Os systématic.

Gertrude est une jeune fille rangée un peu dérangée:
– Prendre une trame.
– Délimiter un espace.
– Se donner un système.
– Remplir.
– Ne jamais dépasser.

Cela fait exactement neuf ans et huit mois que l’Os est systématique mais pas automatique.

JC, Os systématic, juin-juillet-aout 2017, fil, toile Aïda, 18 cm x 18 cm environ, nombre variable.

(Cliquez sur les images pour les voir plus grandes).

Os en réseau.

 

JC, mai 2017, Série des Embrouilles, troisième version ou Le RésOs, filaments de stylo 3D, 6 x 17 x 32 cm

Voici neuf ans et cinq mois, je créai un blog, autrement dit une sorte de journal intime absurde en ligne sur internet, potentiellement au vu et au su de tous. Ce blog concernait ma pratique plastique autour d’un crâne familièrement, facétieusement, affectueusement prénommé Gertrude. Mais bien plus que de faire part de ma pratique plastique il s’agissait d’intégrer cette mise en ligne à ma démarche. Et même d’en faire un des piliers majeurs. Cela en devint très vite le moteur et la raison d’être. Rythmes et rites s’instaurèrent dans l’exposition virtuelle de Gertrude, me contraignant à toujours pousser plus loin cette aventure et ne jamais déroger aux obligations que je m’étais données.

Dès les débuts de cette expérience, je m’interrogeai sur les rapports complexes qu’entretenaient réel et virtuel : entre la réalité du crâne et les images dématérialisées de Gertrude, les filtres et les mises en scène à travers lesquels je la donnais à voir en cet espace. Également sur le regard supposé voire fantasmé de l’autre invisible et potentiellement infini, des interactions souvent fulgurantes avec des interlocuteurs inconnus, parfois fugaces, parfois durables. Certaines débouchant même sur des rencontres dans le monde réel.

Très vite je jouai des potentialités de cette mise en ligne, des échanges qu’elle suscitait.

J’en nourris ma pratique : plutôt que de raconter une histoire autour de Gertrude, je laissai l’histoire se dérouler au gré des rencontres. Ces dernières alimentaient l’entreprise, dans une fausse idée de remplissage d’un creux de plus en plus vide. Le blog connut des périodes fastes et tumultueuses comme des temps calmes, voire des traversées du désert.

Internet est un océan. On peut y naviguer des mois entier sans rencontrer quiconque, puis brusquement débarquer sur une terre peuplée d’inconnus. La quête en devient infinie mais surtout insatiable.

Le concept du blog, n’échappant pas à l’obsolescence des objets virtuels, amène rapidement à la recherche d’autres voies d’information encore plus efficaces, mais encore plus véloces, encore plus éphémères.

C’est ainsi qu’en 2013, je passai aux réseaux sociaux pour y faire rouler mon crâne encore plus vite. D’abord Twitter que j’abandonnai rapidement puis enfin Facebook.

Pour la rapidité, la diffusion et la circulation des informations, la facilité d’établir des contacts, passer d’un blog à Facebook était comme passer de la conduite d’une 2CV à celle d’une Ferrari.

Ainsi Gertrude, du petit bonhomme de chemin s’est brusquement retrouvée sur un circuit supersonique.

Enfin, en théorie…

Facebook est un fleuve qui coule en continu à une vitesse vertigineuse, charriant toutes sortes d’objets hétéroclites ; les contacts se font avec une grande facilité et se défont tout aussi rapidement ; se mêlent vrais et faux amis, nouvelles et anciennes connaissances, vieilles réminiscences, rancœurs rances d’une autre époque et toutes sortes de malentendus.

Tout cela défile sous notre regard en même temps fasciné et indifférent.

Et surtout addicte.

Car recharger la page est un acte compulsif à la hauteur du sentiment de non-maitrise que nous ressentons face à ce flux. Le besoin d’y participer nous tenaille et il devient vite impérieux de partager aussi des « informations », d’alimenter cette chose insatiable quotidiennement, voire plusieurs fois par jour, de récolter à son tour un maximum de petits signes de reconnaissance ou de commentaires élogieux. Car aimer, « liker » est le maitre mot sur Facebook, aimer jusqu’à la perte de sens ; c’est juste au nombre d’émoticônes que la satisfaction se mesure, mais également la frustration. L’effet en est fugace, et s’évapore comme le souvenir de toute publication.

Rapidement le rythme gertrudien, le concept même de sa mise en ligne ne suffirent ni ne correspondirent plus à cette urgence ; force fut de constater ma tentation de publier, comme beaucoup, tout et n’importe quoi pour nourrir le monstre affamé et amnésique, et de déroger à mes premières résolutions, celle de montrer en ces lieux uniquement ma pratique plasticienne.

Gertrude, elle, est conçue pour fonctionner sur une rythme particulier ; celui d’une immobilité qui avance ; ou l’illusion d’une avancée. Depuis sa mise en ligne en 2008, l’expérience se construit comme une sculpture, selon la logique d’un « Merzbau » ou d’un « Palais idéal », pierre par pierre, poussant les murs mais assise sur une base unique et inébranlable, essentielle à sa compréhension.

D’où ce blog , ses espaces et ses lois si définis, son rythme immuable et la taxinomie incontournable à sa structuration.

 

Autant un blog est une construction relativement pérenne que l’on peut parcourir de la cave au grenier, autant Facebook est l’instantanée d’un temps dont il est impossible de remonter le fil.

Le crâne Gertrude y a plongé tant bien que mal, émergeant çà et là , dans une cacophonie de plus en plus assourdissante, dans une perte de sens encore plus folle.

Elle est vidée et vide. Elle flotte parmi les bribes de ce que je laisse paraître de moi et d’elle sans aucune ambition de revenir ni d’aller si ce n’est pousser toujours plus loin la vanité d’y être.

Rien n’était prévu, mais rien ne sera laissé au hasard…. Plus que jamais.

Juliette Charpentier, mai 2017

CompOsition Poïetique en Boite n°9: La Trépassoire de Gertrude.

 

Asseoir un Os dans l’encensoir

C’est voir l’assommoir sans espoir

De ses mâchoires

Et le vidoir de ses tiroirs

Savoir l’histoire de sa passoire

C’est entrevoir un soir

Le mouroir de l’arrosoir

Dans le noir

JC, CompOsition Poïetique en Boite n°9: La Trépassoire de Gertrude, Vidéo réalisée en avril 2017 avec comme accessoires entre autres : une boite de récupération ayant contenu des produits cosmétiques, une lampe torche, du papier calque et de la cendre de cheminée.

Cela fait neuf ans et trois mois que Gertrude fuit en vous souhaitant le bon soir.

 

La série des Embrouilles, première version.

Ou l’impossible exercice de superposition des traits.

Cela fait neuf ans et deux mois que Juliette et Gertrude s’embrouillent tout en mesurant l’écart de leurs profils.

Peuvent-elles pour autant en démêler les contours sans perdre la face ?

Série des Embrouilles, première version, crayon au graphite ou décalquage au stencil sur pages de carnet, 21 cm x 29,7 cm.

(Cliquez sur les images pour les voir plus grandes)

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Nettoyage de printemps

 

Cela fait huit ans et trois mois

que l’état géré des étagères de la Crâneuse laisse à désirer.

Que lui prend-il soudain

en ce début de printemps

de procéder au nettoyage complet

de ses placards?

Si ce n’est de retrouver

entre les huiles et le vinaigre

quelques Gertrude sucrées

en train de danser tagada tsoin tsoin

 

Nettoyage de printemps

Nettoyage de printemps

 

Et si elle en faisait un petit évènement fessebouquien?

Car avec les beaux jours qui s’annoncent

l’exposition démange.

Rendez-vous dans quelques jours

chers amis likeurs

pour une dégustation

sans aucune modération ni date de péremption

 

Nettoyage de printemps

 

 

Alors que Gertrude Rose

s’apprête à consommer

Gertrude est au bout de sa digestion

Quant à Gertrude Noire elle reste un pur esprit

 

 

G suis en vain

 

Je/G suis sur Internet

depuis sept ans et quatre mois

Gertrude loin d’être essorée

continue à essuyer

les plâtres de ses facéties

Mais que compte-t-elle éponger ainsi

si ce n’est envoyer sa since

de manière anecdotique ?

 

JC, avril 2015, G suis en vain, collection particulière, broderie et application de toile de jute sur serpillère, dimensions indéterminées.

 

Le tape à l’œil de Gertrude

 

 

Ça ressemble au Tapa

ça a la couleur du Tapa

mais c’est du tape à l’œil

 

 

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JC, Juillet 2014, Le Tapa de Gertrude, détail, Gertrude maquillée comme un Tapa volé
Maquillage sur faux cuir
34 X 25 cm,
réalisation en voyage pour la Polynésie Française.
Pour voir la totalité cliquez sur Gertrude

 

Moins c’est vrai

plus Gertrude se la raconte

 

Cela fait six ans et sept mois

que Gertrude bluffe

en discourant

 

 

 

CompOSition Poïétique en Boîte n°6: La Petite Boîte

 

La Petite boite

est en vérité

six boites si petites

que Gertrude rit

de s’y voir multipliée en riz


 

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JC, La Petite Boite,

crayon sur grains de riz sculptés, boite en plastique transparent à six compartiments

(Boite à pilules pour malade qui se repose le septième jour ou boite à peinture pour artiste qui n’est pas du dimanche),

18 x 3,5 x 2 cm.

 


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Cela fait six ans et trois mois

que Gertrude est une petite crânerie