L’os dans le gaz.

 

Depuis que le Tatou gazouille
que ça gaze en carapace
le crâne s’agace
et
il y a de l’os dans le gaz
Gertrude la Sublime
passe de l’état solide à l’état gazeux
en crânant dans la gaze
et ses images compressées



JC, octobre 2022, L’os dans le gaz et Ça gaze pour le Tatou, monotypes à la compresse* de gaze et acrylique sur papier*, 16 x 21 cm.
* Papier et compresses de gaz provenant de la maison des parents défunts de JC

Cela fait exactement
quatorze ans et dix mois
que dans ce blog
ça crâne
avec os et gaz à tous les étages

.

 

 

La théorie du crâne de chat rosse dingue*.


Cela fait exactement
quatorze ans et un mois
que Gertrude est enfermée
dans cette boite virtuelle
et que deux réalités
s’y superposent

Physiquement il est évident
que ce crâne est mort
mais quantitativement
après toute ces années
il semble bien vivant

Tutti quanti
il est trop tard
pour l’ouvrir
mais vous pouvez toujours essayer
de lui miauler
le Cantique des Cantiques


« Viens
Mon cœur t’appelle
Oui, viens que je t’emmène dans mon jardin
L’hiver s’en est allé
Viens, je t’aimerai

Lève-toi mon amie, ma toute belle
L’hiver s’en est allé, les fleurs s’éveillent
Vient le temps des chansons
Et des « je t’aime »
Entends, ce chant d’amour pour toi s’élève… »

Sachez que
rien ne se perd
rien ne se crée
tout se transforme

*Référence capillotractée à la théorie liée à la physique quantique dite du « Chat (mort-vivant) de Schrödinger. »

RIEN* il ne faut pas* le NIER*


Et si la Crâneuse alias le Capitaine ne faisait que crâner depuis treize ans et neuf mois?
Tout cela n’est rien, il ne faut pas le nier…

JC, Action, vidéo initialement publiée sur ce blog le 3 février 2010.

*RIEN: Ne vous fiez pas aux apparences, la Crâneuse ne fait rien mais c’est déjà quelque chose.
*il ne faut pas: clin d’oeil au fidèle Sébastien A. fondateur du club « Il ne faut pas », sérialbloggueur à qui je dois complétement et pas seulement au Thiers.
*NIER: anagramme du RIEN, dédicace amicale et filiale à la facétieuse Mère Cière et son Fil rouge.

Petit RIEN offert à S. et C. , dérisoire devant une grande amitié.

Opacité des Os pas cités.

La Crâneuse cherche la lumière
et mesure ainsi
les degrés d’opacité de l’Os
sans véritablement lui donner forme
si ce n’est celle de l’écran
où G se profile en triple je(u) projeté
sans se bruler aux feu(e)s
ni perdre toute lucidité

Cela fait exactement treize ans et six mois
que le Capitaine de ce Blog
vous cache quelque chose
trois fois plutôt qu’une


JC, juin 2021, Écrans de Crâneuse, crayon de couleur et acrylique sur papier calque et calque millimétré, colle, structures en bois doré et métal d’anciens « écrans à main* ». Chaque élément: 18 x 43 cm.

*L’écran à main, loin d’être un éventail pour battre de l’air, est un accessoire datant du XVIIIème siècle qui permettait aux dames de protéger leurs beaux visages fardés de l’ardeur du feu de cheminée.

Les clés de l’Os.

Faire peinture de Gertrude
me tiraille
me disjoint
m’écartèle
me désorganise
me décompose
car envisager Gertrude en peinture
reviendrait
à raconter les tableaux à un os mort*
sans pour autant
lui en livrer les clés

Gertrude est un os mort
un os si mort
un occis mort
un os qui mort
mais tout le contraire
d’un oxymore
n’en déplaise aux nases

JC, mars 2021, Les clés de l’Os, peinture à l’huile sur clés à tableaux, configurations et dimensions variables. Les clés à tableaux sont des petits objets en bois qui servent à garder la toile à peindre en tension sur le châssis.

Cela fait exactement treize ans et trois mois que Gertrude garde la Toile en tension avec ses fausses clés absurdes

*Encore une référence capillotractée à l’histoire de l’art, ici une allusion à la célèbre performance de Joseph Beuys
« Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort. »

13 ans ou bilan de « blogounette ».

 

JC, 2020, Remplissage de Gertrude,
fil de coton écru, provenant d’une filature en faillite et trouvé dans une brocante, sur suédine ( fausse peau) écrue, 25 x 34 cm.
Broderie inachevée, work in progress, mise en scène sur une nappe blanche ancienne ajourée à l’aide d’un appareil photographique numérique installé sur un trépied.

Chers interlocuteurs passés, présents et futurs,
voici treize ans exactement, je créai ce blog dont l’objet central est un crâne, Gertrude, que j’ai acquis lors de mes études à l’école des Beaux-Arts, il y a une quarantaine d’année.
Jeudi 3 janvier 2008 était sûrement un jour un peu vide et la mise en ligne de Gertrude un peu fortuite histoire de combler un petit sentiment d’ennui et de rêverie ; pas véritablement un projet, juste une expérience.

L’entreprise « gertrudienne » sur Internet, improbable à ses débuts, s’est très vite avérée pour moi passionnante et indispensable ; se sont imposés rapidement des protocoles, des rites et des obligations comme la scansion du temps, le jeu avec les mots, l’interaction entre les textes et les objets (dérivés de Gertrude), la mise en scène photographique de ces objets (petites réalisations plastiques), un ancrage plus ou moins étroit dans des références artistiques ou dans des évènements autobiographiques.

Le Blog de Gertrude, malgré son apparence décousue et hasardeuse, répond à une véritable construction structurée et pensée; une solidité qui l’a probablement sauvé du naufrage qu’auraient pu provoquer toutes les turbulences qu’il a traversé entre ramifications et fusions diverses, traversées du désert, changements de plate-forme et c…

J’ai, par ailleurs, renoncé à ranger ou remettre en place les quelques 986 articles et 19829 commentaires mis en vrac par ces péripéties, ou télécharger à nouveau les vidéos devenues inopérantes.
J’ai même attribué à ce désordre, générateur d’une perte de lisibilité des premiers temps du blog, une correspondance avec les mécanismes mémoriels de mon propre cerveau : j’ai, ainsi, de ces treize années de blog, des souvenirs précis de parutions ou de conversations au détriment d’autres quasiment oubliées.

Maintenant, le Blog de Gertrude, bien loin d’être fragilisé par ses errances, est d’autant plus policé, rythmé, structuré par des protocoles précis et identifiables.

Mais l’expérience du Blog de Gertrude n’aurait strictement aucun sens sans interlocuteurs: vous, qui me suivez parfois depuis plusieurs années de près ou de loin et qui n’avez jamais interrompu la conversation.

L’aventure qui dure à présent depuis treize ans, un chiffre à la fois vertigineux et dérisoire au même titre que son objet vaniteux, serait très vite tombée dans une impasse sans les discussions passionnées et passionnantes instaurées dès ses débuts autour de Gertrude, et s’est vite révélée un incroyable medium d’échanges, souvent restés virtuels, parfois aboutissant à des rencontres dans la vie réelle.

Via Gertrude, vous avez joué avec moi, avec les mots, les concepts, les références. Ce fut l’occasion de maintes joutes rhétoriques réjouissantes, de plaisanteries, de calembours et surtout d’un nombre impressionnant de « blagounettes » voire de brèves de comptoir jusqu’à parfois mettre en danger le caractère spirituel et intelligent que j’ambitionnais dans ma démarche.

Car démarche il y a, même si peu ont reconnu ici un dessein artistique (risquons le mot) à cette construction virtuelle toujours sur le fil entre ridicule et effrayant, entre idiotie et autobiographie.

En effet la création du blog de Gertrude survient en 2008 dans ma pratique, à un moment où je suis un peu enlisée dans une recherche picturale qui tourne en rond sans aboutir.

Gertrude, plutôt la réactivation de ce crâne sur Internet, est pour moi une expérience inédite, un moteur incroyable pour mes activités plastiques et ma motivation intellectuelle, une performance aux inventions infinies, le réceptacle (vide !) de toutes les possibilités créatives.

L’expérience Gertrude ,vue en perspective, n’est pas pour autant déconnectée de mon parcours artistique (risquons encore le mot) jamais interrompu depuis plus de quarante ans ; elle est l’issue logique et nécessaire des recherches picturales que je menais depuis des années. Maintenant, avec du recul, j’en prends conscience.

Au bout de ces treize années, il est possible que Gertrude ait perdu un peu de son essentialité dans mes activités : le partage « magique » du virtuel s’est un peu étiolé dans votre probable lassitude d’interlocuteurs gertrudiens, dans l’obsolescence du concept de « blog » au profit des réseaux sociaux qui m’intéressent moins.
Et il est possible que mon travail plastique se déploie à présent davantage dans le réel plutôt que dans le virtuel, plaçant ainsi le blog en arrière plan de ma pratique.

Je me suis interrogée bien des fois sur l’opportunité d’arrêter le blog de Gertrude mais j’ai toujours trouvé de bonnes et mauvaises raisons de poursuivre.

Je n’ai encore rien décidé pour la suite, je pense peut-être à de nouvelles modalités ou protocoles, par exemple à une nouvelle catégorie qui s’intitulerait « Une toute autre histoire »…
Et m’en remets toujours à ma chère devise : rien n’était prévu mais rien ne sera laissé au hasard.

 

Le 03/01/2021
Juliette Charpentier,
plasticienne, créatrice et administratrice du Blog de Gertrude.

 

Gertrude ou le complexe du paillasson.

 

Gertrude Os sans corps
mais drôle de coco
se rêve paillasson
à vos pieds

Chers amis et voisins
entrez
dit-elle
mais prenez les patins

Il faut dire que cela fait exactement
douze ans et neuf mois
que Gertrude
vous gratte la plante
afin que vous vous sentiez
encore vivants

JC, septembre 2020, Gertrude Paillasson, fibre de coco sur PVC. Chaque élément: 17 x 12 x 1 cm.

 

Photographie numérique, réalisée au seuil du nouvel atelier de JC, où nous percevons au premier plan, au niveau de la porte ouverte, le paillasson de l’entrée agrémenté de trois éléments en forme de crânes découpés dans la même matière, et une pancarte en chêne (reste du parquet de la bibliothèque du Moulin) pyrogravée, mentionnant la nature de l’atelier et la bonne direction, posée sur une chaise escabeau de bibliothèque. Au deuxième plan nous devinons, plongés dans l’ombre, quelques produits des activités plasticiennes de JC.

L’appât du Vain

Étant donnés*1

Son récent changement de cadre
Son prochain départ
des cadres institutionnels

La chute*1 d’os du revenez-y
de ses actions virtuelles

La baisse programmée de ses revenus
Le prix du gaz*1 et de l’éclairage*1

La Crâneuse
jusqu’ici dans le cas d’os non mercantile
décide de donner un cadre à ses desseins
pour se lancer dans le commerce*2 du vain.

L’heureux et inconscient acquéreur*3
d’un dessin de Juliette
se verra offrir le cadre improbable
ready-made*1

choisi avec tsoin-tsoin
et qui va avec

*1 Décidément Duchamp n’est jamais loin Deschamps.
*2 A prix modique (mode hic) et mode aérée afin d’arrondir ses faims de Moi.
*3 Juliette Charpentier sollicite l’avis de ses interlocuteurs sur le juste prix (pris ou pas pris) de ses petites créations.

Profil de Gertrude, graphite sur papier dans son cadre en pur plastique made in China chiné avec soin par une crâneuse.
20 x 17 cm.

Cela fait onze ans et neuf mois
que Juliette crâne à dessein
sur le Web

 

Étude de légumes du jardin au crayon aquarellable sur papier dans un cadre bois chiné avec soin par une crâneuse. 20 x 15 cm.

Peinture à l’Os

 

C’est la rentrée :
Reprenant les notions à la base de l’Os,
la Crâneuse promet de s’appliquer
tout en cultivant
une certaine économie de moyens.

JC, septembre 2018, La Peinture à l’Os, pastilles de peinture gouache modifiées, boite en plastique de récupération, 23 x 10 x 2 cm.

Cela fait exactement dix ans et huit mois
que Gertrude
reste simple
dans les situations compliquées.

La vain-ture à l’Os
c’est bien plus rigolo
que le vin chu dans l’huile.