Neuf de Mars


Souvent la légende recouvre le néant,
parfois elle n’est qu’un très pâle reflet de la réalité.

Philippe Soupault
Les Dernières Nuits de Paris.

    Voici à présent un peu plus de quatorze mois qu’un crâne humain nommé Gertrude est en ligne sur Internet.
    Gertrude apparaît ainsi sur un blog, Le Blog de Gertrude, qui au fil du temps est devenu triple avec Le Blog de Gertrude rose, puis Le Blog de Gertrude noire.

    Cette expérience représente une étape dans ma pratique plastique, aventure, quant à elle, commencée il y a une trentaine d’années.

    L’origine du « face à face » avec Gertrude trouve sûrement ses racines dans mon histoire personnelle dont je livre quelques bribes dans le texte Peindre des coquillages. Gertrude y a sa place parmi les coquilles trouvées sur mon chemin.

    L’aventure de Gertrude commence véritablement à une période, où une voie se précise dans le magma de ma pratique, ouvrant définitivement cette dernière à son absolue nécessité. Gertrude surgit à ce moment-là, sans véritable hasard. J’évoque cet épisode de mon existence dans le texte Collision initiale.
    Gertrude est présente depuis, mais s’impose dans mon activité de façon quasi exclusive depuis quatre ans.
    De modèle occasionnel, elle devient centre de mon intérêt plasticien dans la mise en œuvre de dispositifs de plus en plus complexes, pour enfin aboutir à sa mise en ligne. Ce dernier acte survient ainsi, dans une logique de sophistication de sa monstration. Je raconte l’évolution de ma relation au crâne Gertrude, le passage à Internet, et les tumultueux premiers mois du site de Gertrude, peu à peu devenu triple, dans le texte La Vérité en Gertrude.

    Il ne s’agit pas pour moi de redire dans ce nouveau texte ce qui a déjà été écrit, mais de jeter un regard plus distancié sur le chemin qui m’a amenée ici.    Je reprends ainsi la plume dans l’interrogation, qui de plus en plus m’habite, sur la nécessité ou pas de poursuivre l’expérience Internet de Gertrude, sur les finalités et limites de cette dernière, sur mes desseins avoués et inavouables de continuer le voyage et les raisons de plus en plus floues qui me font repousser l’instant fatidique où j’appuierai sur le bouton de déconnexion.
    Évidemment, cette fuite en avant à laquelle je m’abandonne, non sans délices, ne peut qu’être confortée et bercée, et donc prolongée par cet état de doute, et par tous les possibles que semble ouvrir le hasard sous mes pas.

    Aussi l’expérience de « Gertrude en ligne » apporte un éclairage rétrospectif sur ma pratique : la dérive du vaisseau Gertrude dans les espaces improbables d’Internet aligne en perspective la succession d’évènements qui l’y ont amenée, ou plutôt qui m’y ont amenée. Evénements que je suis tentée de fédérer sous le terme de « rencontres ».
    Je distingue cependant cette notion  de « rencontres » de la « Rencontre » (à laquelle je donne une majuscule) circonstance unique et rare où deux êtres, aux premiers regards, aux premiers mots, se reconnaissent chacun dans les yeux de l’autre, dans une réciprocité immédiate, savent avoir toujours été là avant d’avoir été, vivent soudainement plus fort ce supplément d’âme et, simultanément, meurent un peu dans la mesure de sa perte irréparable.
    Les rencontres, sans exclure pour autant les Rencontres qui ont décidé de mon maintien en vie, sont les petits cailloux de ma rivière. Robert Alexis dit au début de La robe : C’est un lieu commun de prétendre que certaines rencontres infléchissent le cours d’une vie, l’orientent dans une direction jusqu’alors insoupçonnée.
    Les rencontres sont les jalons de mon parcours, qu’ils soient les piliers des figures hiératiques de mon enfance, les modèles, artistes et maîtres de mes initiations, la modestie des êtres aux petites tâches, le magnétisme de certains lieux, l’écho puissant de quelques textes, la fascinante mémoire des objets trouvés, mais également les obstacles, les résistances, les frustrations et blessures d’âme. Autant de « collisions » qui ont fourni l’énergie de ma mécanique, qui ont alimenté le moulin de ma rage.

    Si j’ai lutté longtemps pour garder le cap, l’illusion de la cohérence, un semblant de maîtrise sur les circonstances, il me semble à présent (est-ce l’âge ?) que je me livre, pieds et poings liés, au hasard. Je lui ai fait un lit au sein de ma pratique, développant de plus en plus une capacité d’éponge, à absorber, m’adapter, et me déplacer au gré des flots de mon aventure, posture qui trouve toute sa raison d’être dans ce dernier épisode cyber.
    Paradoxalement, je perçois cette démarche, permise par les « nouvelles technologies », comme presque moyenâgeuse, comme un départ vers l’inconnu depuis la forteresse rassurante de ma sphère intime, telle une quête par-delà les contrées fantastiques, à la merci d’ailleurs inquiétants où tout fait signe dans un monde de merveilles et de sortilèges. 

    L’étrangeté de l’espace Internet semble tenir à la distorsion des rapports spatiotemporels qui lui sont propres. Une distorsion qui se répercute directement sur les relations qui s’établissent entre les personnes : chacun joue de la plasticité des limites de son site, mouchoir de poche de son ego, absurde intimité, dans un jeu non maîtrisé, de toute façon non maîtrisable, avec un cosmos immatériel dont l’expansion supposée lui donne le vertige et dont il redoute et souhaite le voyeurisme. Les distances réelles, pourtant à l’échelle d’un pays, voire du monde, s’abolissent dans un contact direct, dans une proximité et une familiarité d’emblée établies, où l’affect s’invite brutalement.
    Telle est la « rencontre » sur Internet, violente, émotive, déstabilisante, presque dangereuse si on perd la conscience de sa singularité, si on ne revêt pas d’armure analytique.

    Il me semble que mon projet initial (que je décris dans le texte La Vérité en Gertrude) qui était d’entrée, de considérer Internet comme matière à réflexion, m’a permis de rester armée, de ne pas me laisser désarçonner par mon émotivité ou de ne pas me noyer dans l’affect, bien que j’eusse, depuis, semé quelques plumes de ma carapace. Je peux prétendre ( fi de la modestie),  n’avoir jamais basculé au-delà de l’équivoque, dans d’illusoires sentiments autre que l’amitié (mais le terme est-il juste ?) avec mes interlocuteurs, même si j’ai entrevu avec certain les limites du jeu.

    Là, j’ouvre une parenthèse pour vous rassurer, vous qui me lisez, que vous soyez fidèle interlocuteur de Gertrude ou simple passant : Mes intentions  ne sont en rien d’aboutir à des « rencontres » d’ordre réel, et  ma démarche n’est aucunement le reflet de ma « vraie vie » ou d’un vide affectif justifiant de tels desseins ; mais plutôt celle de tenter une forme de communication autour, ou plus précisément à travers ma pratique, de constituer cette communication en tant que paramètre de l’expérience particulière de la construction de ce blog, dont l’objet central est la non moins particulière Gertrude. Je tente ainsi de dépasser par cette communication, la banalité de la courtoisie pour amener l’échange à être événement  moteur de cette construction, quitte à employer les moyens de la séduction et de la provocation.

    Il est impossible d’atteindre le sens de ma posture sans considérer Gertrude comme le pivot incontournable de mon entreprise.

    Certes, reste humain, squelette vide, indice d’une existence oubliée, Gertrude est rangée depuis longtemps par moi au rayon des petites divinités domestiques. Aussi familière et inoffensive qu’un héritage de famille, elle en a la dérisoire valeur.
    Pourtant, en ce lieu d’Internet, ce modeste Lare perd sa neutralité d’objet inerte, se réactivant à la croisée d’un ridicule, juste assez ridicule pour être tourné en dérision, et d’un inquiétant, juste assez inquiétant pour ne pas se faire oublier.

    Dans cet espace virtuel, exposée aux yeux de tous, la figure de Gertrude (j’emploie « figure » au-delà de la notion de face, plutôt dans le sens de la Métaphore ou topographie d’une nébuleuse) reprend à son compte, toute la symbolique de la Tête de mort, emplissant le puit sans fin de son crâne et l’obscurité de son regard du paradigme de la Mort. Elle devient signal, probablement un peu effrayant, au frontispice de son triple espace, surgissant à son ouverture, sur l’écran du navigateur hésitant.
    Elle est déclinée à tous les étages de ses trois sites, tantôt comme objet, tantôt comme sujet : Elle apparaît tour à tour par ses représentations mises en scènes  dans des réalisations plastiques tout à fait tangibles, également comme avatar virtuel d’un moi que je lui prête.
    Là, réside sa raison d’être : être simultanément raison et moyen de l’échange. Être Interface, la face placée entre ce que je projette et les perceptions, les réceptions de l’autre. Elle oppose aux regards un aspect suffisamment labile pour ouvrir, par-delà sa physionomie fuyante, une cosmogonie de fantasmes, autant de possibles d’existences , de mémoires, de désirs et des destinées dont on veut bien la doter ; elle sait que batifoler avec la Mort, dont elle frôle le tabou, révèle nécessairement la présence d’Éros au côté de Thanatos.

    Gertrude, la pathétique, s’accroche, dans les yeux de ses interlocuteurs, au moindre lambeau d’humanité encore collé à ses os.
    Gertrude respire, parle, aime… Bien sûr, tout cela par mon truchement.
    Personne n’est dupe ; ni mes interlocuteurs, ni moi, ni Gertrude.
    C’est un jeu, aux ficelles volontairement grossières :
    Gertrude, sous prétexte de résurrection, emprunte ma voix, mes mains, mon ego ; je revêts, quant à moi, son masque de Mort.
    Gertrude se nourrit des derniers feux de mes complaisances ; je me vautre dans le néant de ses orbites.
    Gertrude existe, elle plaisante ; je ricane avec l’élégance du désespoir.
    Gertrude devient invincible ; d’aucuns pourront prétendre que je caresse et apprivoise ma fin, que je joue les Vanités ou me joue de la Vanité.

    Vanité grimaçante des masques de James Ensor qui cachent en révélant, qui occultent les apparences et retournent comme un gant les intérieurs putrides.
Mais la dualité s’avère insécable : Gertrude ne peut être moi sans que je sois elle ; de la même façon, ce que je présume être la perception de l’autre n’est fatalement qu’une projection de ma part ; Ce « Gertrude-moi », vraisemblablement, n’appartient plus à Gertrude, ne m’appartient plus. Il n’est ni Gertrude ni moi, car nous y avons mélangé nos brumes.

    La seule chose qui subsiste, aussi virtuelle qu’elle soit, est l’image de Gertrude, ce que l’œil perçoit sur l’écran qui serait une Gertrude mise en image, mise en mots, par des photographies, des vidéos, des images numériques et des textes ; la preuve paradoxalement rassurante de l’existence du référent Gertrude en tant qu’objet posé dans l’étagère d’un espace réel.

    Gertrude n’est rien, rien qu’un objet, vide de mémoire, laissant béant ses territoires…
    Dans le temps suspendu
    Je vous espère

    Gertrude
    Gertrude et moi
    Gertrude et vous
    Vous et moi.

Juliette Charpentier
Paris, le neuf mars deux mille neuf

La Vérité en Gertrude….

*Cliquez sur le x de texte
pour le lire si vous n’avez pas le temps de visionner la vidéo

J’ai voulu ce blog comme une

 
Provocation…
Gertrude en est la Fiction…
Tout y est Stratégie…
Vous y êtes….
 

Je vous dois la Vérité en Gertrude…

Chapitre 1
Conseil: Laissez poser la vidéo quelques instants pour permettre son chargement.

Et je vous la dirai.

Chapitre 2
Conseil: Laissez poser la vidéo quelques instants pour permettre son chargement.

À Renato

À Domy
Tex*te écrit entre le 14 septembre 2008 et le 29 septembre 2008.

*Cliquez sur le x de texte
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J’agis toujours d’accord avec moi-même, c’est-à-dire en complet désaccord avec ceux qui vivent en dehors de moi.


Philippe Soupault, L’Ombre de l’Ombre in La Révolution Surréaliste.

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ANNIVERSAIRE!

10
Octobre 2008

Dans une Lecture Rétrospective,  Le Capitaine justifie et réajuste Gertrude aux exigences de la Vérité.
Soufflez la onzième bougie :



NEUF AVRIL 2008: l’Exception au Capitaine.

« Aussi pendant sept années,
 ai-je étudié les effets de l’accouplement
du jour et des objets. »

Honoré de Balzac, Le chef-d’œuvre inconnu.
Judith
ou l’histoire d’une
Collision initiale.

        En 1984, j’étais élève aux Beaux-arts. Un jour, j’eus une très vive altercation avec un jeune enseignant de l’école. Ce n’était pas la première fois que je me querellai avec ce professeur qui, à l’évidence, n’appréciait ni mon travail ni ma personnalité. Cette fois, l’échange fut très violent. Nous nous traitâmes mutuellement de tous les noms d’oiseaux et le ton monta très vite. Quand la dispute atteignit son paroxysme, mon interlocuteur eut cet ultime argument : « Tu n’es pas Juliette, mais Judith. Tu es aussi dangereuse que Judith… ».
       
        Hors de moi, je fus particulièrement exaspérée par cette insulte dont je ne saisissais pas le sens. Animée par un très fort désir de vengeance, je me lançai dans des recherches pour comprendre cette phrase sibylline. Ces dernières m’amenèrent rapidement au texte de l’Ancien Testament dans le livre de La Bible. Je m’en procurai un exemplaire et ouvrai pour la première fois ce livre. À mon grand étonnement, j’y découvris un chapitre entier consacré à l’histoire de Judith et surtout un texte merveilleux, poétique et sensuel.

        Judith, dont le nom signifie « Fille de Judée », était une jeune femme très belle qui vivait à Jérusalem. Veuve, elle allait, vêtue de noir et la tête couverte de cendre. Un jour, la ville de Jérusalem fut assiégée par une armée ennemie. Judith décida de sauver son peuple. Elle endossa ses plus beaux vêtements et se couvrit des plus riches parures d’or. Accompagnée de sa servante, elle alla à la rencontre d’Holopherne, le chef des ennemis. Elle entra dans sa tente, accepta de partager son repas et entreprit de le séduire. Holopherne, qui était jeune et beau, fut saisi d’un violent désir envers Judith. Ayant aussi un peu bu, il en oublia sûrement toute méfiance. Judith, profitant de cet instant de faiblesse, s’empara du cimeterre caché dans le sac que portait sa servante et trancha la tête d’Holopherne. Elle revint victorieuse à Jérusalem avec le trophée dans son sac. La tête d’Holopherne fut exposée sur les remparts de la ville. À la vue de ce macabre spectacle, l’armée ennemie, privée de chef, prit la fuite. Judith fut traitée comme une héroïne.
       
        Quelques jours seulement après cette lecture, je découvris chez un brocanteur un livre écrit en allemand illustré en noir et blanc sur le peintre viennois Gustav Klimt. Le livre, à demi rongé par les rats, était en un tel état que le brocanteur m’en fit cadeau. Ce jour-là, je rencontrai l’œuvre de Gustav Klimt à travers des reproductions noir et blanc, très abîmées, accompagnées d’un texte écrit dans une langue totalement incompréhensible pour moi.
Je fus tout de suite fascinée par les images féminines et en particulier par la Judith I. J’entrepris de découper toutes les images du livre et je les recollai dans un vieux registre de compte que j’avais chiné précédemment. C’était un grand carnet avec d’une part des feuillets numérotés en papier de soie et d’autres en papier bible constituant un répertoire.
       
        Je photocopiai certaines images de ce livre reconstitué, ainsi que des pages du Livre de Judith de la Bible. Je commençai à travailler sur ces photocopies, redessinant, écrivant, et surtout recouvrant de peinture, certaines parties des images. Très vite je ne m’intéressai plus qu’à une seule image, celle de la Judith I de Klimt. Je réalisai un grand nombre de peintures sur les photocopies de la page n°306 de mon livre de compte. Je retraçai les formes, en recouvrai d’autres, recommençai souvent les mêmes gestes, jusqu’à connaître par cœur chaque détail du tableau.
      
         Les formes tirées de cette œuvre, à force d’être répétées, finirent par prendre une sorte d’autonomie ; rapidement, j’éprouvai le besoin de décliner sur d’autres supports ces éléments qui pouvaient perdre leurs sens figuratifs premiers et se métamorphoser au gré du texte de Judith que je relisais sans cesse. Ainsi j’avais puisé dans cette reproduction noir et blanc du tableau de Klimt une sorte de vocabulaire de formes polysémiques que j’allais utiliser pendant plus de deux ans dans ma pratique. Par exemple, la forme de la tête de Judith, son collier carré pouvaient jouer tour à tour le rôle de couperet ou se substituer à la tête décapitée, l’arbre en haut à gauche faisait écho à la main qui tenait cette dernière, les fruits et les éléments décoratifs jouaient ou la chute ou l’enfouissement et c…

        Je ne vis le tableau en couleur qu’à la fin de ce parcours lors de la grande exposition Vienne à Paris en 1986. Jusque-là, je n’avais pas été plus avant que mon ouvrage noir et blanc incompréhensible, dans mes recherches sur Klimt. Je fus déçue à la vue du tableau auquel j’imaginais une facture plus épaisse et plus riche.
       
        Pour ma part, j’avais introduit dans mon travail tout une gamme de matières qui avait presque pris le pas sur les formes du tableau de Klimt. J’utilisais de la cendre, du feutre, de l’huile, des feuilles d’or, du bitume dans des séries de petits formats ponctuées de très grands. Ces derniers saturés de matière ont été jusqu’à peser quatre-vingts kilos. Ce travail sur Judith constitua un ensemble de plus de quatre cents pièces avec lequel j’envahis le grand hall de l’école le jour de mon Diplôme. Au bout de ce parcours, mon travail se détacha peu à peu de l’histoire de Judith. Il évolua vers d’autres domaines tout en gardant la persistance de certaines formes et certains matériaux.
       
        Accompagnant cette immersion dans l’histoire de Judith, un autre texte s’imposait à moi comme une obsession : celui du Chef-d’œuvre inconnu de Balzac, texte que m’avait fait découvrir un autre enseignant de l’école, Alain Borer.
       
        Parallèlement à cette aventure qui habitait ma pratique picturale, une autre expérience, beaucoup plus confidentielle, était en train de changer à jamais ma vision, et nourrissait secrètement mes Judith : Depuis quelques mois, j’allais passer une après-midi par semaine à la morgue du C.H.U. de la ville. J’observais, je dessinais, je peignais, je contemplais les cadavres, couchés sur les tables de dissection, de ceux qui avaient donné leur corps à la Science. Je m’étais liée d’amitié avec les personnes qui travaillaient dans cet endroit très particulier, où il était de mise d’être en même temps carabin et poète, trivial et sentimental, grossier et pudique.  Surtout, la dérision y était obligatoire.

        C’est en ce lieu violent et serein, inquiétant et accueillant, étrange et bouleversant à la fois, que j’ai trouvé Gertrude.
        C’est, aujourd’hui, neuf avril deux mille huit, en ce lieu virtuel tout aussi surprenant, que je raconte cette histoire pour la première fois.

Juliette Charpentier,
Capitaine du Vaisseau  Cybergalactique Gertrude.
Paris, le neuf avril deux mille huit.

1984, Judith, technique mixte sur photocopies, 21 x 29,7cm.

1984, Judith, huile, bitume, or sur papier, 30 x 40cm.

1984, Judith, huile, or sur feutre bitumé,10 x 12cm.

1984, Judith, huile, or sur feutre bitumé, 15 x 29cm.

1985, Judith, huile, cendre bitume, or sur feutre bitumé, 200 x 330cm.

1985, Judith, huile, cendre bitume, or sur feutre bitumé, 200 x 330cm.

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ANNIVERSAIRE!
4
Avril 2008

Une date clé pour ouvrir le coffre des Secrets du Capitaine :
Du pouvoir de la Cendre, de l’Or et du Bitume sur l’évocation  des Décapitations.
Soufflez la cinquième bougie :