
entre le mystère d’une vie passée anonyme et fantasmée et l’état de carcasse animale ouverte, démembrée, dépouillée
Cet oiseau noir dans ma tête
Ne se laisse pas apprivoiser
Il est comme un nuage qui se défile
et qu’on n’attrape jamais
comme la fumée entre les doigts
et la brume sur les yeux
J’ai vraiment tout fait
Pour rester seule et libre.
J’ai fui mes amants,
J’ai coupé les mains qui s’accrochaient aux jupes,
J’ai injurié les tendresses classiques,
Les sentiments vulgaires,
Le bonheur appliqué.
Je voulais l’amour fou, les vertiges.
Je ne les ai pas eus.
Et je suis restée seule
Comme le premier saurien sortant de l’eau.
Je ne regrette pas les inutilités laissées derrière moi;
L’absurde nostalgie du bonheur.
Alors, les chiens, rendus furieux, brisent leurs chaînes, s’échappent des fermes lointaines; ils courent dans la campagne, ça et là, en proie à la folie.