Juliette Charpentier, Détail de Gertrude,
Les Chants de Maldoror, Chant cinquième.
Juliette Charpentier, Détail de Gertrude,
Alors, les chiens, rendus furieux, brisent leurs chaînes, s’échappent des fermes lointaines; ils courent dans la campagne, ça et là, en proie à la folie.
Je n’ay plus que les os, un Schelette je semble,
Decharné, denervé, demusclé, depoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé,
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
Apollon et son filz deux grans maistres ensemble,
Ne me sçauroient guerir, leur mestier m’a trompé,
Adieu plaisant soleil, mon oeil est estoupé,
Mon corps s’en va descendre où tout se desassemble.
Quel amy me voyant en ce point despouillé
Ne remporte au logis un oeil triste et mouillé,
Me consolant au lict et me baisant la face,
En essuiant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu chers compaignons, adieu mes chers amis,
Je m’en vay le premier vous preparer la place.
J’ai déjà une malle pleine de pièces et de râteliers. Vous ne pouvez croire quelle est ma joie lorsque seule je m’amuse à feuilleter ma collection. Dans mon boudoir, j’ai suspendu au plafond par un fil toute une mâchoire reconstituée. C’est merveilleux. Il m’arrive de la baiser sur les dents, après l’avoir fait se balancer comme un pendule. Moi seule sais quelle signification a ce sourire régulièrement déplacé qui finit par se tenir immobile. L’instant du repos est celui du baiser.