JC, 2011, mine de plomb, 21 x 29,7cm
À terme, le « savoir » l’emporte alors sur le « voir ».
Daniel Arasse, Le Détail
Gertrude mène la revue et inventorie ses effets depuis trois ans et cinq mois
Article dédié
à tous les okulistes kréduls
Qu’importe le flacon (c’est çuila que je vois en premier)…
G Noire détient le coup de dé du Hasard…:)
Et si on secoue le flacon ?……
C’est çuilà qui dit qui voit.
Il ne faut pas trop dé-ranger le sort.
Présent, capitaine !
🙂
Dans savoir il y a voir, et voir, c’est croire, comme on dit. S’il faut le voir pour le croire, convient-il de bien l’entendre (tu radotes Charlotte). Le savoir est une chose, l’appliquer en est une autre. Le savoir est une arme, m’a dit un jour un canard, juste avant que je ne lui torde le cou.
Je suis un peu dans l’expectative… pour dire vrai. Je ne sais quoi penser… Faut-il, comme Heidegger, penser que «Ce qui donne à penser dans notre temps qui donne à penser est que nous ne pensons pas encore.», – c’est m’a phrase du moment – ou nous fier à nos seuls sens.
La croyance domine le voir, c’est certain ; on peut même dire qu’elle le définit, ce qui est un comble, à croire que j’ai la berlue, turlututu.
Parbleu ! St Thomas était-il un illuminé !
De là à dire que le «savoir» anticipe le «voir», il n’y-a qu’un pas.
J’ai l’esprit en escalier et fortement moulé à l’empirique, si bien que quand je tombe, je continue à me cogner contre les arêtes de la réalité: quand je dessine, j’ai la sensation de lutter entre la vision ignare et le savoir aveugle; j’arrive à dessiner quand j’ai réussi (un peu) à botter le cul au dernier.
Mais l’expérience est à chaque fois angoissante; et tout repart à zéro à chaque fois….
Mais je savais que cette phrase te donnerait du grain à moudre, bien plus que mes petites expériences de dessin.
« C’est trop long » :)… juste non, pas moins ou plus, juste mon incapacité à en dire quelque chose (pour l’instant), tu sais bien qu’avec moi il ne faut jamais désespérer de rien.
Quoi que, il ne faut négliger ce fond obscur de désespérance atavique collé à mes basques.
En fait, j’aime bien tes dessins, il y a une force en eux, un quelque chose de presque (sentencieux)… un étrange mélange de pondération, de précision topographique et de rigueur enfantine.
Ne rien faire, ne rien espérer, telle est ma devise.
Et le miracle…
Il faut bien s’asseoir sur quelque chose; après tout dépend de la qualité de la colle.
Il va falloir préciser le presque et donner un pourcentage précis des ingrédients; je trouve que cela manque un peu de rigueur comme analyse toussa.
C’en est même un peu inquiétant comme mélange.
Tes dessins ont une puissance onirique stupéfiante, sitôt plongée dans l’une de tes œuvres, une force impérieuse nous emporte vers des contrées étranges et singulières, des lieux où le merveilleux côtoie le démoniaque.
Je ne sais comment expliquer ce phénomène, sans doute faudrait-il inventer un métalangage, ou alors, fredonner une mélodie, ou bien, esquisser quelques pas de danse et convertir les vibrations en variations, prendre le tout et l’additionner à un œuf cuit mollet… et surtout, ne rien dire à la poule du sort que l’on réserve à ses poussins.
Déjà, je n’aime pas parler d’un sujet « en général », parler en général d’un sujet revient à tuer le particulier, et seul ce qui est particulier, singulier, distinctif, m’intéresse. Chaque œuvre est à la fois spécifique, unique, distincte, particulière… c’est la singularité de l’œuvre qui lui donne ce caractère un si précieux, nonobstant et par delà son caractère universel et plurivoque.
Dessiner, peindre, me libère de toutes pensées, et me conduit à une pure jouissance musicokinesthésique (diantre, que ce terme et laid). A contrario, écrire me ruine la tête, m’arrache les synapses, me dégonde le cogito.
J’ai longtemps refusé l’écriture, la chose écrite, ces petites fientes foireuses que l’on dépose en ligne de gauche à droite et de haut en bas, m’inspirait alors un profond dégout. Encore aujourd’hui, je ne peux aligner des mots sans éprouver un malaise indéfinissable, un quelque chose qui résiste à l’analyse. Il y de nombreux sujets que je ne parviens pas exprimer, ni même à aborder, par écrit ; et c’est frustrant, horriblement frustrant. Au fond de ma caboche, il y a la somme de ce que je n’ai pas dit, un fond grouillant de pensées non-exprimées, non encore exprimées qui demandent, qui implorent, qui hurlent au fond de leur cachot.
Voilà, je n’ai rien de mieux à dire pour l’instant…
J’avais pas sommeil alors j’ai lu tous les commentaires de cet article et là, miracle !
Bonne nuit….
Oulala! Cher Krapo! Je déconnais, oeuf corse!
Alors…
1) Merci pour ces louanges qui me touchent; ceci est bien sûr indépendant du fait qu’elles ne sont pas forcément justifiées, encore moins méritées.
Je ne m’étalerai pas plus.
2) Merci, car ce que tu dis de l’écriture est ce que je ressens. Mais tu le dis si bien, tellement mieux que ce que je pourrrais exprimer, même en apprenant le petit Robert par coeur.
L’écriture en ce moment me rattrape pour le meilleur et pour le pire; le pire qui est tassé au fond de moi et qu’il va falloir cracher.
Précisez…. ça m’intéresse.
Je précise,
Tu précises,
Il précise,
Nous précisons,
Vous précisez,
Ils précisent.
Peu m’importent les interprétations, seules les petits signes serrés de ton écriture me suffisent car, sur les berges de leur fil, je marche dans le même sens. Peut-être que pour moi, le dessin et le bricolage sont autant de méandres qui m’emportent vers un même aval. Je te remercie de regarder de ton oeil avisé.
Quand je dessine, seule ma main voit, l’esprit lui est aveugle et se tait à toute interprétation. C’est mieux ainsi. Je ne cherche pas à faire un beau dessin. Il est juste là; cela vaut mieux ainsi.
Une façon de se dédouaner aussi!
C’est facile de préciser à la machine…
Rien ne vaut un petit ciselage à la main et à l’opinel.
On pourrait inverser la formule: Les praticiens sont des ratés de la pensée et se vengent…. par l’entremise du bricolage. 🙂
Je me sens de plus en plus décomposée… Pour un crâne, c’est le comble!
Les actions sans pensée ne sont pas des bombes à longues portées… Mais un stylo, mine de rien, cela peut aller loin.
Là j’avoue que la Fortune sans l’invention de la Roue aurait du mal à tourner avec le vent; et puis sans la roue peut-être que certains auraient du mal à écraser la gueule des autres.
On aurait pu juste inventer l’écrase-gueule mais il aurait été un peu trop répétitif et statique.
Bon la roue, ça permet quand même de se tirer de temps en temps loin des cons, même si on s’en farcit quelques uns en quatre roues motrices sur l’autoroute…
Et puis, il n’y aurait pas de moulins….
Je préfère ma première interprétation, qui, bien qu’elle puisse paraitre équivoque, ne l’est pas ; juste une parfaite et édifiante formulation de ce que je ne parviens pas à exprimer.
J’ai aussi cette impression lorsque je te lis, de trouver une expression bien plus belle que celle que je développe avec mes pitoyables petits jeux de mots.
« Comparer c’est détruire », disait-il, comparer c’est détruire… et je me dédouane une nouvelle fois d’avoir une opinion, Snork !
«Tous les penseurs sont des ratés de l’action et qui se vengent de leur échec par l’entremise des concepts.»
Emil Michel Cioran – Précis de décomposition
La pensée, lorsqu’elle n’est pas suivie, est moins dangereuse que l’action. Ça commence par un silex, et ça finit en bombe thermonucléaire.
Et je ne parle pas de Fortune et de sa connasse de Roue. Bon, j’admets qu’entre les deux, il y a eu des inventions plus plaisantes.