Neuf de Mars: Hurler!

Un calme monumental recouvre tout, engloutit tout. Une trace subsiste, une. Seule, ineffaçable, on ne sait pas où d’abord. Mais quoi? ne le sait-on pas? Aucune trace, aucune, tout a été enseveli, Lol avec le tout.

 

Marguerite Duras,

Le ravissement de Lol V. Stein

 

HURLER

 

POUR RESTER

 

 

VIVANTE

 

HURLER
 

POUR MOURIR LIBRE

img_0058.jpg

Nous sommes le Neuf de Mars

et Gertrude est en Colère !

 

UNE COLÈRE NOIRE

UNE COLÈRE DÉCHIRANTE

UNE COLÈRE DE CHAIR

 

Mais elle se retient…

Oui, elle se retient..

Et son Hurlement

N’en sera que plus fort

N’en sera que plus terrible

Et de

Sa Liberté proclamée

Le seul miroir dans lequel elle

se regarde chaque matin

La seule eau dont elle se

désaltère

Le seul océan dans lequel elle

veut bien se noyer

 

Ne vous attendez pas

à ce qu’elle soit polie, policée,

docile, consensuelle, agréable,

sociable…

 

Non, Gertrude est Misanthrope

Gertrude est insolente

Gertrude se moque de tout

et

Elle se moquera jusqu’au bout…

 

 

Car…

Prochainement :

 

HOMMAGE À LUCIAN FREUD

 

 

En attendant vous pouvez toujours lire

La chair de Gertrude

 

03/03/2010: Contempler Gertrude pendant 3 minutes


De la subjectivité temporelle

comme procédé de recherche

de l’objet d’une perte de temps

Dites


03/03

et

  contemplez Gertrude pendant
 
trois minutes:

Laissez charger la vidéo avant de la visionner

Aujourd’hui, trois mars deux mille dix,
cela fait exactement deux ans et deux mois
que Gertrude est en ligne.

Je n’ai pas vu le temps passer…

N’oubliez pas que
Gertrude Rose et Gertrude Noire
comptent aussi

Dix Neuf de février: Vanité au laid ou sans sucre?


Lettre ouverte
à tous ceux
qui prennent les boîtes crâniennes
pour
des contenants à matières molles

 

img_0002.jpgJC, Autoportrait sans tête, mai 2009
« …telle Perrette et son pot à laid partant pour la foire aux crânes… »

     L’exposition C’est la vie* au Musée Maillol est de ces manifestations parisiennes qu’il est de bon ton de dénigrer, sans toute fois avoir négligé d’y avoir traîné. Et à défaut d’arguments, d’y avoir au moins traîné pour prétendre y être allé ; et, à défaut d’y être allé, de prétexter ne pas y avoir traîné pour avoir eu vent de quelques dénigrements à son sujet.

 

     En bonne crâneuse à la vanité décomplexée, je n’ai pas dérogé au phénomène, puisque j’y suis allée bille en tête ; à la différence de certains, j’ai laissé mes matières molles pendre au clou  du marchand du temple des audiophones, après avoir réussi à grappiller quelques euros de réduction avec  ma carte du FBI ( Fieffé Bonobo Indéterminé ou Folle Bête Indigne).

     Je vous ferai grâce de mes élucubrations personnelles et approximatives  sur les résonances duchampiennes du titre de l’expo au fond de ma calebasse, ready-made en os livré en l’état.

     Étant peu informée de nature et préférant les statut de l’informe, je reconnais que je me rend rarement dans les expositions sur avis ; ces derniers ont souvent un effet pervers sur mon comportement : ainsi trop d’enthousiasme aurait tendance à me plonger en catatonie  (c’est comme cela que j’ai raté l’incontournable et indispensable film titaniquesque de James Cameron) et l’éreintement massif entraînerait chez moi un accès de curiosité malsaine avec poussée aigue de boutons à purulence contradictoire.

     Aussi, me suis-je rendue au Musée Maillol, le crâne vide, le cœur léger, l’intellect innocent, telle Perrette et son pot à laid partant pour la foire aux crânes. Mes spéculations de monomaniaque de la boîte vide ne furent point déçues : je parcourus avec une jubilation toute infantile les trois niveaux d’un grand déballage osseux, me remplissant l’orbite de toute la débauche rutilante de cette belle chute d’os.

     Je dégustai sans modération dans les gamelles creuses de Subodh Gupta, entre autres friandises, le sang de Michel Journiac et les asticots en résine des frères Chapman, je donnai un coup de langue râpeuse sur l’huile de Zurbaran, croquai à pleines dents dans les légumes de Dimitri Tsykalov, me gavai de morte adèle géante avec  Christian Gonzenbach .

     Je me dessillai les globes dans les petits miroirs des anamorphoses cylindriques, versant au passage une petite larme de crocodile frustré sur l’absence inacceptable du plus grand Objet Visionnaire Naturellement Incongru peint par Holbein pour faire trébucher de beaux Ambassadeurs .

     Je faillis rester collée sur l’os merveilleusement pâteux de Cézanne, engluée dans mon regret d’Art Ensor .

     Je me mirai dans l’os argenté du miroir poli de John Armleder, telle une belle vénitienne parée des fabuleux bijoux de Codognato .

     Je me fendis carrément la poire et me secouai les fontanelles  devant la tronche de miquémaousse post mortem, précieusement conservée par Nicolas Rubinstein et je me tins les côtes devant les travaux de tapisserie de Daniel Spoerri. 

     Je ricanai en prenant mon air le plus grinçant devant le somptueux et baudelairien manteau de charogne des mouches de Damien Hirst ; par contre je me suis retenue de trop me marrer devant la caboche en gauloises bleues de Serena Carone, vu les tonnes de golduches sans filtre que j’ai pu fumer par le passé…

    

     Non il n’y a pas de quoi rire…

Je sais, ce n’est pas bien, tous ces crânes sont là pour délivrer leur funeste message : Souviens-toi  que tu vas mourir ! (les plus snobs le diront en latin).

    

     Surtout que, de retour chez moi, devant ma fenêtre ouverte sur le monde, toute virtuelle  soit-elle, je me suis prise au jeu de la navigation en os trouble, m’aventurant hors des marais putrides dans lesquels je me complais d’habitude ; j’ai pu ainsi prendre la mesure de l’abondante et diverse fortune critique de cette petite exposition pleine de vieux, croyant débarquer avec leurs audiophones à la journée porte ouverte de la Faucheuse. Je constatai avec effroi la richesse et l’érudition étalées des propos et en bonne militante écolo, défenseuse du pixel solitaire, la somme d’électricité et d’usure de clavier que représentait  toute cette ébullition  intellectuelle ; au fur et à mesure de mes lectures,  je commençai par effacer le sourire bêta de ma face grimaçante, tant je me rendais compte du sérieux que j’aurais dû afficher lors de cette visite, et il me prenait une envie fourmillante, tel un boisseau de vers se repaissant  de chairs putrescentes, de me lancer à mon tour dans un exercice d’intense réflexion, activité  peu  commune à ma caboche rouillée, et la tentation de passer, une fois n’est pas coutume, pour une personne intelligente et sérieuse. En bref, il était urgent pour moi de commencer à disserter sur le concept de Vanité, monument incontournable de l’Histoire de l’Art… Conclusion, vous l’imaginez bien, à laquelle  il est difficile de ne pas arriver sans quelques sueurs froides; car quiconque affronte la Vanité est confronté à ses propres desseins vaniteux.

     Même si l’idée de rivaliser avec les commentateurs brillants dont j’ai pu lire les notes ne m’a point effleurée, il subsiste chez moi, accrochés à mes ossements, quelques lambeaux d’instinct  de compétition et de conformation, si chairs aux génies des alpages que nous sommes. Et c’est probablement là que le retour à la poussière promis par toutes ces têtes en os me sauve de l’anéantissement et d’une honte fatale : car si vous me suivez bien, vous comprendrez que j’ai beau vous saouler depuis le début de cette page du trop plein de vacuité de mon crâne, je n’en serai pas moins à égalité, et c’est là que cela devient injuste, avec les esprits brillants et sérieux quand sonnera l’heure finale.

     Cela ne m’empêche pas du fond de mon insolente et vaniteuse bêtise, de compatir au désappointement de certains devant cette accumulation  indigeste de crânes, qui pourrait bien, horreur, tourner au phénomène de mode, parangon de l’inconstance et de la futilité  humaine, comble de la Vanité éphémère, devant ce déballage excessif et vulgaire de faces de mort au stéréotype à spectre large qui scande, autant de fois qu’il y a de têtes de pipes, un message tout ce qu’il y a de plus clair à la portée du plus grand nombre.

     Car, en effet, il y a sûrement beaucoup plus subtil et élégant pour représenter la Mort qu’une orgie d’ossements et de calebasses grimaçantes ; il me semble même que l’œil averti aux faits iconiques et plastiques trouvera meilleure nourriture à sa jouissance intellectuelle à suivre l’ombre de Thanatos par des sentiers moins évidents,  à travers des œuvres moins « lisibles » ; et que Thanatos prend chair, sans besoin d’os, en ce corps d’Eros désirant qu’il soit peinture, sculpture ou tout autre matérialité sensible.

     Ainsi, la Mort ne rampe-t-elle pas, dans toute son horrible splendeur, dans l’œuvre monumentale de Boltanski au Grand Palais, autre lieu incontournable des déambulations « intellectuelles » de la Capitale ? Car, dans cette espace immense et glacial structuré par la minéralité du fer et du verre, le corps du spectateur ne peut qu’être confronté , saisi, happé par le trou noir de ces corps absents, du vide de ces amas de hardes, par la pulsation évanescente de centaines de cœurs qui affolent ses propres fonctions vitales dans une course impossible vers une obscurité inexorable. 

     Il en est ainsi d’innombrables œuvres, miroirs fragiles de nos âmes, vomissures désespérées de l’artiste à qui veut bien en être éclaboussé.

    

     Mais que cela soit le chaos textile de Boltanski, les décomptes en voie de disparition d’Opalka, de la blancheur des toiles de Ryman, de l’or jeté à la Seine de Klein, des expériences picturales ultimes de Gasiorowski, des tentatives de robes réincarnées de Sterbak, (et la liste est infinie), cela restera toujours métonymique  d’une seule chose, à savoir ce à quoi nous serons réduits : cet intérieur putrescible  qui s’expose, qui explose à notre mort, cette ouverture impudique de nos chairs, cette impossible vision de notre être ; et au final cet os,  face de la physionomie inconnaissable , aux orbites creuses de nos identités disparues, au rictus inextinguible. Car, reconnaissez-le, c’est bien cette horrible tête de pioche de boit-sans-soif qui excite notre curiosité, qui nous rend à notre nature de voyeurs de notre propre devenir, ultime obscénité qui nous sera à jamais dérobée.

 

     Car la seule Vanité efficace me reste celle-là, celle qui dialogue avec le futur putride de mes entrailles, la tête en os insolente, primaire, vulgaire, ricanante,  ridicule, brute de décoffrage de ma chair ; celle dont je viendrai me moquer encore et encore, vêtue de mon apparence fragile.

 

     Et je reviendrai voir cette foire à l’asticot, aussi contestable soit-elle mais jamais aussi contestable que la Mort, en compagnie de mes amis, et nous rirons plus fort que cette tronche de cake, oui, nous rirons…

   

     Je déclare solennellement  ce dix-neuf février journée nationale du Crâne.

 

 

*3 février/28 juin 2010, Musée Maillol, Paris.

 

Paris le 18 février 2010,

JC, Capitaine Officielle du Triblog de Gertrude

Quelques liens où vous trouverez enfin des propos intelligents  sur le sujet :

 

 

http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/2010/02/05/trop-de-cranes/

http://florizel.canalblog.com/archives/2010/02/09/16849327.html#comments

http://blog.france3.fr/cabinet-de-curiosites/index.php/2010/02/07/166396-vanites

http://www.evene.fr/arts/actualite/vanites-caravage-damien-hirst-cranes-c-est-la-vie-2523.php

http://lefilduregard.canalblog.com/archives/2010/02/10/16832801.html

http://theaujasmin.blogspot.com/2010/01/musee-malliol-cest-la-vie-vanites-de.html

http://vilainefifi.canalblog.com/archives/2010/02/12/16863370.html

 

  Pardon pour les autres, mais j’ai eu la flemme de tout coller…

 

 

Par contre si vous avez encore soif d’os,

une patiente collectionneuse en a récolté quelques uns pour vous:

 

http://mercerieambulante.typepad.com/mercerieambulante/2010/02/gertrude.html

 

et ce n’est pas pour arranger la vanité de ce fichu Crâne….

 

Crâneuse chiffon pour Mercière discrète


Gertrude est toute cousue

de

Fil Rouge
 

pour une fabuleuse tisseuse

qui promène discrètement son
 
baluchon

sur ses broderies crâniques

 
du-chiffon.jpgJC, La Relique du chiffon (collection particulière*), janvier 2010,
 fragment de chiffon de peinture de JC, fil, rose séchée, cadre d’image pieuse à verre bombé acheté en 2009 sur Internet,
3 x 14 x 18 cm

*Relique déposée ce jour à l’attention de mfd au 76, avenue du Général Leclerc à Viroflay (ICI)

Allez suivre quelques belles coutures à la


MERCERIE AMBULANTE

et n’oubliez pas de jouer de l’aiguille

sur la Toile d’une Ambuleuse attentive

Gertrude est Fille N°5


du Fil

de la Mercière
img_0033.jpgMer-ci Mère-cière

Treize de janvier pour une Treizième Galaxie

Une Galaxie en valise

ou

Le Nécessaire de voyage

d’Hedgarallaan

le crâne cyberspatial

venu de la brillante planète

Plaiethore

dans la

Constellation du Grand Persil.

 

img_0056.jpg

 

img_0058.jpg

JC, La Relique du Grand Persil ou La Légende d’Hedgarallaan, 2009-10, collection particulière.
Huile, acrylique, feuilles d’or, argile, verre papiers collés, sucre, cellophane, perles, rubans, papier collant attrape-mouche, éprouvette, bouchon de liège, strass, ancienne boîte de peinture achetée sur Internet en novembre 2009,
6 x 11 x 25 cm fermée, 4 x 24 x 25 cm ouverte.

 

img_0283.jpg

 

Contenu de la mallette :

 

Compartiment supérieur :

 

– Les portraits peints à l’huile d’Hedgarallaan et de sa Défundulcinée derrière leurs hublots.

– Un authentique brin du Saint Persil de Gertrude, élevé sous les cieux du système 75 et amoureusement séché entre les pages du catalogue Féminin/Masculin du Centre Georges Pompidou. La relique est conservée sous verre serti de clous de crucifié.

 

Compartiment inférieur gauche, dit Des représentations :

 

– Une véritable contrefaçon de ready-made entièrement faite main.

– Un autoportrait  Dada dadaïsé et Robert-réflexif .

– L’empreinte inframince d’un cerveau inconnu sur un objet trouvé par un Capitaine.

– Le portrait approximatif de la Tortue Robert tissé en perles.

 

Compartiment inférieur droit, dit Compartiment oxymore :

 

C’est le compartiment des splendeurs sanglantes, des arabesques violentes, des vérités voilées, des douceurs mortelles.

 

À cet endroit gît :

– Une Tagada Gertrude en sucre sous cellophane.

Composition : sucre glace légèrement teinté de colorant alimentaire. La recette  de la pâte à sucre avait été trouvée sur Internet sur le site de Martine qui a quatre enfants et un mari merveilleux. Les bonbons Gertrude ont été confectionnés pour êtres dégustés à l’occasion d’une communion d’idées.

Compartiment inférieur central, de L’attrape-mouche ou Siphon des fragiles toxicités :

 

– L’éprouvette  millésimée aux brillantes cassures à déboucher en cas de rencontres du troisième type.

– Le papier collant attrape-mouche de la marque Plaie-toxic à grand pouvoir attractif .

– La collection de diptères pris au piège des glues merveilleuses.

– Le décor mural Bzzzzzz.

 

La Malette

est l’ancienne boîte de couleurs d’un artiste inconnu, trouvée sur Internet par le Capitaine d’un cyber-rafiot. Elle garde les stigmates de la souffrance de La Peinture. Y est inscrit en palimpseste le Monogramme d’Hedgarallaan et de sa Défundulcinée, au centre de la configuration virtuelle des treize étoiles brillantes de la Constellation du Grand Persil.

 

Vous pouvez voir tous les détails de ce contenu

en cliquant

ICI

gertrude 0001 

Les impressions de Gertrude


Aujourd’hui, cela fait exactement deux ans
que Gertrude est en ligne

et pêche les illusions sur la Toile

img 0206JC, Décembre 2009,
La peau cathartique de Gertrude N°2
,
empreintes intérieures du crâne de Gertrude en argile dorées à la feuille, boîte à mouches de pêche achetée sur Internet,
3 x 10 x 15 cm

Tout se passait comme si, sur une route ne menant nulle part en particulier, on rencontrait successivement des groupes de voyageurs eux aussi ignorants de leur but et croisés seulement l’espace d’un clin d’œil. D’autres, au contraire, vous accompagnaient un petit bout de chemin, pour disparaître sans raison au prochain tournant, volatilisés comme des ombres. On ne comprenait pas pourquoi ces gens s’imposaient à votre esprit, occupaient votre imagination, parfois même vous dévoraient le cœur, avant de s’avouer pour ce qu’ils étaient : des fantômes. De leur côté, ils en pensaient peut-être autant de vous, à supposer qu’ils fussent de nature à penser quelque chose. Tout cela était de l’ordre de la fantasmagorie et du songe.

 

Marguerite Yourcenar, Un homme obscur.

 
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JC, Empreintes du crâne de Gertrude en argile, dimensions variables.

Pianotez sur les empreintes du crâne de Gertrude pour écouter ses impressions.