Canopée n°1.


        Si le temps est très beau, il advient que j’en sois légèrement angoissé : c’est mauvais signe qu’il fasse si beau, quel saumâtre événement  cela peut-il bien présager ? De même, si je prends un plaisir quel qu’il soit, je suppute les chances que j’ai d’être mis en demeure, dans un avenir très proche, de le payer, et au centuple encore ! car le sort n’est qu’un usurier.

Michel Leiris, L’age d’homme.

Pré en Bulle.

 
Prolonger quelques jours*

les Paradis artificiels

de la

Vacuité.

*Le temps d’une Neuvaine.

    Cela me rappelle l’histoire d’un souverain qui dans son château avait reconstitué une Abyssinie artificielle, avec des palmiers de zinc peints à l’huile. Crois-tu qu’il y détenait une autruche ! Une autruche vivante. Oui, une autruche vivante. À quoi bon. Alors ? Cette autruche était aveugle ; elle ne pouvait pourtant pas se croire au cœur de l’Afrique ? Son flair ne pouvait la tromper. Ce n’était pas pour elle qu’il avait réalisé ce trompe-l’œil, puisqu’elle n’y voyait pas. Ah ah – Eh bien cet animal, je parle de l’autruche, non du roi, se cachait la tête derrière les palmiers dès qu’un danger présumé la menaçait.

Georges Ribemont-Dessaignes, L’autruche aux yeux clos.