Epithaphe.


Ce fut une bien belle Conversation.
Bonjour, Monsieur Garone.
renatogarone.over-blog.fr


Ô poulpe, au regard de soie! Toi, dont l’âme est inséparable de la mienne; toi, le plus beau des habitants du globe terrestre, et qui commandes à un sérail de quatre cents ventouses; toi, en qui siègent noblement, comme dans leur résidence naturelle, par un commun accord, d’un lien indestructible, la douce vertu communicative et les grâces divines, pourquoi n’es-tu pas avec moi, ton ventre de mercure contre ma poitrine d’aluminium, assis tous les deux sur quelque rocher du rivage, pour contempler ce spectacle que j’adore!

Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont, Les chants de Maldoror, Chant Premier.

Miracle Soupault!


Je n’ai rien à perdre
rien que ma vie
et ce bruit
orage misérable

Philippe Soupault

Le seize juin deux mille huit, je me fais voler mon sac et toutes mes affaires lors d’un « car jacking ».
Le douze aout deux mille huit, déjeuner en amoureux à Cahors, je brûle un cierge dans la petite chapelle dédiée à Saint Antoine.
Le vingt quatre septembre deux mille huit, dans le hall d’un immeuble à Aubervilliers, est retrouvé un livre de poésie de Philippe Soupault accompagné d’un cahier de brouillon plein d’annotations sur une certaine Gertrude,  quelques photographies personnelles, des clés et des papiers sans importance.

Ô miracle!
Un Cygne.

Vive la Liberté! Hommage à Nelly Kaplan.

Juliette Charpentier, autoportrait photographique, 1982


J’ai vraiment tout fait
Pour rester seule et libre.
J’ai fui mes amants,
J’ai coupé les mains qui s’accrochaient aux jupes,
J’ai injurié les tendresses classiques,
Les sentiments vulgaires,
Le bonheur appliqué.
Je voulais l’amour fou, les vertiges.
Je ne les ai pas eus.
Et je suis restée seule
Comme le premier saurien sortant de l’eau.
Je ne regrette pas les inutilités laissées derrière moi;
L’absurde nostalgie du bonheur.

Nelly Kaplan, Poème inédit, Les Cahiers de Philippe Soupault