Carte postale numéro neuf.

JC, Passerelle des Arts, 1998,
 Photographie noir et blanc,
Appareil à sténopé , périgraphie cylindrique,
temps d’exposition: 8s.

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
            Et nos amours
       Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
 
     Vienne la nuit sonne l’heure
     Les jours s’en vont je demeure
 
Les mains dans les mains restons face à face
            Tandis que sous
       Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
 
     Vienne la nuit sonne l’heure
     Les jours s’en vont je demeure
 
L’amour s’en va comme cette eau courante
            L’amour s’en va
       Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
 
     Vienne la nuit sonne l’heure
     Les jours s’en vont je demeure
 
Passent les jours et passent les semaines
            Ni temps passé
       Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
 
     Vienne la nuit sonne l’heure
     Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire,
Le pont Mirabeau,
Alcools.

14 réflexions sur « Carte postale numéro neuf. »

  1. J’ai tellement aimé ce poème…quej’ai…osé lors d’une soirée lui écrire une lettre sous forme de poème comme s’il pouvait m’entendre!……….Je l’ai lue en publique( je sais jamais orthographier ça !!!),vous voyez l’audace!!!

  2. si cette lettre….vous tente à lire, quand le M du C sera là,je veux bien vous la transmettre, mais je ne suis pas Guillaume!!!!!!JE puis « casser » vos rêveries…c’est un risque!

  3. pourquoi pas!…un avis est toujours un plus, qu’il soit positif ou négatif,le ressenti de l’autre , je ne le dédaigne pas.( bien sur ,je n’irais pas proposer cela incongrument.)
    J’ai été des années à laisser dormir ces poèsies,je n’avais plus de partage,et,je redécouvre parfois des textes écrits …totalement oubliés.
    Celui-là ,non…sans doute pour l’avoir incarné par la voix.

  4. LETTRE A GUILLAUME APOLLINAIRE

    Guillaume, la Seine coule toujours sous les ponts
    Faut-il qu’il nous en souvienne
    Tes pas sonnent encore sur les quais de Paris

     

    Tu pleurais d’amour
    Et dévorais la vie
    Tristesse et appétit
    Tout l’or des sirènes
    Dans ton verre

    Toutes les cuisines du monde
    Dans ton assiette
    Le goujon marié avec la marjolaine
    « Brin de bruyère »
    « Odeur du temps »
    Brins de persils
    Cheveux verts sur la nacre de l’œuf

     

    Le jour a vieilli, le soir est neuf
    La nuit écrit à la craie bleue
    Comme au temps d’antan
    Les menus aux ardoises des restaurants

     
    Une croix de guerre
    Au front une étoile rouge
    Entre jadis et naguère
    « Closerie des Lilas », un verre d’alcool
    Le sang du monde
    Et tout l’or des vins du Rhin !

     

    Guillaume, la Seine se souvient de toi
    Pour vos noces, elle changerait bien
    Son eau en vin comme à Cana
    Pour t’écouter encore dire tes vers
    Avec l’aube debout sur les cageots des Halles
    Et l’Herbe Sainte et les tisanes de Moselle
    Quand tu emmenais à table les demoiselles
    Costume clair avec chapeau, rubis au doigt
    Et que sonnait ton rire de grand lama

     

    De Montmartre à Montparnasse
    Sans que leurs ombres jamais ne se lassent
    Toujours passent et repassent
    Dans le brouillard du passé
    Le lent cortège d’Orphée
    Peintres, amis, amours,
    Les saltimbanques de la plume, les rimeurs
    Et les anciennes voix des rumeurs…

     

    « L’Ange gardien » et ses mauvais garçons
    Les papillons de nuit au jardin des violons
    Sur la Butte, la voix de Frédé
    Et ta chanson, Guillaume, celle du Mal – Aimé
    Tes rendez-vous au café «Vachette »
    Pomone et Cérés, les fruits confits
    La poésie, ton automne et ton été
    Ta gourmandise, la galanterie, les fantaisies…

    « Adieu saison qui finissez »

     

    Quand vient la nuit et sonne l’heure
    Tout s’en est allé et tout demeure

    « Sous le pont Mirabeau coule la Seine »…

  5. A vous,pour le poète,la poésie,la Seine et, les heures qui n’en finissent pas de sonner dans nos mémoires, un très humble merci très ému..
                                                                              Hécate

  6. Quand le coeur parle, je ne suis qu’un instrument…Vous faites revivre cet  impromtu ,et, je sais que dire encore si ce n’est que la vie nous offre bien des cadeaux aux heures les plus inattendues !

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