la Science de Gertrude
qui va justifier
ses louches transactions.
« Il y a celui qui fait le photographe et celle qui a de l’haleine en dessous. »
(A bruit secret)
Tel est le titre de ce « ready-made aidé »: une pelote de ficelle entre deux plaques de cuivre réunies par quatre longs boulons. A l’intérieur de la pelote de ficelle, Walter Arensberg ajouta secrètement un petit objet qui produit un bruit quand on le secoue. Et à ce jour je ne sais ce dont il s’agit, pas plus que personne d’ailleurs.
Sur les plaques de cuivre, j’inscrivis trois courtes phrases dans lesquelles des lettres manquaient ça et là comme une enseigne au néon lorsqu’une lettre n’est pas allumé et rend le mot inintelligible.
Six images spéculaires montées en épingle dans le miroir.
Alors, la lampe au bec d’argent reparaît à la surface, et poursuit sa marche, à travers des arabesques élégantes et capricieuses.
C’est l’histoire d’une petite fille de cinq ans.
Elle vient d’arriver avec ses parents dans un petit village de brousse du Sud malgache.
Auparavant, ils vivaient au Soudan, à Khartoum.
À Khartoum, les parents de la petite fille avaient essayé pendant une semaine de la mettre à l’école maternelle française. La maîtresse s’appelait Mme Vilain. La petite fille avait pleuré sans s’arrêter pendant toute la semaine, à tel point que la maîtresse ne pouvait plus la supporter et que ses parents avaient été obligés de la retirer de l’école. La petite fille ne savait pas à ce moment-là que cet événement changerait son destin à jamais. Elle fut ensuite gardée à domicile par une femme soudanaise ; il lui en reste, à présent, le souvenir d’une grande silhouette drapée de noir.
Dans le village malgache, les parents de la petite fille n’ont encore trouvé personne pour s’occuper d’elle. Quelqu’un leur parle de la Mission des Pères Blancs ; les bonnes sœurs s’y occupent de quelques orphelins. Durant quelques semaines, lorsque ses parents travaillent, la petite fille est donc confiée aux sœurs de la Mission.
Elle aime bien cet endroit qui ne ressemble pas vraiment à l’école, et où elle retrouve un petit groupe d’enfants malgaches. Il y a des petites maisons blanches couvertes de tôle et une cour en terre rouge avec des arbres. Au milieu de la cour, il y a une grande statue blanche d’une dame avec une longue robe à plis et un bébé dans les bras ; c’est la Sainte Vierge. Les sœurs, elles aussi, habillées de longues robes blanches, sont gentilles. Chaque jour, les sœurs et les enfants se réunissent autour de la statue pour prier : il faut presser ses mains l’une contre l’autre et regarder vers le ciel, là où habite la vraie Sainte Vierge, et il faut réciter des sortes de poèmes pour lui parler.
Pendant que les enfants plus grands apprennent leurs leçons, la petite fille, elle, dessine beaucoup. Les bonnes sœurs lui ont appris aussi une nouvelle méthode pour découper les images : avec la pointe d’une épingle à nourrice, il faut faire de petits trous tout autour de l’image et quand les trous sont assez rapprochés, on peut délicatement détacher l’image ; C’est plus minutieux et plus précis que les ciseaux; c’est surtout captivant. Devenue adulte, elle éprouvera le même plaisir à pratiquer la broderie.
Plus tard, quand la petite fille reste à la maison avec sa nourrice Delphine, elle continue à découper les images avec une épingle.
Mais elle garde aussi un secret que ses parents n’ont pas l’air de soupçonner. Quand elle se promène avec eux le soir au bord du Fleuve, elle regarde le ciel aux étoiles naissantes. Son père, qui est un ancien marin, lui parle des constellations, lui apprend à les reconnaître et à les nommer. Mais la petite fille se garde bien de lui révéler ce que cachent, en vérité, ces petits trous d’épingle dans le ciel, ni ce qui peuple les nuages au loin, chargés de pluie tropicale. Elle seule sait que dans les cieux habitent la Sainte Vierge, le petit Jésus, le Bon Dieu et peut-être bien le Père Noël. L’idée la remplit d’émotion mais aussi de terreur.
Heureusement, elle a trouvé un endroit dans la maison, au fond de la penderie sous l’imperméable de sa mère, où elle se sent à peu près hors de portée de ces regards célestes.
Le cadre au verre bombé et à l’entourage de plastique contenait à l’origine l’image de Saint François Régis, patron des Jésuites. Il a été acheté sur internet le 20 juin 2007. La dentelle en papier provient d’une des nombreuses boites de calissons d’Aix que JC a mangés; ce sont ses friandises préférées.
Branchez votre casque
et laissez fondre.
La recette de la pate à sucre a été trouvée sur internet
le Lundi de Pentecôte
sur le Blog de Martine qui a » quatre enfants et un mari merveilleux. »
1- Le 13 mai 2008 à 10h45, un chewing-gum donné par Jean-Luc. Ce chewing-gum est énergétique comme le E de Gertrude ; il est de la même couleur que le T-shirt de la jeune fille inconnue dont le prénom commence par G ;
Gertrude remercie ses amis et camarades, dix-huit généreux donateurs*
qui lui ont confié leurs trésors et fourni matière à cette Relique composée et assemblée par Juliette Charpentier le 16 mai 2008 dans le Val de Marne.
* Aucun d’eux ne connaissait véritablement l’univers de Gertrude. Les miraculeuses connivences des objets avec Gertrude ne sont dues qu’au hasard qui n’existe pas dans les champs magnétiques de l’ entente collégiale.
C’est ce qui va arriver cette semaine.
Pauvre Gertrude,
Priez pour Elle
J’attends vos premières impressions dans l’espace commentaires ci-dessous.
*nota-bene: l’interaction entre Juliette Charpentier et Renato Garone relève du seul domaine du virtuel et de l’écho système Dada