Dérive.

Peindre des coquillages
ou
la Dérive
comme procédé de Navigation.


Juliette Charpentier, aout 2008

Avertissement:

Attention, sympathique visiteur,
dans cette vidéo,
le Capitaine se laisse emporter
par les flots nostalgiques d’une introspection incontrôlée*.
Si vous ne voulez pas risquer de chavirer et
être complice de ce naufrage,
coupez le son!

*Les dernières lignes de ce texte ont été écrites le 13 aout 2008
à Beynac, en Dordogne, où reposent les cendres de mon père
qui aimait tant la mer et les bateaux.

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ANNIVERSAIRE!

8
Aout 2008

Une Déambulation du Capitaine le long des Hautes Rives de ses Dérives à la recherche des petites coquilles semées par le Hasard.
Soufflez la neuvième bougie :


Canopée n°5.

                La lumière, cette reine des couleurs qui se répand sur tout ce que nous voyons me flatte durant le jour par mille divers attraits, lors même que je pense à autre chose, et que je ne prends pas garde à elle: elle se glisse si avant dans nous et nous devient si agréable, que s’il arrive qu’elle nous soit tout d’un coup ravie, nous la cherchons avec ardeur, et notre esprit demeure triste si nous en sommes privés pour longtemps.

Saint Augustin, Confessions.

Topographie n°4.

Juliette Charpentier, Détail de Gertrude,
13 x 16 cm, mine de plomb.

                J’ai déjà une malle pleine de pièces et de râteliers. Vous ne pouvez croire quelle est ma joie lorsque seule je m’amuse à feuilleter ma collection. Dans mon boudoir, j’ai suspendu au plafond par un fil toute une mâchoire reconstituée. C’est merveilleux. Il m’arrive de la baiser sur les dents, après l’avoir fait se balancer comme un pendule. Moi seule sais quelle signification a ce sourire régulièrement déplacé qui finit par se tenir immobile. L’instant du repos est celui du baiser.

Georges Ribemont-Dessaignes, L’autruche aux yeux clos.

Topographie n°3.

Juliette Charpentier, Détail de Gertrude,
13 x 16 cm, mine de plomb.

Est-ce toi qui m’abandonnes
est-ce moi qui t’abandonne
mort que je guette et que j’attends
le jour la nuit tout à l’heure
pourquoi serais-je si différent
compagne discrète et silencieuse
qui sait mon âge mon nom mon heure
toi qui me guettes toi qui m’attends
nous nous rencontrerons demain
ou dans dix ans ou dans une heure

Philippe Soupault, Avec et sans phrases.

Canopée n°2.


            En quelle manière sont donc ces deux temps, le passé, et l’avenir ; puisque le passé n’est plus et que l’avenir n’est pas encore ? Et quant au présent, s’il était toujours présent, et qu’en s’écoulant il ne devint point un temps passé, ce ne serait plus le temps, mais l’éternité. Si donc le présent n’est un temps que parce qu’il s’écoule et devient un temps passé, comment pouvons-nous dire qu’une chose soit, laquelle n’a autre cause de son être, sinon qu’elle ne sera plus ? De sorte que nous ne pouvons dire avec vérité que le temps soit, sinon parce qu’il tend à n’être plus.

Saint Augustin, Confessions.

Canopée n°1.


        Si le temps est très beau, il advient que j’en sois légèrement angoissé : c’est mauvais signe qu’il fasse si beau, quel saumâtre événement  cela peut-il bien présager ? De même, si je prends un plaisir quel qu’il soit, je suppute les chances que j’ai d’être mis en demeure, dans un avenir très proche, de le payer, et au centuple encore ! car le sort n’est qu’un usurier.

Michel Leiris, L’age d’homme.