fait cinq ans et huit mois que Gertrude est en ligne, mais Gertrude et Gertrude Rose hésitent encore : Nature ou Culture ? Cinq ans et neuf mois d’Internet pourtant Gertrude n’est rien que la vague impression d’un os sur une peau virtuelle. Gertrude: 69 mois d’échantillonnages et de tergiversations autour du même motif. Cinq ans et neuf mois en virtuel beaucoup de noir de fumée pour si peu de Feue. Après cinq ans et dix mois de projections virtuelles Gertrude n’est encore que la mise en abîme des différents états de son étagère. Cinq ans et dix mois d’activités dominicales en ligne. Cinq ans et dix mois de Web: au fond on crâne un peu moins mais la peinture revient toujours à la surface. Cela fait exactement 71 mois que Gertrude est en ligne dans les bas-côtés du Rien et dans le rien des basses côtes. 71 mois que Gertrude est une histoire à suivre sans histoire. 71 mois que Gertrude est une histoire à survivre sans espoir. Aujourd’hui cela fait exactement six ans que Gertrude écoute le bruit du Web. Six ans que Gertrude fait tinter l’os ambigu aux oreilles de ses interlocuteurs. Six ans que Gertrude nous casse les oreilles avec ses os. Cela fait exactement six ans et un mois que Gertrude est au bout de votre Fil. Cela fait six ans et deux mois que j’ai ouvert ma boîte de nuit. Cela fait six ans et trois mois que Gertrude a fait le grand saut dans l’espace virtuel. Cela fait six ans et trois mois que Gertrude est une petite crânerie. Cela fait six ans et trois mois que Gertrude se donne les moyens d’en rire. Cela fait six ans et quatre mois qu’elle entretient une modeste peinture dans son étagère en rêvant de lui. Cela fait six ans et quatre mois que Gertrude se peint en peau alors qu’elle n’a que du pot sur les os. Cela fait six ans et quatre mois que Gertrude pète dans la soie et s’encroûte doucement. Cela fait six ans et cinq mois que Gertrude parcourt en Vain mille kilomètre de globe sans terre et sans bouger mais ses origines géographiques restent floues. Cela fait six ans et cinq mois que Gertrude s’adonne en public à ses péchés mignons (et ce n’est pas sans conséquences…). Cela fait six ans et cinq mois que Gertrude se bonifie dans le Vain. 6 ans et 6 mois de web Gertrude compte toujours sur le Neuf pour plier au carré les désordres de son étagère. Cela fait 6 ans et 6 mois que Gertrude vous reçoit cinq sur cinq de son étagère. Cela fait six ans et six mois que l’espace se remplit en vain. Six ans et sept mois, toujours plus loin, toujours plus fort. Cela fait six ans et sept mois que Gertrude bluffe en discourant. Cela fait six ans et sept mois que Gertrude avance doucement mais pas tout droit. Cela n’empêche pas que Gertrude est installée sur le Web depuis six ans et huit mois. La table est servie depuis six ans et huit mois. Comme d’habitude depuis six ans et huit mois. Cela fait six ans et neuf mois qu’il faut se méfier de l’os qui dort. Cela fait six ans et neuf mois qu’il faut se méfier de l’Os qui est mort. Cela fait six ans et neuf mois que la Crâneuse œuvre en toute transparence. Cela fait six ans et dix mois que Gertrude Ubu et boira encore le Vain du Web. Cela fait six ans et dix mois que Gertrude se trouve dans une situation virtuelle ubuesque. Cela fait six ans et dix mois que Gertrude est un puits de pâte à physique et mental. Cela fait six ans et onze mois que Gertrude met la Feue sur Internet. Cela fait six ans et onze mois que Gertrude vous emballe sur Internet. Cela fait six ans et onze mois que Gertrude fait la cloche sur Internet. Sept ans en ligne ou broyer du noir caca os à 77%. Sept ans à briller en appât rance! Sept ans de Web cela vaut bien une médaille en choc Os-là. Gertrude est morte dans tous les sens sans saigner et vous le savez depuis sept ans et un mois. Cela fait sept ans et un mois que sang et sens tentent de couler dans l’os. Sept ans et un mois de creux. Cela fait sept ans et deux mois que Gertrude est en ligne et qu’elle vous parle dans un petit écran. Serait-elle branchée ? Cela fait sept ans et deux mois que Gertrude se prend pour un exosquelette et qu’elle trémousse ses os sur Internet. Serait-elle le crâne le plus exotique de la blogosphère ? Cela fait sept ans et deux mois que Gertrude cherche son faire à trépasser sur Internet ce qui lui donne un petit air froissé. Cela fait sept ans et trois mois que Gertrude est tenue en haleine. Cela fait sept ans et trois mois que Gertrude respire le hasard en conserve. Cela fait sept ans et trois mois que Gertrude hume le vain qui souffle dans les plumes. Gertrude est en ligne depuis sept ans et quatre mois, ses contours sont de plus en plus imprécis et sa ligne de conduite de plus en plus improbable. L’incertitude du crâne connaît-elle des limites ? Je/G suis sur Internet depuis sept ans et quatre mois Gertrude loin d’être essorée continue à essuyer les plâtres de ses facéties. Mais que compte-t-elle éponger ainsi si ce n’est envoyer sa since de manière anecdotique ? Depuis sept ans et quatre mois la Crâneuse montre son pouvoir de tout faire y compris s’abstraire de la réalité de manière plus ou moins lyrique. Cela fait sept ans et cinq mois que la Crâneuse tend le cou pour comprendre mais ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Cela fait sept ans et cinq mois que la Crâneuse a atteint le fond mais creuse encore. Cela fait sept ans et cinq mois que la Crâneuse hésite entre surface et profondeur. Cela fait sept ans et demi que Gertrude vous fait croire qu’elle est éveillée. Cela fait sept ans et demi que Gertrude bavarde. Cela fait sept ans et demi que Gertrude est d’ores et déjà hic et nunc. Cela fait maintenant sept ans et sept mois que la Crâneuse écrit çà et là en cet espace. Cela fait sept ans et sept mois que l’ouvrage de la Crâneuse est sur le métier. Cela fait sept ans et sept mois que la Crâneuse prend Gertrude comme prétexte pour faire exception. Cela fait sept ans et huit mois que la Crâneuse fume de l’os pour produire de la cendre. Cela fait sept ans et huit mois que Gertrude se prend pour une Rose. Cela fait sept ans et huit mois que la Crâneuse conte sans compter et que Gertrude compte sans conter. Gertrude a sept ans et neuf Moi(s) Connait-elle pour autant son abécédaire? Cela fait sept ans et neuf mois que la Crâneuse rajoute le détail qui tue à ses ouvrages à l’Os de Rose. Cela fait sept et neuf mois que la Crâneuse tente d’accoucher de Gertrude. Elle n’a fait jusqu’ici que perdre les Os. Cela fait sept ans et dix mois que la Crâneuse marque le trousse Os et que Gertrude communique en 3 G. Cela fait sept ans et dix mois que Gertrude en jette sur la Toile. Cela fait sept ans et dix mois que G l’Os et J la Crâneuse suent la peinture et marquent la Toile sur le lin seul même. Cela fait sept ans et onze mois que la crâneuse joue de l’aiguille et du couteau sur Internet. Cela fait sept ans et onze mois que Gertrude rose vous rase gratis sur la Toile. Cela fait sept ans et onze mois que J et G s’emmêlent les pinceaux dans le chiffon. Cela fait huit ans que J et G s’envoient dans le grand huit du virtuel en faisant les trois-huit. Cela fait huit ans que la Crâneuse et Gertrude tatouent le derme artificiel du virtuel en circuit fermé. Cela fait huit ans que la Crâneuse capte la lumière de l’Os de manière archaïque pour la diffuser en high-tech. Cela fait huit ans et un mois que la Crâneuse vous fait sur la Toile un authentique cOsmetic Cinéma pour éviter de sacrifier au Web la peau et les os sales de sa propre face sans fard. Cela fait huit ans et un mois que la Crâneuse superpose le fard au lard dans cette histoire d’os. Cela fait huit ans et un mois que la Crâneuse tente d’inscrire en trois dimensions l’Inconnue de la quatrième dimension. Voici bien longtemps que la Crâneuse souffre d’Outre Pictural Psoriasis et que l’identification de l’Os la pèle. Elle est en crise de démangeaison depuis huit ans et deux mois. Cela fait huit ans et deux mois que Gertrude s’encroute sur Internet. Cela fait huit ans et deux mois que la Crâneuse cache l’Os naturel sous le vernis culturel. Gertrude en est toute pétée des airs (ptdr) Car cela fait huit ans et trois mois qu’elle digère en vain sur Internet. Cela fait huit ans et trois mois que l’état géré des étagères de la Crâneuse laisse à désirer. Cela fait huit ans et trois mois que la Crâneuse affiche ses photos sur Internet. Après bientôt huit ans et demi de locations bon marché chez des logeurs improbables votre Crâneuse Juliette Charpentier s’offre un Domaine et met ses trois Os dans le même bateau. Par exemple aujourd’hui c’est Gertrude (la Seule, l’Unique, la Vraie) qui a le privilège de vous parler pour la première fois dans ce nouvel espace et de vous signaler que cela fait exactement huit ans et quatre mois qu’elle s’exprime sur Internet. Cela fait huit ans et cinq mois que son nom est inscrit en lettres d’Os sur Internet et ce n’est pas fini. Cela fait exactement huit ans et demi que la Crâneuse ne sait plus où donner de la tête pour retrouver la mémoire d’un crâne vide. Cela fait huit ans et sept mois que Gertrude vous raconte des histoires. La Crâneuse tente de recoller les morceaux depuis huit ans et huit mois. Cela fait huit ans et neuf mois que Gertrude tranche sur la Toile. Cela fait huit ans et neuf mois que Gertrude nuit sur la Toile et que la Crâneuse ajoure les toiles. Cela fait huit ans et neuf mois : Des p’tits trous, toujours des p’tits trous ! Cela fait huit ans et dix mois que Gertrude compose avec ou sans la Toile. Cela fait huit ans et onze mois que Gertrude joue et se joue de la disparition dans cet espace virtuel. Cela fait neuf ans que Gertrude engrange sans ranger, mais que devient j’erre Trude ? Cela fait exactement neuf ans et un mois que Gertrude vous parle de ses dessous sans toucher un seul sou. Cela fait neuf ans et deux mois que Juliette et Gertrude s’embrouillent tout en mesurant l’écart de leurs profils. Cela fait neuf ans et trois mois que Gertrude fuit en vous souhaitant le bon soir. Cela fait neuf ans et quatre mois que Gertrude bat la campagne et assume l’inconsistance de son discours sur la vacuité de son programme. Voici neuf ans et cinq mois, je créai un blog, autrement dit une sorte de journal intime absurde en ligne sur internet, potentiellement au vu et au su de tous. Cela fait exactement neuf ans et six mois que Gertrude vous fait croire à son incarnation et que personne n’est dupe. Cela fait exactement neuf ans et sept mois que Gertrude montre son meilleur profil en vous laissant croire qu’il est différent chaque jour, même si… Cela fait exactement neuf ans et huit mois que l’Os est systématique mais pas automatique. Neuf ans et neuf mois de toile et d’écriture: Gertrude est toujours aussi IN-TEXTRICABLE. Cela fait neuf ans et dix mois que Gertrude roule, s’enroule, déroule mais n’amasse pas d’os. Cela fait exactement neuf ans et onze mois que la Crâneuse accommode  les restes en salades et que Gertrude reste. Gertrude en dix ans, c’est 947 articles et 19518 commentaires. Ou dix ans de performances absorbatives d’une Crâneuse-éponge qui n’amasse pas mousse face à ses admirateurs virtuels absorbés. Aujourd’hui le blog de Gertrude a dix ans. Mais dix cela reste vain. Cela fait dix ans et un mois que La Crâneuse cherche à exposer sérieusement ce qui n’est pas sérieux. Cela fait dix ans et deux mois que Gertrude a toute l’éternité pour être éphémère. Cela fait dix ans et trois mois que la Crâneuse brode à tort et à travers dans un petit cercle gertrudien mais reste protocolaire dans son pré carré. Cela fait dix ans et quatre mois que Juliette va vite, très vite et que Gertrude traine, mais traine. Cela fait dix ans et cinq mois que la Crâneuse Gertrule les mouches.Mais quelle mouche la pique ? Et que c’est vain ! Cela fait dix ans et six mois 
que Gertrude joue sans respecter les règles mais avec stratégie. Cela fait exactement dix ans et sept mois que Gertrude fait des bulles à la surface de la Toile. Cela fait exactement dix ans et huit mois que Gertrude reste simple dans les situations compliquées. La Crâneuse attend depuis dix ans et neuf mois. Gertrude reste tant danse. Cela fait exactement dix ans et dix mois que la Crâneuse s’y retrouve grâce à Gertrude. Cela fait dix ans et onze mois que Gertrude reste branchée malgré son air détaché. Onze ans et Gertrude est dans la caisse n°11. Rien n’était prévu mais rien ne sera laissé au hasard. Cela fait à présent onze ans et un mois que La Capitaine Crâneuse navigue à vue dans d’obscurs projets pour trouver enfin l’idée lumineuse qui rassemblera de manière cohérente les moyens du bord de l’Os. Déjà onze ans et deux mois de Je de cache-cache Os-tensibles. Cela fait exactement onze ans et trois mois que la Crâneuse brode autour du vide et que Gertrude remplit l’espace pour mieux révéler sa vacuité. Cela fait exactement onze ans et quatre mois que Gertrude est en chantier et que La Crâneuse fait de la réalité une fiction et de la fiction une réalité. Cela fait exactement onze ans et cinq mois que Gertrude s’échange à l’œil. Cela fait exactement onze ans et six mois que Gertrude cultive l’illusion sur la Toile. cela fait onze ans et sept mois que s’il n’y a plus grand chose de naturel, chaque petite chose est Gertrude. N’oubliez pas que Gertrude perfuse en ces lieux un peu de vanité virtuelle depuis onze ans et huit mois. Cela fait onze ans et neuf mois que Juliette crâne à dessein sur le Web. Il y a de cela onze ans et dix mois j’eus l’idée sans queue ni chair (mais avec tête) de faire de Gertrude la plus traitresse des images. Cela fait exactement onze ans et onze mois que GertrudeS est la perle baroque de ma pratique. Cela fait exactement onze ans et onze mois que GertrudeS est une goutte d’os dans l’océan du Web. (Janvier 2020) Cela fait douze ans que Gertrude flirte avec le grand Web et file une parfaite histoire d’Os sur la Toile. Cela fait douze ans et un mois que la Crâneuse a attrapé le GertrudavirOs. Elle se soigne mais c’est un syndrome crânique. Douze ans et deux mois il est temps de remettre l’Os au charbon. Cela fait douze ans et trois mois que Gertrude assure la continuité Osmagogique de la distanciation Osciale. cela fait douze ans et quatre mois que la Crâneuse aimerait croire que les vieux chiffons sales sont de somptueux tissus, que les salissures font de belles peintures, que les supports fragiles sont éternels, que les reprisages sont de jolies broderies, que les fleurs fanées sont bien plus émouvantes, que les bouts de ficelles sont des solutions à tous les problèmes, que les activités futiles sont urgence vitale, que ses piètres réalisations sont des objets utiles, que Gertrude n’est pas une tête de mort, que même si rien n’était prévu, rien ne sera laissé au hasard. Cela fait maintenant douze ans et cinq mois que la boite crânienne de Gertrude est du miracle en conserve. Cela fait douze ans et six mois que Gertrude s’invite gratis sur le Web. Cela fait douze ans et sept mois que la Crâneuse, elle, a bien les pieds sur terre et un Os-l’a-vendu-project derrière la tête. Cela fait exactement douze ans et huit mois que Gertrude c’est du Vain du BON du BONNET (d’âne). Cela fait exactement douze ans et neuf mois que Gertrude vous gratte la plante afin que vous vous sentiez encore vivants. Cela fait exactement douze ans et dix mois que Gertrude se plaint du vide en vidant son plein sur la Toile. Cela fait exactement douze ans et onze mois que Gertrude se la joue mortelle sur Internet. Voici treize ans exactement, je créai ce blog dont l’objet central est un crâne, Gertrude, que j’ai acquis lors de mes études à l’école des Beaux-Arts, il y a une quarantaine d’année. Cela fait à présent treize ans et un mois que Gertrude vous mobilise le cerveau sans pour autant exclure quelques pas de côté. Cela fait maintenant treize ans et deux mois qu’ici en deçà et au-delà rien n’était prévu mais rien ne sera laissé au hasard (ou presque). Cela fait exactement treize ans et trois mois que Gertrude garde la Toile en tension avec ses fausses clés absurdes. Cela fait treize ans et quatre mois que la Crâneuse s’exerce à l’Horror vacui en remplissant le Rien de Vain. Cela fait exactement treize ans et cinq mois que la Mère Gertrude vous aime et Gertrude l’Amère fait très bien la Mort. Cela fait exactement treize ans et six mois que le Capitaine de ce Blog vous cache quelque chose trois fois plutôt qu’une. Contemplez Gertrude… C’est déjà ce que vous faites depuis ces treize ans et sept mois d’arrêt sur l’image. Cela fait exactement treize ans et huit mois que Gertrude se fait un devoir d’être en état de vacuité sur les rives du Web. Et si la Crâneuse alias le Capitaine ne faisait que crâner depuis treize ans et neuf mois? Gertrude cherche ses limites depuis maintenant treize ans et dix mois. Cela fait treize ans et onze mois que Gertrude tourne autour de l’os, broie du vain, fait mousser les mises en bière, et enfarine la Toile. Gertrude a maintenant quatorze ans en latence entre enfance et obsolescence intermédiaire ad Os les sens du Terme. Cela fait exactement quatorze ans et un mois que Gertrude est enfermée dans cette boite virtuelle et que deux réalités s’y superposent. Cela fait exactement quatorze ans et deux mois que Gertrude s’expose et s’impose sans imploser derrière la vitre de votre écran. (Enfin je suppose…). Gertrude est-elle vraiment vivante au bout de quatorze ans et trois mois? Cela fait quatorze ans et quatre mois que Gertrude collectionne les objets à l’haleine feutrée et les doudous en mère in Os. Malgré 
sa physionomie passionnante Gertrude n’est pas un modèle à suivre mais cela fait exactement quatorze ans et cinq mois qu’elle vous poursuit sur la Toile. À suivre… Cela fait exactement quatorze ans et six mois que Gertrude se tamponne tout et le toutim sur la Toile qu’elle soit tête ou tatou. Un coup de dés jamais n’abolira Gertrude et ce depuis quatorze ans et sept mois. Cela fait exactement quatorze ans et huit mois que ce crâne vous fait la leçon bande de cancres ! Cela fait exactement quatorze ans et neuf mois que Gertrude la bien conservée et grande conservatrice des collections du n’importe quoi, converse de ses droits et de ses devoirs. Cela fait exactement quatorze ans et dix mois que dans ce blog ça crâne avec os et gaz à tous les étages. Cela fait quatorze ans et onze mois que Gertrude marche sur la Toile avec ou sans les pieds. En pleine crise d’Acmé Gertrude la Belle Boutonneuse Os ingrat adulé mais pas adulte fête ses quinze ans sur la Toile. Aujourd’hui trois février deux mille vingt trois cela fait exactement quinze ans et un mois que Gertrude a toujours le temps de vous consacrer du temps. Cela fait exactement quinze ans et deux mois que Gertrude lève le doigt pour prendre la parole… en vain (et pour cause… un vain vaut mieux que doigt tu l’auras). Gertrude la Belle Plombière 
vous refile le tuyau depuis quinze ans et trois mois sans se défiler. Son message : économisez l’Os ! Cela fait exactement quinze ans et quatre mois que ça bouge chez Gertrude mais que c’est toujours là. Cela fait exactement quinze ans et cinq mois qu’il y a du dessein dans le dessin et du dessin dans les desseins du Cas Os. Cela fait exactement quinze ans et six mois que l’espace défini et virtuel de Gertrude fait écran à la vraie vie tout en nous livrant quelques indices du réel. Cela fait exactement quinze ans et sept mois que Gertrude cuisine et que vous dégustez. Gertrude est en ligne depuis quinze ans et huit mois. Gertrude est en ligne depuis quinze ans et neuf mois. La bonne aventure de Gertrude sur Internet dure depuis quinze ans et dix mois. Cela fait exactement quinze ans et onze mois que Gertrude est en ligne et que l’Art c’est son DADA! Gertrude la Grave 
gravée à jamais sur la Toile depuis seize ans. Cela fait seize ans et un mois que Gertrude se la taille douce sous carapace. Gertrude, mordue de la Toile depuis seize ans et deux mois, a toujours la côte (de mailles). Cela fait seize ans et trois mois que Gertrude fait sa lessive sur la Toile. Cela fait seize ans et quatre mois que Gertrude jette l’encre en attendant que ça morde. Cela fait exactement seize ans et cinq mois que Gertrude est contre tout. Cela fait exactement seize ans et six mois que Gertrude vous sert un petit verre de vain sur le zinc. Cela fait seize ans et sept mois que Gertrude organise son chaos sur la Toile. Cela fait seize ans et huit mois que Le Capitaine trimbale Gertrude dans la cale basse de son rafiot. Cela fait seize ans et neuf mois que Gertrude se distingue sur la Toile. Cela fait exactement seize ans et dix mois que Gertrude est le treizième signe des Toiles. Cela fait exactement seize ans et onze mois que Gertrude est en ligne, ça tombe bien.

Recyclage d’une petite vidéo « Play again » réalisée en 2011.

Résolution en cette nouvelle année:
Très bientôt la publication et réactualisation des cinq chapitres du Jeu de la Vérité, dans le désordre évidemment.
Restez en ligne!

La « Battle » d’arts plastiques. Exception au Capitaine n°17.


Cet article à quatre mains vous raconte l’histoire de ce que j’ai décidé d’appeler « La Battle* d’arts plastiques » c’est à dire les échanges plasticiens que nous avons instaurés Céline H. dite « La Professeure H. » et moi-même depuis près de deux ans et dont vous avez pu voir les indices dans ce blog.
(*Battle est un terme qui m’a été suggérée par une amie et qui me semble convenir, en même temps échange, confrontation artistique et amicale avec une petite notion de défi.)

Il comprend deux textes que nous avons écrits chacune de notre côté sans aucune concertation si ce n’est la consigne d’expliquer cette aventure. 
Au fil de votre lecture, vous pourrez également consulter une page de photographies des réalisations et textes produits tels que nous avons pu les recevoir dans ce cadre et dont voici le lien:

Images de la « Battle »

 

Le texte de Juliette Charpentier:

Saint Antoine le Tout-trouvé ou le Jamais-Perdu: Histoire d’un échange plasticien entre deux professeurs d’arts plastiques.

Objectivement:

Depuis juillet 2022, deux professeures agrégées d’arts plastiques, l’une résidant en région parisienne et enseignant à l’université à Paris, l’autre retraitée et résidant en Corrèze s’échangent « sujets » et réalisations d’arts plastiques par envois postaux. C’est une expérience toujours en cours que certains pourraient qualifier de potache, d’autres de surréaliste ou duchampienne.

Subjectivement:

Tout est parti d’un petit post-it placé au pied d’un cierge dédié à Saint Antoine de Padoue, un cierge géant que j’ai acquis il y a quelques années: Une demande de ma collègue et amie Céline H. pour la réussite de son fils à un examen. 
Avec Céline H. nous nous connaissons depuis plus de vingt ans. Notre rencontre date d’un stage de formation continue en arts plastiques de l’Académie de Créteil sous forme de réunions mensuelles d’échange de pratiques, plutôt échange de plaintes et petites joies, de pleurs et de rires de la part d’enseignants souvent seuls dans leur discipline au sein de leurs établissements. Ce genre de formation, surement jugée peu rentable, a disparu depuis longtemps du PAF (Plan de Formation Continu) mais a eu l’avantage de créer du lien dans notre petite communauté d’enseignants d’une discipline décalée, incomprise et déconsidérée.

Ce sont probablement dans ces moments de partage qu’est née notre complicité pédagogique et amicale qui nous a amenées à travailler ensemble, concevoir des formations pour nos pairs, les animer, partager nos points de vue et nos valeurs sur notre métier et au final construire un solide édifice de références communes dans un accord parfait sur les objectifs de nos actions. Tout cela avec rigueur mais également avec l’humour et la distance qu’exige toute posture critique, sans se priver de « dire du mal » de tout ce qui le méritait avec la devise proclamée et assumée: « Dire du mal ça fait du bien. »

Donc: un petit post-it à Saint Antoine, saint que je prétends plus ou moins sérieusement cultiver, notre esprit facétieux ainsi que notre admiration pour Marcel Duchamp et son œuvre, sans oublier les préceptes d’un certain AD pour parfaire notre Panthéon, il n’en fallait pas plus pour mettre en route une Broyeuse de chocolat.

J’acceptai avec enthousiasme de dire une petite prière à mon saint préféré et accompagnai ce service pour Céline H. et son fils d’une incitation: « Pour la peine, tu réciteras trois patères et deux navets. ».
La suite ne se fit pas attendre, je reçus dans ma boite aux lettres un petit colis contenant trois patères et deux navets miniatures réalisés en pâte durcissante.

À la même époque, je venais de découvrir, grâce à une amie corrézienne, une nouvelle technique enthousiasmante, la laine feutrée à l’aiguille permettant de fabriquer de petits sujets doux et duveteux, habituellement des petites bêtes, ours, chats ou écureuils poilus; je fabriquai frénétiquement crâne, os, dents, étrons et toutes sortes d’objets improbables et me hâtai de partager cette expérience avec Céline H. de passage en Corrèze; entre autres expérimentations picturales à partir d’un tatou empaillé dont je venais d’hériter, tatou qui tiendra une bonne place dans notre aventure, il résulta du feutrage de laine un petit animal non identifié qui se retrouvera plus tard laissé en offrande au saint local d’une île de l’Océan Indien.

Je ne sais plus si c’était avant ou après ce séjour que j’envoyai à Céline H. un kit de feutrage à l’aiguille mais ce fut le point de départ d’un rituel d’échange entre nous, de réalisations plastiques à partir de « sujets » (je reviendrai sur cette notion de « sujet ») que nous nous donnions mutuellement.


Céline H., en vacances en Bretagne, confectionna à l’aide de son kit de feutrage un tatou « Bernard l’ermite » en laine, présenté dans une véritable coquille de bulot géant ayant fait l’objet de multiples péripéties de recherche, cuisson, dégustation et nettoyage pour le débarrasser de ses caractéristiques odorantes de fruit de mer. Je reçus par la Poste le « Tatou l’ermite » dans son bulot accompagné d’un petit texte astucieux et d’une incitation à poursuivre l’échange: « À partir d’une coquille. ».

Je partais justement au bord de la mer du Bassin d’Arcachon. Nous étions au mois de septembre, privilège des retraités. Hormis quelques coquillages et os de seiche, je ramassai sur la plage différents objets, petits déchets plastiques et « coquilles » d’activités humaines. Selon mes préoccupations du moment , je transformai mes trouvailles en « Tatous faits de tout » et à mesure que j’assemblais ces éléments hétéroclites pour en former des « tatous », les mots me venaient comme pour enrichir mes réalisations de sens nouveaux, dans une sorte de va-et-vient polysémique donnant du jeu aux objets et au texte.

À partir du « Tatou l’ermite » de Céline H. et de mes « Tatous faits de tout », un protocole de « jeu » plastique et textuel, où objets et mots se répondaient dans une grande proximité, s’instaura dans nos échanges; les réalisations s’accompagnant obligatoirement de textes complexes en résonance avec la production plastique, bourrés de jeu de mots, de références, de privates jokes issus de notre terrain commun d’expériences et déployant un éventail infini de rebondissements sémantiques.
Le tout ouvrant obligatoirement sur un nouveau « sujet », articulation à la « marabout-bout de ficelle », donné pour une nouvelle réalisation; sachant que le principe de « sujet » est quelque chose que nous n’avons cessé de contester dans notre pratique pédagogique lui préférant toujours ceux « d’incitation » et de « consignes »: ces derniers induisant l’ouverture nécessaire à une création singulière, contrairement au « sujet » qui serait de l’ordre de la vision du professeur vers une réponse attendue. 
Donc, ici, des « sujets » de plus en plus farfelus, véritable ironie de pratiques pédagogiques douteuses mais aussi défis donnés à l’autre de prouver qu’il est toujours possible de faire quelque chose à partir de n’importe quoi.

Faisant suite aux « Tatous faits de tout » et en relation avec la période automnale, je donnai comme « sujet » à Céline H. : « Tatou prévu pour l’hiver? ».
Céline H. En vacances de Toussaint profita d’un voyage en Hollande (décidément les notions de vacances et voyage prenaient là aussi leur place) pour fabriquer et m’envoyer sa réponse: Je reçus un petite sabot hollandais en porcelaine blanche et bleue, souvenir consacré des Pays-Bas au même titre que le Gouda, occupé, tel un bulot d’un « bernard », par une sorte de guêtre en tissu noir ceinturée d’un ruban tricolore , elle même contenant un petit parchemin en papier de soie roulé comprenant un dessin à la plume le tout accompagné d’un texte duchampien et de quelques blagounettes hollandaises. Je découvris le nouveau sujet: « Ça lui fait une belle jambe. »

C’était l’hiver, le temps des décorations de Noël et des chaussettes. L’idée de «belle jambe » m’évoqua curieusement les petites socquettes blanches que nous devions porter dans des sandalettes ma sœur et moi quand nous étions bien habillées en vacances en France. Des accessoires dont la seule fonction devait être celle d’enjoliver nos gambettes brunes et nos pieds habituellement nus sur le sol malgache.
J’enfermai donc dans une paire de socquettes de fillette, dont je fis l’acquisition non sans quelque sentiment honteux, un crâne et un tatou en laine, mes deux obsessions, puis rajoutai des petites queues et des étiquettes. Là aussi je jouai autant de l’aiguille que des mots, la réalisation et le texte suivant la même logique. J’envoyai ma production à Céline H. avec un nouveau « sujet »: « Des hauts et des bas. ».
C’était déjà Noël et Céline H. accrocha les socquettes dans son sapin, chose que je n’avais pas prévue: grâce aux guirlandes lumineuses, tatou et crâne de laine, pourtant cachés dans les socquettes, firent une apparition fantomatique dans une vision inédite.

C’est de nouveau en vacances et en voyage, cette fois sur l’île de La Réunion, que Céline H. composa à partir du nouveau « sujet ». Quand je reçus sa réalisation toujours accompagnée de texte, je mesurai à quel point notre jeu, ainsi que les éléments plastiques et écrits qu’il générait, gagnaient en richesse et complexité. J’eus le sentiment que tout en gardant sa part ludique, nous étions en train de construire une œuvre commune avec rigueur, lui donnant un cadre et des règles en l’approfondissant un peu à chaque fois.
L’objet réalisé par Céline H. était un assemblage de divers éléments et demandait de la part du spectateur plusieurs points de vue: ainsi, latéralement ou frontalement on percevait une petite tortue en raphia (pour moi une vraie évocation de Madagascar, pays de mon enfance, la grande île aux tortues et au travail du raphia) hérissée de sortes de jambes de corail. Et dans une vision surplombante, on découvrait sur le dos de la tortue, un squelette, les jambes en l’air dans une posture quelque peu provocante. Contrairement à ce qui était dit dans le texte, cela ne pouvait pas être Gertrude, cette dernière étant dénuée de membres et de mauvaises intentions… Passons…
L’ensemble comprenait évidemment du texte, en particulier une chanson sur les hôtesses de l’air, intitulée pour l’occasion « Le rêve de Gertrude », révélant une vraie prise en compte du sujet donné et contenant, telle une poupée gigogne, le nouveau « sujet » qui m’était destiné: « Tenez-vous par l’index. ».

Pour ce « sujet », je convoquai index, indexation, tous mes doigts jusqu’au bout des ongles, et réunis ce fatras nomenclatural dans une sorte de tableau en bois évoquant les panneaux d’affichage si chers aux administrations, avec, pendu à un crochet, l’index de tous les éléments. Le dos caché du panneau comprenant, entre autres, des indices du nouveau « sujet » « Pendu à la langue.».

De la pendaison à la potence, il y avait une logique et c’est sans surprise qu’il me parvint une langue (fausse bien sûr, réalisée en pâte durcissante) pendue à une potence graduée en bois, une langue bien rose (que j’aurais pu prendre pour autre chose avec mon esprit mal tourné), en deux parties, renfermant une clé USB. Et dans la clé USB, la vidéo d’une performance que nous ne publierons pas ici par égard pour Céline H. qui pourrait perdre toute crédibilité auprès de ses étudiants et surtout s’attirer la vindicte de ses collègues enseignants-artistes à qui elle ferait de l’ombre. Toujours est-il que cette performance était tout à fait éclairante quant au nouveau « sujet » qui m’était destiné: « On se refile le tuyau. ».

Avant d’aborder ce « sujet », je tiens à préciser que dans cette dernière réalisation de Céline H. accompagnée d’un texte ou plutôt d’une recette « L’abat rouge sauce piquante », le jeu des mots prenait une forme plastique dans la plus pure tradition de l’objet surréaliste, la réalisation plastique et le texte n’étant plus seulement dans un accompagnement mutuel mais en symbiose ou en fusion au point de créer un objet-calembour.  Il me semble qu’à partir de là nous franchissions une étape dans notre expérience en ce qui concerne l’élaboration de nos productions de plus en plus soignées et l’adéquation de ces dernières et des caractéristiques plastiques mises en jeu à une prise en compte du « sujet » souvent inattendue et surprenante déclinée en plusieurs niveaux de sens.

C’est dans cet ordre d’idée que je m’emparai du nouveau « sujet »: « On se refile le tuyau. » car « se refiler le tuyau » était bien ce que nous faisions dans nos échanges, une sorte de relais que nous nous passions d’une réalisation à une autre, chacune faisant allusion à la précédente. De tuyau, j’imaginai un pipe-line qui, dans un futur proche ou lointain deviendrait, suite à une sécheresse radicale, un tombeau digne des pyramides avec momies et trésor, trésor que je scrutai à la loupe dans une version agrandie et dans lequel, outre un précieux tuyau en cuivre, se trouvaient divers éléments dont un intrus, un bouchon en liège portant une inscription: le nouveau « sujet »: « Pousser le bouchon. ».

Je reçus en échange un magnifique « Pousse-tire-bouchon » ou « Pouce-tire-bouchon » qui me parut être le digne frère de la « langue pendue », car là-aussi, comme dans la tortue réunionnaise et la potence, haut et bas étaient concernés avec les actions opposées et contraires que cela impliquait. Le pousse-tire-bouchon, composé d’un vrai tire-bouchon et d’une représentation de pouce (opposé) joliment modelé, était un objet à la fois simple et complexe d’une redoutable efficacité évocatrice, un vrai déboucheur (mal embouché) de jeux de mots, un parfait « objet paradoxal » comme le désignait Céline H.
Accompagnant cette réalisation, se trouvait un « cadeau » pour la Crâneuse que je suis, une affichette d’une représentation d’Hamlet rebaptisée « Crânelette » dont Gertrude serait la vedette, affichette comportant à son verso la fortune critique de ce spectacle fantasmé. Je vous laisse en découvrir la teneur et l’inénarrable richesse inventive dans la page consacrée (lien au début de l’article).
Le nouveau « sujet », quant à lui, était caché dans une petite boite métallique d’origine bretonne sous la forme d’une gaufre emballée dans de la cellophane et provenant de la ville de Liège (encore un souvenir de voyage). Car le concept de tire-bouchon ne va pas nous en faire oublier la raison, autrement dit le bouchon qui pour être digne de ce nom doit être en liège sans obligatoirement provenir de Liège. 

Liège, la Belgique c’est là un terrain que nous affectionnons particulièrement: les artistes belges, le cinéma, les séries, l’humour décalé spécifique à ce pays auxquels nous essayons de faire hommage. 


J’abordai ce « sujet » avec la gourmandise d’une mangeuse de gaufre, sortis mes aiguilles, ma laine et mon fil pour en faire un bel ouvrage de dame, un «Cas fait liégeois » avec un empilement d’éléments s’articulant comme les mots d’une phrase. Je joignis à ma réalisation la petite boite bretonne que je restituai ainsi à sa propriétaire et la gaufre liégeoise retravaillée en forme de tête de mort avec ouverture et fermeture soigneuse de la cellophane après tentative de dégustation des morceaux découpés pour parvenir à la conclusion que la chose n’était plus comestible. Le nouveau « sujet », lui, était inscrit sur un petit papier: « Cuit, bien cuit, pas cuit, mal cuit, très cuit. » faisant ainsi directement référence à un célèbre «Principe d’équivalence ».

Le résultat fut surprenant: une sorte de « patate chaude » (qui est une autre version du tuyau qu’on se refile) plutôt « Une paume de terre en robe Deschamps » si j’en reprends l’intitulé exact. Une réalisation encore une fois déclinée en plusieurs niveaux de sens, fausse pomme de terre, empreinte d’une paume de main et de ses lignes, habillée d’une robe (des champs) en aluminium au look un peu spatial mais apte au passage à 180° et agrémentée d’une mixture indéfinissable en l’état, car arrivée moisie dans ma boite aux lettres. Une moisissure que j’utiliserai dans mon projet suivant.
Bien sûr, cet ensemble aux allures gastronomiques était accompagné de la recette de cuisine idoine et d’une annexe chiromancienne de lecture arachnoïde des lignes de la paume introduisant le nouveau « sujet »: « Madame Irma.».

Un « sujet » particulièrement évident pour ma pratique autour du crâne Gertrude à qui j’avais déjà attribué quelques dons extralucides: Irma était Gertrude et vice-versa. Ne lui manquait plus qu’une panoplie de parfaite voyante ou de sorcière charlatane . Je présentai les différents ingrédients nécessaires aux rituels de Madame Gertrude dans une boite en verre capitonnée. Le tout toujours étiqueté et mis en mots. 
Le nouveau « sujet » que je destinai à Céline H. était l’un des éléments de la boite: un petit paquet de papier de soie contenant une graine de tamarinier avec l’indication « Il est tout sec mais tu sauras quoi en faire. » en référence à une situation vécue dans notre métier et qui a suscité bon nombre de plaisanteries. 

Le résultat extrêmement bien fait fut à première vue délicieusement scolaire et merveilleusement inventif comme peuvent l’être certains travaux d’élèves qui nous laissent pantois d’admiration, mais à regarder de plus près pas très innocent. Sous la forme d’un cahier ou plutôt d’un dépliant intitulé « L’os Dyssée du Tamarin » la petite graine incluse dans le papier passait d’une page à l’autre par un jeu d’ouvertures, se transformant en images et en mots et bien sûr en un chapelet d’astuces. La dernière page et surtout l’étiquette provenant d’un vêtement taille 2 accrochée à l’ensemble donnaient une orientation lessivielle au nouveau « sujet » en livrant quelques indications sur la composition du tissu (coton), sa provenance (Italie) et des conseils d’entretien.

Alors que je m’apprête à évoquer ma dernière réalisation, il est temps pour moi d’aborder le problème du « sujet » dans le cadre de notre « Battle », en tout cas de mon point de vue car je ne sais pas ce qu’il en est du côté de Céline H..
Le « sujet » est probablement assez spontané de la part de celle qui le donne, c’est à dire qu’il ne résulte pas d’une élaboration telle que nous pourrions la mener ou l’avoir menée dans notre métier d’enseignant, sachant qu’un « sujet» ou plutôt des consignes ou incitations s’appuient toujours sur des notions à travailler, doivent toujours amener l’élève à les élucider sans le piéger et visent une évaluation efficace du travail. Dans le cadre de notre « Battle » le « sujet » est toujours une surprise pour celle qui le reçoit et induit une idée plus qu’une réflexion (toujours de mon point de vue): plutôt que l’analyse rationnelle que nous avons mis en route bien souvent dans notre métier ou lors de la préparation aux concours, il convoque l’intuition et l’intelligence des mots et de la sémantique; beaucoup plus notre machine « poétique » ou poïetique que notre machine professionnelle, bien que je sois persuadée que ce « jeu » n’aurait pas lieu sans notre expérience professionnelle, sans notre formation, le vécu de la classe, les références scolaires et tout le travail que nous avons construit ensemble. D’une certaine manière, fortes de nos connaissances sur la pédagogie et la didactique, nous jouons à brouiller les pistes, car « l’œuvre » ou « l’objet » n’est plus le résultat d’une demande que serait le « sujet » mais serait le dispositif entier où le « sujet » deviendrait également « objet ». Car d’une réalisation à l’autre, tout semble s’enchainer, le « sujet » en étant un maillon, un maillon nécessaire car rien ne tiendrait sans lui, parfois un maillon tordu qui entraine l’autre et même les deux protagonistes à prendre un virage inattendu; mais vu en perspective, malgré l’absurdité évidente de ces  «sujets», l’ensemble de nos travaux montre une certaine cohérence et forme une construction dont les éléments sont reconnaissables par et dans le cadre que tacitement nous avons établi.

Ainsi je ne sais par quel chemin tortueux je suis passée d’une banale étiquette de « vêtement taille 2 en coton made in Italy » à l’idée scabreuse de « Scroton Italien », expression en soi qui ne veut rien dire si ce n’est l’effet de la peau de banane glissée sous le mot « coton », avec comme image obsédante celle du David de Michel-Ange que je dois être la seule à n’avoir jamais vu en vrai. Toujours est-il que je ne pus me débarrasser de cette première idée, que je n’eus de cesse de la réaliser et, ce, avec un enthousiasme jouissif. Probablement que si j’avais consulté un psychiatre à ce sujet, il m’aurait révélé que par cette réalisation je réglais mes comptes avec un certain conférencier italien, lors de ma préparation à l’agrégation, spécialiste du Quattrocento et parfaitement obsédé par les nus de Michel-Ange et en particulier par le David. Avec l’aide de la Mère Denis et un peu de lessive, j’ai probablement fait un peu de ménage! 
Pour l’occasion j’inventai un nouveau personnage dans le bestiaire du Blog de Gertrude: Gertrude Steine, hystérique du Lard. Il est évident qu’elle n’a pas dit son dernier mot. 

Quant à l’aspect « en-dessous de la ceinture » de cette dernière production, je suis heureuse de l’avoir assumée, d’avoir mis en évidence pour cette fois l’Éros (en compagnie de Thanatos) qui traine bien souvent dans les réalisations plastiques de manière plus ou moins involontaire.
Les petites reproductions du David sur éléments de coton étaient accompagnées d’un texte particulièrement riche en jeux de mots et calembours. J’étais inspirée…

Le texte finissait sur le dernier « sujet » donné à Céline H.: « Mieux vaut un cycle long qu’un court-circuit. »
J’ai reçu il y a peu la réalisation de Céline H. sur ce dernier « sujet », composée de différents éléments y compris des textes. L’ensemble fait référence aux Jeux Olympiques 2024, au circuit de course à vélo, de la flamme olympique; là encore chaque objet est l’occasion de pirouettes sémantiques. 
Et je crois que c’est à la réception de cette dernière réalisation de Céline H. que j’ai vraiment pris conscience que depuis le début, chacune d’entre nous reprenait des ingrédients trouvés dans la production de l’autre pour la rejouer, l’enrichir et la passer en relais.
Au verso d’un badge d’une  célèbre université parisienne déguisé en badge des Jeux Paralympiques, je découvre le nouveau « sujet » que je ne révèlerai pas avant de l’avoir réalisé. 

Je laisse venir les idées…

 

Le texte de Céline H.

Et donc, si l’on prend de la distance (1)…

Les principaux protagonistes
Gertrude : En surplomb, le crâne souverain, immuable et omniscient.
Saint-Antoine : Incarnation du Verbe en sol corrézien, cylindre de cire moulée dans sa gaine de plastique, à consumer pour les grandes occasions. Protecteur des objets perdus, désuets ou mal en point, en attente de recyclage.
Le Tatou : Saint-Esprit voyageur venu d’ailleurs, réapparu il y a peu, comme par magie, dans la vie du capitaine.
Autant dire que ces trois-là sont inséparables.

L’histoire
Il y a 19 mois, nous adressions à notre bien-aimé Saint-Antoine une petite prière sur post-it. Le bienfait accordé, je lui envoyais en signe de gratitude et par colis postal un petit sachet de remerciements faits main. En échange, je recevais peu après un kit de laine à feutrer. C’est ainsi que s’est amorcée cette étrange épopée qui a depuis étoffé notre vie, l’animant d’étranges résonances.
Nous traçons en pointillés un chemin qui se dessine au gré et en parallèle de nos activités saisonnières. Chaque étape prend la forme d’un petit défi, d’une quête ou d’une chasse au trésor balisant ce pèlerinage à l’itinéraire rigoureusement improvisé.
Gertrude, Saint-Antoine et le Tatou nous ont accompagnées dans toutes nos aventures, et par un bel effort nous nous vîmes trois mille en arrivant aux bons ports de Lorient, Dinard, Rotterdam, Saint-Paul de La Réunion, Arcachon, Turenne – lieu d’amarrage du capitaine – et virtuellement, Liège et Florence.
Au gré de nos pérégrinations, notre galerie de personnages hauts en couleur n’a cessé de s’enrichir : Saint-Bernard l’Hermite et autres bivalves, Saint-François, un marabout, Saint-Expédit, une sourie verte, des fillettes, une hôtesse de l’air, madame Irma, le capitaine Crochet, la famille Tuyau de poêle au grand complet, des momies égyptiennes dont un papi russe et sa descendance belge, le Petit Poucet, le David de Michel-Ange, des adeptes du tandem….
Morts ou vivants, humains ou non-humains, tous ensemble pour l’éternité, nous partageons une destinée commune et il convient d’en rire. Et avec le plus grand sérieux parce que Sélavy.
Et que de corps dans ce joyeux chaos ! Sont apparus des jambes, des pieds, doigts, ongles, langue, paume, peau, poils, oreille, scroton, mollets.
Tout cela s’agite, ça opère, ça fabrique  : couture, broderie, modelage, moulage, assemblage, dessin, peinture, feutrage, vidéo, photographie, bricolage de bouts de ficelle, selle de cheval et histoire sans fin.
Ça se nourrit aussi : fruits de mer, gaufres, moules frites, abats en sauce, charcuterie. On ripaille sans entrave.
Pour ma part, je suis surprise du sérieux avec lequel nous nous sommes consacrées à cette étrange affaire. À la fois appliquées et ponctuelles, nous y avons mis tout notre cœur, trop heureuses de nous soumettre à cette contrainte de légèreté aussi bienfaisante que nécessaire à la survie en milieu ordinaire.
L’amorce et l’appel d’air
Cet échange est une entreprise d’enchantement, de recharge sacrale des pouvoirs du Saint-Os sans cesse relancée. Nous entretenons assidument cette complexe machine à faire image et la réamorçons tous les deux mois environ. Chaque « sujet » reçu active le désir d’incarnation de formes de toutes sortes. Dans l’inspiration première, les images et les mots sont encore de même nature et jouent, se télescopent, à l’infini. C’est là que ça germe. Rien à comprendre a priori : il suffit de faire avec ce qui n’a pas de sens car le sens pur, tout neuf, n’apparaitra qu’après coup, à notre insu et avec retard. Petit moment d’émerveillement quand s’assemblent les pièces de cet improbable puzzle à multiples dimensions. 
Inspiration – expiration : C’est un appel d’air frais qui émane du crâne désormais ouvert à tout vent. On avance à la va comme Gertrude nous pousse. On se laisse rebondir, décoller et projeter joyeusement… là où on aurait jamais pensé atterrir.
C’est du bien fait, mal fait, pas fait pour de vrai.
La machine est à énergie éolienne. Ça souffle, ça vous réveille une zone engourdie de matière grise, ça décolle les adhérences, ça soulage du trop-plein. C’est que notre crâne, le nôtre, est bien lourd d’un cerveau dont nous ne savons pas toujours bien quoi faire en général et en particulier. La machine ventile et ça fait du bien. Elle propulse les neurones là où tout est possible. Sans rire, l’art est quelque part par-là « dans la fumée des bougies de carnaval » (2).
La consistance, l’envers
Par là-bas, c’est dans l’épaisseur sans fin du monde (3). Notre histoire à quatre mains est essentiellement une pratique transgressive qui nous permet de passer de l’autre côté. Nous regardons et écoutons les choses à travers, de biais et par-dessous – à moins que ça ne soit à ras des pâquerettes.
S’enroulent et se déploient des pelotes de phrases, d’histoires et de figures improbables : nœuds, décollages et collages de syllabes, de fragments de matières, de trucs à haut potentiel. Déshabiller les mots et les objets pour les costumer à notre guise en fonction de la pièce à jouer. Le terrain de jeu est sans limite et chaque bout de ficelle est capable d’endosser tous les rôles.
Nous pouvons nous ébattre, en totale régression non coupable, dans la doublure ouatée du quotidien (4). Elle tient chaud et donne du volume sans alourdir.
Nous connectons sans intention les fils laineux de ce qui se trame, en réseau parallèle : un joli dessein d’errance parfaitement cohérent puisqu’aussi aléatoire que déterminé. Toute contradiction disparait devant cette belle union du hasard et de la nécessité. Le sens de la vie ?
Pas de projet, juste une ponctuation du temps qui donne du rythme. Le moindre geste pour un maximum d’ouverture, pour l’art de rien, parce que le vain ça rend gai.

Pour finir en beauté, je laisse la parole à Jean-Christophe Bailly (5).
« … un homme qui ne fit le pitre que pour mieux se cacher – comme si à ses yeux, le « labeur du concept » avait dû rester invisible et n’être jamais laborieux pour pouvoir devenir vrai, pour pouvoir donner sans bruit le plaisir de l’exactitude. »
Chauffe Marcel !


1-508.5km, de Gagny à Turenne et retour.
2 – Ça, c’est de Nietzsche.
3 – L’infra-mince ?
4 – « La ouate fibre cardée – sachet 1 kg – est gonflante, moelleuse, saine, inodore et imputrescible.  Parfaite pour les doudous et les poufs (!) avec un entretien en machine 40°. » https://www.mapetitemercerie.com/fr/ouate-molleton/54015-ouate-fibre-cardee-1-kg.html
5- J.C. Bailly, DUCHAMP, 1984, Ed. Hazan, Paris, p 6.

Ce texte a été écrit le lundi de Pâques qui est tombé cette année le 1eravril. Sacrée blague !

 

Vain sur vain : le journal du journal. Exception au Capitaine N°16.

 

 

 

 

 

 

La première hirondelle, le magnolia en fleur, les courses, la promenade du côté de l’étang, le jardin, les légumes du potager, le repas du dimanche, la lessive, les truites péchées par mon grand-père, les émissions télévisées…
Les oiseaux, les fleurs tiennent une grande place dans le journal de Jeanne, ma grand-mère, et une succession de petits riens d’un quotidien bien rempli à deux (mon grand-père Baptiste y est omniprésent) entrelacés à notre histoire familiale dont le moindre événement grand ou petit, carte, lettre, coup de fil, visite programmée ou impromptue est scrupuleusement consigné entre clafoutis et parties de scrabble ; dates oubliées mais ici remises à leur juste place dans une chronologie implacable qui force la mémoire.
N’oublions pas non plus les gens du village dont les trois quart ont été élèves de mes grands-parents instituteurs toute leur carrière dans la même école. Une succession de noms de personnes inconnues qui font vaguement écho à mes souvenirs pour les avoir entendus prononcés enfant. Pour mes grands-parents, pas un pas dehors sans les rencontrer et porter attention aux joies et maux de chacun, mariages, naissances et morts. Les anciens instituteurs sont respectés, écoutés, Ils se doivent de féliciter les heureux, consoler les endeuillés, se rendre à chaque enterrement (beaucoup d’enterrements), ma grand-mère tricote des petits chaussons et écrit des cartes de condoléances. Comme dans tous les petits bourgs, les histoires vont bons train. Ma grand-mère Jeanne les relate soigneusement comme tout le reste, avec parfois une pointe d’humour (ce qui la caractérise bien) mais sans aucune moquerie ni jugement si ce n’est force détails laissés à l’appréciation du lecteur.

La belle écriture serrée au français et à l’orthographe impeccables de celle qui est sortie très jeune major de sa promotion de l’École Normale, court ainsi sur les 1300 pages du journal qu’elle a tenu pendant trente ans jusqu’à sa mort.
Les premières années, ma grand-mère écrit dans les cahiers d’écoliers non utilisés (rien ne se perd). Les évènements y sont détaillées, certaines journées occupent plusieurs pages. Le récit va ensuite s’organiser de manière plus systématique dans les agendas de l’UNICEF qu’elle achète tous les ans. L’écriture s’adapte à la taille de la case consacrée au jour. S’il le faut elle s’amenuise, se condense, quelques abréviations apparaissent pour ne sacrifier aucune information au manque de place.

Trente ans de compte rendu quasi quotidien ; à quel moment de la journée écrivait-elle et pour quel regard ? Tout est noté (dans quel but ?), tout est dit en apparence pour le lecteur, que je suis à présent, mais rien n’est exprimé de son ressenti, de ses sentiments, de ses joies ou de ses angoisses.
Par exemple, rien ne transparait à travers les mots lors de la grave maladie de mon grand-père entrainant hospitalisation et intervention. Par pudeur (« nous ne sommes qu’une famille de petits instituteurs ») ou parce que les inscrire serait leur donner une réalité insoutenable, les évènements pénibles et la maladie ne sont jamais nommés ; par recoupement des paroles familiales, je les sais plus que je ne les lis. Seule l’écriture joue le sismographe des tremblements intérieurs du cœur bien caché de ma grand-mère, les mots hésitent, la graphie se trouble, pour se raffermir quand ça va mieux, quand la vie reprend son cours.

La dernière ligne écrite dans le journal est une note qui pourrait sembler anodine mais qui en dit peut-être long sur les difficultés de la vieillesse : un rappel du prochain passage de la personne qui vient faire le ménage et aider le couple dans ses tâches quotidiennes ; suit une liasse de pages blanches comme pour annoncer que quelques semaines après le cœur de ma grand-mère s’arrêterait.
Celui de mon grand-père, brisé par le chagrin, ne résistera pas très longtemps au manque de celle qui fut à ses côté pendant près de 70 ans.

Depuis quelques mois, je numérise l’énorme quantité de documents récupérés dans la maison de mes parents, photos, diapositives, correspondances et divers écrits dont le journal fleuve de ma grand-mère, autant d’éléments qui s’imbriquent les uns dans les autres pour reconstruire une temporalité familiale.

Sentiment indéfinissable que le mien quand je pose la dernière page du journal sur la vitre de mon scanner .
Vanité d’une entreprise qui fut la sienne, qui est la mienne.
J’ai entendu sa voix si familière dans ma mémoire sans pour autant percer l ‘énigme de son propos ni de ses motivations. Rester vivant ?
Cela me renvoie à ma propre finitude.

Qu’aurait-elle dit du drôle de journal où j’écris ces lignes aujourd’hui ?

Parallèlement à son journal Jeanne écrivait ses souvenirs et des bribes d’histoire familiales dans un carnet. J’évoquais déjà ce dernier en aout 2015.

Quinze ans ou la crise d’Acmé.


En pleine crise d’Acmé1
Gertrude la Belle2 Boutonneuse3
Os ingrat adulé mais pas adulte
fête ses quinze ans sur la Toile

JC, La Belle Boutonneuse, décembre 2022, boutons* cousus et image transfert sur toile, 47 x 30 cm.
(*Issus de la collection de boutons conservés depuis plus de quinze ans par JC, pour la plupart offerts en surplus de vêtements de prêt-à-porter maintenant donnés ou usés sans avoir perdu leurs boutons d’origine.)

  • 1-Je serais bien tentée en ce trois janvier 2023 de vous souhaiter une bonne acné mais…
  • 2-Sous ses appâts rances de jeune fille polie, bien rangée et organisée, Gertrude cache une personnalité cas os tique.
  • 3-Qui cherche toujours ses marques et sa boue d’ornière.

 

À corps ou en dés à corps. Exception au Capitaine N°15.

 

J’ai toujours été en désaccord avec mon corps .
Carrément pas raccord avec ce corps qui pourtant n’était ni handicapé, ni malade, ni tordu, ni en surcharge mais doté d’une géométrie spatiale incertaine et encombrante, d’une gaucherie évidente.
Combien de pieds de table, de coins de meuble, de chambranles de porte sont-ils entrés en collision avec ma personne ? Combien d’escaliers ont-ils eu raison de mon équilibre ? Combien d’assiettes, de tasses et autre objets fragiles se sont-ils échappés de mes mains ?
Mon corps a bien souvent fait défaut aux calculs de mon esprit comme le jour où j’avais cru lancer mon lourd cartable en bas de l’escalier du collège. Mon corps avait suivi le mouvement à l’insu de mon plein gré et ma tête avait amorti le choc un étage plus bas, démonstration du manque d’entente entre ces deux protagonistes de mon individu. Ce fut un souvenir percutant et, somme toute, assez drôle de mon bref passage à l’école.
À la même époque (j’avais dans les onze-douze ans), mes parents me voyant si gauche, ont cru bon m’inscrire à un cours de danse classique que j’ai fréquenté deux longues années durant.
Le professeur se nommait Courtois (c’est dire…), et les valses de Chopin, dont, au piano, il accompagnait les exercices, m’évoqueront à jamais ces séances pénibles où j’étais surnommée « l’éléphant ».
Pourtant mon corps n’avait sûrement rien d’éléphantesque : j’étais plutôt petite, maigre et noiraude , les cheveux bruns et coupés court. Incapable de coordonner mes mouvements et de maitriser correctement les bases de la danse classique, je ne faisais que retomber lourdement sur le parquet . Je contrastais avec la grâce de mes petites camarades blondes aux chignons serrés impeccables sur le haut du crâne, fières de leurs chaussons à pointe qu’elles cassaient dans les charnières des portes.
Je n’ai, pour ma part, jamais dépassé le stade du chausson mou.
Mes parents comprirent que je ne serais jamais un petit rat de l’Opéra ; je fus donc inscrite dans un centre d’équitation.
La durée de l’expérience fut fonction de la rigidité dénuée d’indulgence de l’ancien militaire qui dirigeait les cours et de l’animal qui vite comprit à qui il avait à faire : au vu du peu de contrôle que j’avais de mon propre corps, je ne risquais pas de lui imposer ma volonté, dessein qui, quand j’y réfléchis à présent, n’a jamais été le mien.
J’abandonnai donc ; et plus j’avançais dans l’adolescence, plus mon corps se repliait sur lui-même, adoptant une voussure permanente qui me valut d’incessants « Tiens-toi droite ! » de la part de mes parents.
Je suppose que cela les inquiétait plus que moi qui, dans cette posture, renonçais simplement à maitriser mon image. Un vrai soulagement.
J’ai accepté, depuis, le décalage, voire même l’incohérence entre ma tête et mon corps. Le regard des autres quand il était bienveillant et surtout le regard amoureux m’ont permise, à défaut d’être complètement en harmonie, de vivre mon corps au mieux.
Avec le temps, j’ai également cultivé l’autodérision par rapport à ma maladresse, à ma géométrie improbable, à ma légendaire incapacité à m’orienter dans l’espace, à mon manque d’équilibre postural.
Ces caractéristiques font partie intégrante de ma personne. Mais j’aurai toujours ce sursaut et un sentiment de perplexité en surprenant mon reflet de profil ou de dos dans un redoublement de miroirs.
J’aurais pu m’épancher davantage sur ce p… de corps qui n’en mérite pas tant ; je ne voudrais surtout pas donner raison à l’arthrose qui me rappelle quotidiennement son existence.

Gertrude n’a-t-elle pas prouvé que la tête pouvait tout à fait se passer des contingences du corps ?
Aurais-je pour autant imaginé que moi Crâneuse, Capitaine de ce blog exclusivement dédié à un crâne sans chair ni corps, je réaliserai une sculpture ? Vous savez le truc en trois dimensions qu’il faut concevoir dans l’espace et autour duquel il faut pouvoir tourner, ou au pire le machin dans lequel on se prend les pieds en regardant la peinture… Et une sculpture en vrai bois, sur le corps en plus ! À partir d’un défi lancé par un psychomotricien, qui plus est !
« Le mouvement révèle le corps. » a-t-il dit.

Pfffffff……. C’était juste un jeu.

Article dédié à B. et à la psychomotricité.


Juliette Charpentier, Capitaine de ce blog.
9 avril 2022

JC,Décembre 2021- Mars 2022,  Le Corps en Jeu ou le Je du Corps. Bois de tilleul sculpté. Dimension variable.
Photographie montrant la « sculpture »  ainsi que son mode d’emploi et les dessins  préparatoires ayant permis sa réalisation.

.

 

14 ans ou les états intermédiaires de l’Os.

 

Suspendue*
entre J et G
entre virtuel et réel
entre os et chair
entre matériel et immatériel
entre artificiel et artifice

entre être vivant et nature morte
entre sommeil et éveil
entre art et science
entre blog et blob
entre idiotie et performance
entre le chrono et le dernier métro
entre encensoir et repoussoir
entre obsession et détestation
entre la dérive et le rivage
entre image et imaginaire
entre la mer et l’amer
entre plume et plomb
entre elle et moi
entre l’âme et la lame
entre la mémoire et l’amnésie
entre histoire et légende

entre appât rance et attirance

entre absurdité et vérité
entre crâne et écran
entre éphémère et éternité
entre protocole et pot de colle
entre tête en os et os en tête
entre dessous et dessus
entre miracle et raclure
entre oeuvre et ouvrage
entre corps et corpus
entre reliques et liquéfaction
entre représentations et présence
entre vacance et vacuité
entre cliché et chez qui
entre référence et irrévérence
entre peur et fascination
entre diction et addiction
entre décompte et comptes à rendre
entre message et passage
entre article et artiste
entre peinture et Gertrude
entre taxinomie et taxidermie
entre temps et tant pis
entre cycle et recyclage
entre rire et larmes
entre objet et sujet
entre question et interrogation
entre texte et prétexte

entre motif et motivation
entre jeu et je
entre animation et inertie
entre cadeau et cas d’os

entre énigme et transparence
entre absorption et opacité
entre vous et moi
entre silence et conversation
entre nature et culture
entre mot et maux
entre sensible et sensationnel
entre lumière et obscurité
entre ricanement et grincement
entre forme et informe
entre crâne et oeuf
entre couleur et grisaille
entre neuf et neuve
entre structure et déliquescence
entre hasard et maitrise
entre écriture et décrépitude
entre plein et vide
entre interstices et sutures
entre unité et duplicité
entre Eros et Thanatos
entre aile et son double
entre rose et noir
entre néant et béant
entre rien et vain

Gertrude a maintenant
quatorze ans
en latence
entre enfance et obsolescence
intermédiaire
ad Os les sens
du Terme


JC, décembre 2021, Blob-Os, sclérotes de physarum polycéphalum sur papier absorbant.
Chaque élément : 8 x 10 cm.

Physarum polycéphalum, myxomycète unicellulaire de l’ordre des physarales 
familièrement appelé « blob » faisant actuellement l’objet d’études par le CNRS (Audrey Dussutour, chargée de recherche),
et particulièrement prisé par les enfants et les adolescents comme « être de compagnie », ici en état de latence déshydratée sorte de mise en sommeil en attente d’un éveil.

*Presque dans l’idée inframince et approximative de l’Inframince, concept duchampien. Hommage au grand MD toujours entre inégalable et inimitable.

 

En mains « ploples » ou le Je des mots : L’exception au Capitaine n°14.

 

« Juliette, comment sont tes mains ? »
À la question que mon entourage ne se lassait pas de me poser, je répondais inlassablement : « Elles sont ploples. »
J’avais environ quatre ans et je savais très bien dire le mot « propre » proprement. Mais remplacer les R par des L tellement plus liquides, plus bizarres, plus informes, plus intéressants à prononcer me procurait une satisfaction certaine ; les réactions d’hilarité que produisait l’effet comique de répétition m’amusaient beaucoup et m’encourageaient à poursuivre.

J’ai toujours aimé les mots, jouer avec eux, leur sens, leur plasticité, leurs possibles polysémies. Créer des associations entre eux, des collisions, des collusions, construire des phrases ou pas, ou carrément produire de la confusion grâce à eux.

Enfant, des jours entiers, je répétais intérieurement des mots ou des termes que j’avais attrapés comme des papillons sans forcément en connaître le sens, tout simplement parce que leurs sons me plaisaient ou que je leur conférais une autre signification.

J’étais une enfant sauvage et solitaire dont l’esprit était peuplé d’histoires, de conversations, de bricolages divers qui m’occupaient. Je ne m’ennuyais jamais et avec du recul, je m’aperçois que les mots jouaient un rôle certain dans cet univers personnel qui me suffisait amplement. À tel point que loin de briller, je devais renvoyer une image quelque peu demeurée en société au grand désespoir de mes parents.

Mon père n’était pas en reste pour jouer l’idiot à répéter à l’envi bons mots et calembours qui par usure ne faisaient plus rire que lui. Il adorait également modifier les noms propres, au point parfois d’oublier la version originale face à des personnes qui s’en trouvaient contrariées.
Chaque semaine il recevait Le Canard Enchainé et se délectait de sa lecture d’un bout à l’autre ; nous avions droit à tous les bons mots de l’hebdomadaire, titres succulents avec dessins ad hoc, contrepèteries croustillantes qu’on nous disait ne pas être pour nos oreilles d’enfants.
Ma mère, elle, faisaient les mots croisés du Canard, réputés des plus difficiles. Passionnée de littérature, elle recevait, au fond de la brousse malgache, la revue « Avant-scène » qui retranscrivait toutes les nouveautés théâtrales. Je les lisais après elle, je ne comprenais pas tout mais m’appropriais quelques tirades à déclamer pour moi seule.

La lecture était une de mes plus grandes occupations, celle bien sûr de livres accessibles à mon âge, j’avais entre huit et dix ans ; je m’intéressais également fortement aux ouvrages que mes parents laissaient sur leurs tables de nuit, à la recherche, quand ils avaient le dos tourné, de je ne sais quels mystères réservés aux adultes. C’est ainsi que vers neuf ans j’ai lu, terrifiée, « La Métamorphose » de Kafka, et été longtemps hantée par un corps de cafard incrusté de pommes pourries.

De la lecture à l’écriture il y a une logique. Je prenais beaucoup de plaisir à écrire, des lettres particulièrement destinées à ma tante ou à mes grands-parents. Je faisais également partie d’une chaine d’enfants de part le monde qui s’envoyaient des cartes postales ; j’écrivais à des inconnus et recevais des réponses en retour ; cela allait du petit mot aux vrais récits, j’aimais l’idée de raconter ce qui me passait par la tête à des personnes que je ne rencontrerais jamais.
J’avais environ huit ans et n’allais pas à l’école. Je suivais des cours à distance par le CNTE, ancêtre du CNED. J’avais par exemple écrit une rédaction fleuve où je faisais le parallèle entre mon grand-père que j’admirais et la momie de Ramsès II vue au Musée du Caire lors de notre dernier retour à Madagascar. Le professeur que je n’ai jamais rencontré avait été visiblement très impressionné.
Plus tard en classe de troisième, cette fois scolarisée durant une année en Gironde, je rédigeai une nouvelle sur une histoire atroce se déroulant dans les camps de la mort, récit qui m’avait été relaté par un de mes oncles et qu’il me semblait important de retranscrire. Cette écriture parmi d’autres que je réalisai en cours de français fut un moment particulièrement fort de ma scolarité. C’était en même temps un acte sérieux et une vraie satisfaction.

Mais ma plus grande révélation d’élève reste le latin. Mes sept années de latin furent une pure jouissance intellectuelle, l’épreuve de Baccalauréat sur le Satyricon de Petrone une apothéose.

Le latin était un jeu en même temps littéraire et scientifique, les traductions relevaient du défi et de l’enquête policière. J’étais captée et fascinée par la polysémie des termes et des expressions, par les tournures et les nuances avec lesquelles les auteurs latins se jouaient de leurs lecteurs. Chaque mot trimballait son petit monde avec multiples chemins pour s’y perdre.
J’ai le grand bonheur et honneur d’avoir encore en ma possession le Gaffiot familial légué de sœur en sœur puis à mes enfants ; ouvrage tant aimé, consulté, annoté, reliquaire de petites fleurs séchées et de trèfles à quatre feuilles.
Le latin, que je maitrisais mieux que les langues vivantes, anglais et espagnol, de mon cursus, m’a fait découvrir l’univers passionnant de l’étymologie ; je ne peux plus aborder un mot sans me questionner sur son histoire. Non seulement les mots portent un héritage suivant des filiations parfois surprenantes voire tortueuses, mais il est possible de les dévier vers des directions absurdes pour leur faire prendre d’autres voies et d’autres sens. On s’aperçoit souvent dans l’expérience du calembour que le mot, sa sonorité, sa forme se plient très volontiers à l’absurdité en retrouvant cohérence et logique.

C’est bien plus tard que je découvris Marcel Duchamp et sa mécanique intellectuelle, merveilleuse Broyeuse à chocolat, bien après l’École des Beaux-Arts qui se situait entre un enseignement technique traditionnel et poussiéreux et le renouveau d’une contemporanéité picturale, à l’heure où, dans ce contexte, le surréalisme était gênant voire ringardisé, avec tout ce qui allait avec.

C’est bien par hasard, et cela doit être idéalement ainsi, que j’en fis la découverte au gré des visites de musées et d’études que je repris pour devenir enseignante. Après cela, je n’eus de cesse, pour moi et pour mes élèves, de creuser et creuser encore mes connaissances sur Duchamp et son œuvre qui symbolise pour moi l’aboutissement de toute recherche artistique au point qu’il serait inutile d’en rajouter. Je ne décrirai pas ici sa démarche ; chacun peut aller à sa recherche et y trouver son propre chemin.

Le jeu avec les mots est réellement rentré dans ma pratique artistique quand j’ai commencé à travailler à partir d’un crâne que j’ai prénommé Gertrude. Gertrude au vocable plein de R comme en contrepoint du « plople » de mon enfance.

Quand j’ai abordé cette pratique autour de Gertrude, il y a plus de treize ans, je ne me doutais pas à quel point ce simple motif (pas si simple), réceptacle vide (pas si vide) et sans histoire (mais à l’histoire de tous les possibles), se prêterait à l’infini au jeu avec les formes et les mots, que les mots comme « os » ou « crâne » joueraient ainsi les trublions dans le langage, aussi bien le mien que celui des interlocuteurs de ce blog ; à quel point également le jeu avec les mots pourraient générer des réalisations plastiques, et ces réalisations autant de spiritualité verbale.

Ainsi le Blog de GertrudeS persiste et signe uniquement grâce au plaisir que je retire de ce jeu. Aucune autre ambition.

 

Je choisis de ne pas associer d’images à ce texte car le blog entier en est l’illustration et la démonstration.

 

Juliette Charpentier
Turenne le 9 avril 2021 .
Le noeuf d’avril, le seul jour de l’année
où La Crâneuse raconte sa vie.

L’âge piv’OS : L’exception au Capitaine n°13.

Ce noeuf  de quatre vains
il me reste exactement
noeuf semaines
avant de :

Sortir du cadre, être à la marge, pivoter, tourner sur soi-même, tourner le dos, tourner la tête, se retourner, et prendre tournure, ne pas voir trop loin, viser l’infini, ne pas en voir la fin, pivoter, finir et recommencer, tourner, retourner, y retourner, se tordre, se tordre de rire, voir loin, l’horizon , examiner le lointain avec une vision de près, se rapprocher, pivoter encore, avancer d’un pas, reculer en avançant, pivoter, changer de point de vue, trouble de la vision ou vision trouble, vision troublée, à droite, puis à gauche, lever les yeux, viser haut, viser os, hisser os, ne pas trop la regarder, passer sans la voir, ne pas trépasser, elle n’est pas trop loin, c’est pas trop vain, pivoter en vain, tourner, danser, retourner, regarder derrière pour ne pas voir devant, regarder vers l’avant sans se retourner, même pas peur, secouer la boussole, perdre le nord, retrouver son chemin, prendre une traverse, tourner, à gauche, à droite faire, demi-tour, virer, virer, virer des cadres, rayer, rayer le parquet, glisser, virevolter, basculer, ne pas tomber, sans volte-face, sans perdre la face, face-à-face, perdre la tête, rouler, rouler, n’amasse pas mousse, rouler et remonter la pente,
en fin,
enfin,
en vain.

Pour l’occasion recyclage d’une vidéo/performance en chambre réalisée en 2009 et intitulée « Manipulation »(extrait).

Nous y voilà en fin, enfin, en vain.
Le temps où finir est recommencer,
où liberté est à inventer,
où tant sera le temps.
Un temps d’autant plus temps
que le cadre temporel fout le camp.

Rien n’était prévu
mais rien ne sera laissé au hasard
dans ces trésors d’incertitudes
marqués au sceau du 13.
13 d’exception.
13 des vendredis sonnant et trébuchant
le glas des décomptes.
Arcane faucheur.
Ce n’est pas effrayant,
juste métamorphosant.
Balayage salvateur.
Renaissance.

Et Gertrude ?
D’ici qu’elle fasse peur .
Pivotons et regardons-la
sous son meilleur profil.

Douze ans : Amor à mort !

Cela fait douze ans
que Gertrude flirte avec le grand Web
et file une parfaite histoire d’Os
sur la Toile
À ce stade
ce n’est plus un mariage de raison
c’est parfaitement
IRRAISONNABLE !
Os les cœurs !

JC, décembre 2019, Amor à mort, acrylique et vernis sur toile en forme de cœur, 28 x 28 cm.
Le couteau crâneur m’a été offert par mes amis S et C.
Comme le veut la tradition d’Os je leur dois bien un Heur’Os en échange.

 

La Crâneuse et ses os
vous souhaitent
une bonne année de mille Vains !

 

Gertrude avant Gertrude: L’exception au Capitaine n°12

 

Et si Gertrude était
une machine à remonter le temps ?

« … Arrivée à mon âge, on se dit finalement qu’on a plus de passé que de futur, bien plus à raconter à rebours qu’en avant… »

En attendant que
la Capitaine Crâneuse
concrétise un tel projet
qu’elle procrastine un peu
bulle de temps en temps
reporte au lendemain
quelques rétropédalages dans l’os
vous pouvez toujours
lire ou relire le texte
« La princesse Gertrude »