Étant donnée la chasse d’os

 

 Privée des troncs

Gertrude caresse le fantasme

de posséder un trouduc

pour pouvoir enfin péter os et fort

et montrer ses fèces

Étant donnée la chasse d'os

Étant donnée la chasse d'os

Étant donnée la chasse d'os

JC, avril 2016, La Boite à Caca Os,

La Boite: acrylique, vernis, lettres autocollantes et photographie numérique sur boite en bois, Le Caca: sucre glace, blanc d’oeuf et cacao en poudre le tout moulé avec une bonne dose d’amour digérée dans l’intestin virtuel,

L’ensemble: 10 x 5 x 5 cm.

Étant donnée la chasse d'os

Gertrude en est toute pétée des airs

(ptdr)

Car cela fait huit ans et trois mois

qu’elle digère en vain sur Internet

Cet article est dédié à Anne Hecdoth

et à son célèbre cas cabinet dard

 

Pendant que Gertrude évacue

Gertrude Rose fait le vide

et Gertrude Noire est dans le trop-plein

Outre Pictural Psoriasis

 

Voici bien longtemps que la Crâneuse souffre d’Outre Pictural Psoriasis

et que l’identification de l’Os la pèle

 

Elle est en crise de démangeaison

depuis huit ans et deux mois

 

Outre Pictural Psoriasis

JC, février 2016, Outre pictural psoriasis

Acrylique et vernis sur toile, 24x 30 cm

 La croute est servie show sur Gertrude Rose

et le buffet reste froid sur Gertrude Noire

 

 

Gertrude ou le cOsmetic Cinéma

 

Cela fait huit ans et un mois

que la Crâneuse vous fait sur la Toile

un authentique cOsmetic Cinéma

pour éviter de sacrifier au Web

la peau et les os sales

de sa propre face sans fard

 

Gertrude ou le cOsmetic Cinema

 

Gertrude ou le cOsmetic Cinema

JC, Janvier 2016, cOsmetic Cinéma ou CompOsition Poïetique en Boite n°7,

Fard à joues et à paupières, rouge à lèvres, vernis à ongles, cheveux de la Crâneuse fraichement coupés, colle, papier imprimé et découpé organisés dans un emballage de « coffret beauté », offert à la Crâneuse à l’occasion des fêtes de Noël, composé d’une valisette en carton sérigraphié aux poignées en ruban rose chair, d’une façade transparente en polyuréthane, de logements en polyuréthane transparent profilés en forme de produits cosmétiques (en cours d’utilisation) et d’un fond miroitant et réfléchissant. 25 x 20 x 7 cm

Gertrude ou le cOsmetic Cinema  Gertrude ou le cOsmetic Cinema

Gertrude ou le cOsmetic Cinema

 

Huit ans : Le grand Huit

 

Cela fait huit ans

que J et G

s’envoient dans le grand huit du virtuel

en faisant les trois-huit

 

Au moment même

où Juliette couche le Huit

dans les feuilles de son carnet

Gertrude en définit

l’Infini

recommencement du chiffre

 

Huit ans : Le grand Huit

JC, décembre 2015, Le grand Huit,

crayon sur papier, double page de carnet,

42 x 28 cm

 

Huit ans : Le grand Huit

 

G à l’œil

 

Cela fait sept ans et onze mois

que la crâneuse joue de l’aiguille et du couteau

sur Internet

et que la morte Gertrude s’en bat l’orbite

Mais aujourd’hui elle a le G à l’œil

et la toile en berne

 

G à l’œil

JC, novembre 2015, G à l’œil,

broderie au fil sur peinture acrylique passée au couteau sur toile,

20 x 20 cm

 

Cette fois c’est Gertrude noire qui est à l’honneur sortons les chiffons pour pleurer

 Gertrude rose, elle, continue à nous raser

 

G à l’œil

 

Gertrude marquette

 

Éternelle jeune fille

Gertrude a brodé son marquoir

Seule sa Mère Cière saura

en apprécier l’alphabet ossuaire

Mais encore faudra-t-il qu’elle l’expertise

à la lumière rasante du jour finissant

 

Gertrude marquette

JC, 2015, Le Marquoir de Gertrude (collection particulière),  fil, toile, environ 10 x 10 cm

Gertrude a sept ans et neuf Moi(s)

Connait-elle pour autant son abécédaire?

 

Gertrude marquette

 

 

Fumée sans Feue

 

Cela fait sept ans et huit mois

que la Crâneuse fume de l’os

pour produire de la cendre

 

La tabatière

 

La tabatière

 

 

Avant de fermer la porte définitivement sur les lieux où avait vécu ma tante Madeleine et qui dans quelques jours seraient vidés par des mains indifférentes, je ramassai à la hâte tous les napperons. Ils ponctuaient çà et là tables et guéridons, témoins de la patience de la brodeuse crocheteuse, indispensables à ce cocon feutré. Au dernier moment je pris la petite tabatière en bois, celle que j’avais toujours vue dans la salle à manger de mes grands-parents.

 

 Juliette Charpentier, Le Cahier de Jeanne, 2015 (extrait)

 

Gertrude Noire ouvre son livre de compte

en se demandant si Rose est encore Rose

 

 

Le Cahier de Jeanne

Cela fait maintenant sept ans et sept mois

que la Crâneuse

écrit çà et là

en cet espace

Mais il arrive qu’au fil de son écriture

elle délaisse l’Os séant

pour remonter aux sources

 

Le cahier de Jeanne

Le cahier de Jeanne

Tant de pages laissées vierges à jamais, qui m’incitent à écrire à mon tour. Malgré le désir que m’inspire ce cahier ce n’est pas sur ce support que je tracerai mes lignes. L’utiliser serait commettre un sacrilège, car il ne m’appartient pas, il est la transmission de mémoire telle que ma grand-mère l’a voulu. Mais j’écrirai et je n’aurai d’autres choix que d’écrire par fragments épars comme le fit ma grand-mère paternelle Jeanne.

 

Je commence à écrire le 19 juin, jour de l’anniversaire de mon père disparu en mars 99 mais je crois que j’ai pris cette décision au alentours du 13 mai date anniversaire de la naissance de ma grand-mère Jeanne, sa mère. Cette date, je l’ai trouvée sur le faire part de son décès paru à l’époque dans le quotidien local, petit carré de papier encadré de noir soigneusement découpé et collé par ma tante Madeleine à la suite du texte écrit par Jeanne. Ce texte n’est pas un journal, un journal, elle en tenait un et j’en parlerai plus loin, plutôt des bribes de souvenirs venus comme viennent les souvenirs et posés là sur le papier à la fin de sa vie probablement dans une volonté de transmettre.

 

Le cahier n’a rien de remarquable, les pages sont lignées, l’écriture est régulière, appliquée ; cette  dernière s’interrompt à la mort de ma grand-mère laissant 224 pages vides. Juste en dessous des derniers mots de Jeanne quelques lignes tremblées tracées par mon grand-père Baptiste, il devait mourir six mois après. Et puis, comme deux stèles dressées faisant barrière à toute suite, ces deux faire-part découpés et collés côte à côte : deux dates de naissance, deux dates de mort, même épitaphe.

 Juliette Charpentier, Le Cahier de Jeanne, 2015 (extrait)

 

Pendant que la Crâneuse écrit

La Rose est à l’ouvrage

et la Noire toute à la contemplation