Jeu de Mains…


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JC, Les mains du Capitaine sur la vitre du scanner, Encre et photographie,mars 2009

L’espace agit sur un vaisseau comme une main pétrit de la glaise. Chaque pression étire la matière, augmente sa vitesse à l’infini sur une route imprévisible.

Robert Alexis, Flowerbone.

Vos mains non apprivoisées, vos doigts écartelés comme étoile de mer…Vos mains affichées comme une défense qui repousserait vite un mal qu’elles ne veulent….dont la force s’oppose à la fêlure de la voix, celle que vous n’aimez guère plus que vos mains, ces mains-là…Vous faites avec, vous empoignez l’art comme on étreint un désir d’ailleurs, d’autre chose,fait d’étonnements, de plaisir, de farouche fureur!…
Les lignes sont brutes, comme un matériau dont on sculpte les enjolivures à la sueur de ses peines, du mal qu’on se donne, comme ces dentelles de cathédrale, comme ces dentelles de papier ,des nappes découpées à coup d’épingles, vos mains sont épinglées sur la toile,ô martyrisée qui ne veut se plaindre…
Les lignes ont des ruptures, on cherche le relais, le pont…
Comme une torturée dont on aurait arraché par le feu les ciselures délicates.
Des mains de conquérante…ornée d’une bague vous parant d’un dépouillement qui n’est que surface( ici du reste elle n’est  que par l’anneau(2?), à l’intérieur, ce vide cherche à dévorer l’espace et ,toutes brindilles et reliques de vie, comme témoignage d’une existence présente,et,non en fuite, ailleurs, mais où?
Des mains à serrer à la gorge les songes de peur qu’ils ne disparaissent dans l’aube de la réalité…
L’obscène réalité qui chasse les embellissements de l’imaginaire au carrousel des fantasmes…
Des mains de sphinge, prête à bondir, toute proie lui étant un besoin, un défit,proie elle-même en finalité, triste revers…
Des mains qui se regardent, une voix qui s’écoute sous l’oeil d’une caméra, en dit très long…
Un recul, une distance…Se jauger, s’exposer..se distancier…comme un objet, une  antiquité.
Vous veniez de très loin, et ne reconnaissiez rien!!!….tout vous était hostile…

Comment la finesse des prismes se verraient-ils dans ces paumes?Peut-être est-ce ma vue défaillante…de près c’est peut-être différent.
Nos mains sont en dialogue et se tendent virtuellement ce soir et se rencontre, les miennes tracent ces lignes…
Qu’ai-je à vous dire que vous ne sachiez déjà?…si ce n’est que vous désiriez qu’on vous le dise…
Fragile au fond, mais furibonde de tant de désaccords entre apparence et intériorité.
Le crâne, ce vide,cette chair absente, permet de réorganiser l’architecture corporelle. Le corps du rêve, aussi le corps de rêve…
Tous ces objets que vos mains triturent…jusqu’aux effleurements du pinceau caressant une paupière close, cet instant de beauté absolue!
Quelle magnificence en vérité qu’une force domptée ainsi!
Mains , vois nous trahissent et ne savent mentir.
On ne triche pas avec.
On ne compose pas…on décompose, on se décompose aussi vers une mort irréelle. Fantôme toujours prêt à surgir…
La voix pose l’espace, les mains le modèle.
L’androgynie plus qu’en tout autre sommeille en tout artiste.
Dualité. Double. Narcissisme cherchant l’issue: l’autre ,où se voir tel que l’on apparaît au regard de l’autre, ce rêve éternel…

Un cadeau de la poétesse Hécate
lefildarchal.over-blog.fr

Merci

XIII


Gertrude en ligne

depuis treize mois:

XIII

Transformations
en
Lame sans Nom
XIII
Prédictions
en
Larmes de Fond

 

JC, Lame XIII, élément de Jeu, collage de photographies, encre, bitume sur papier, 7 x 12,5 cm

Tu pleureras du Sang
Tu hurleras ta Solitude
Tu chanteras avec le Diable
Tu danseras sous la Lune
Tu parcourras la Lande
Tu apaiseras tes Peines
Tu berceras ton Désespoir
Tu rachèteras ton Âme
Tu renaîtras de tes Cendres
Tu Espèreras
Le Vent te balayera
La Faucheuse t’emportera
Tu te Transformeras

Kronos Maître (N°7)

Continue à avancer,
Gertrude,
sur le fil du temps,
ne tombe pas,
ne te retourne pas,
regarde droit devant toi.
La lumière est au bout du chemin.

Tu es Le Mat.

Performance réalisée le onze juin deux mille huit à dix heures.

Le texte dit est La lettre à la voyante d’Antonin Artaud.
Le Médium utilisé est le Bitume de Judée.

Le Mat (ou le Fou) est le seul Arcane du Tarot de Marseille qui n’est pas numéroté; il s’obtient quand la somme des nombres des lames en présence est égale à XXII.
Il est donc hors du Jeu, en marge de la Cité de la Raison.
Il avance droit devant lui . Il a tout abandonné jusqu’à sa conscience. Il ignore volontairement le danger qui le talonne et qui fatalement le frappera.
Il regarde le ciel et ne se soucie pas des obstacles. Comme un funambule, le Mat part à l’aventure au bord d’un précipice.
Pourtant il oublie qu’il cache dans le trésor spirituel de sa maigre besace la valeur la plus élevé du Jeu, celle qui est au delà, qui est non le vide mais la vacuité du détachement des choses matérielles et dont la somme des chiffres est réductible au nombre IIII, symbole de la Totalité,  de l’Universalité.

Il est en marche.

L’Arcane Sans Nom, lui, porte le nombre XIII ; la somme de ses chiffres est aussi égale à IIII .
Un jour tout se terminera au fil de sa Faux.