Vol de Marguerite dans une nuit d’Os

 

 

 

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Il y a près de la mer des oiseaux que je ne connais pas. Ils passent très haut dans le ciel. Parfois ils descendent sur les rochers. Ils sont blancs comme le sel. On les aperçoit aussi qui se reposent sur leur ventre à la crête des vagues. Jamais on ne les voit de près. Ce sont des oiseaux de mer. Leurs cris sont plaintifs et lisses. La nuit, quand je ne dors pas, je crois les entendre, mais c’est le vent que j’entends.

 

Marguerite Duras, La vie tranquille.

 


54 réflexions sur « Vol de Marguerite dans une nuit d’Os »

  1. Il y a près de mon lit un crâne que je ne connais pas. Il pense en creux le vide qu’il enclot. Parfois, il m’observe, d’un air sans vie qui me laisse sans voix. Je l’aperçois parfois en rêve, il a l’air très las… comme absent… ou pas là.

  2. J’ai moi aussi une affection toute particulière pour Lol V. Stein au point que je me sens parfois, même souvent, dans cet état de ravissement, absentée. Quant j’évoque MD, c’est à cette oeuvre que ma pensée va en premier. Là ce n’est pas Lol V. Stein, mais c’est un passage qui m’émeut énormément.

  3. L’homme au bleu maculé de cambouis s’affaire sur sa Ferrari. Il ne fume pas. Il regarde la femme brune au rouge Dior et au foulard Hermès. Il ne bouge pas. C’est visible, il est content. Il sourit d’abord. Tout d’abord il prend un chiffon. Il s’essuie les mains. Il se sent bien. Il ne dit rien. Il sourit en s’essuyant les mains. Elle lui dit je suis prête. Elle est prête pour la soirée et lui non. Elle le lui dit. Il ne répond pas. Il sourit. Ce n’est pas la peine qu’il réponde, que répondrait-il ? Alors elle lui demande : elle est en panne ? Il dit qu’elle marche comme un avion. Il réfléchit et puis il dit qu’il est content. Elle marche comme un avion. Oui c’est ça.

    Il répète qu’il est content. Depuis tôt le matin il attendait ce moment, tu ne te rends pas compte, depuis le temps.

    Depuis le temps qu’elle est immobilisée… Elle la regarde. Elle lui demande depuis combien de temps. Il dit qu’il ne sait plus. Cela fait si longtemps. Machinal il se gratte la tête. Puis il essuie ses mains pleines de cambouis sur son bleu.

  4. Les roses trémières se penchent sous la brise du soir. Elle lui demande s’il est prêt. Il dit que oui, qu’il en a pour dix minutes. Le temps de prendre une douche. Veux-tu que je les appelle ? Il est d’accord. Ils seront en retard. Dis-leur que nous serons en retard.

    Elle entre dans l’auto rouge. Elle referme la portière. Il est sous la douche. Elle attend. Le soir tombe. Ils seront en retard.

  5. Waouh! C’est torride! …. Enfin le hors champ… ou le petit cinoche que l’on se fait au fond de la calebasse.

    Et le beau ténébreux à la Ferrari planquée et aux paluches pleines de camboui, il en pense quoi, de ce chant d’amour ainsi exposé sous un vieil os????   :))))))

  6. L’homme à la Ferrari

    Rit mais ne pense pas,

    L’homme aux mains de camboui

    Dépense sa « Forza »,

    Mes élucubrations

    Fort durassiennes sont…

    Comment vous dire ? Vaines ?

    Et mes vers de six pieds

    Riment ma vanité

    De ça j’en suis certaine !

  7. Surtout que c’est une histoire VRAIE! Hormis les gargouillis de Gertrude, bien sûr; cette vieille calebasse est muette, bien heureusement. Et je confirme qu’elle ne chante pas sous la douche.

  8. Disons que j’ai en effet vu la signature mais je n’ai pas retrouvé la verve d’écriture; et la défense des escargots n’a pas vraiment le pouvoir de m’émouvoir. Mais je comprends votre surprise.

  9. quelqu’un sous emprise ,sous la fermeté …des failles . J’avais senti ça …mais pas imaginé que ce soit…à tourner ainsi . J’aime tant la liberté ,et respecte celle d’autrui …Il y a des traumas là -dessous …

  10. Je vous rejoins complètement là-dessus; je hais tout ce qui peut séparer ou enfermer et je pense que la richesse de l’humanité est dans sa diversité et son pouvoir de liberté et de rebellion. Je pense que la plus belle des qualité est l’attention aux autres et le respect de la singularité de chacun.

  11.  ….je suis zémue ,car oui ,rebelle et non conformite …trop  souffert et vu ce que c’est l’étroitesse d’esprit …Jamais je n’ai voulu reproduire ce système ..pourtant ,vous savez combien j’ai dû lutter…contre les miens…Jusqu’au bout je serais ainsi .

  12. Ah! Marguerite ….je laisse la parole à Gertrude …Mon coeur est encore tout en plaie  de cette histoire si belle …ou rien dans le vécu n’a été terni ,que des souvenirs sans ombre aucune ,sinon la suspension…si radicale .( je parle pour moi ,là ) .Des mois d’accords pour une musique inachevée….le clavier est muet ,l’impromtu …s’est rompu .Je le déplore ,croyez-le bien ,car la Magicienne étant fidèle …ce qui se …brise la bavre . ) Tant d’estime clamée et tant de silence ensuite .Le Capitaine et moi…sommes bien …déçues .

  13. Il est difficile ici de retracer toutes les péripéties (dont vous pouvez voir quelques traces dans ce triblog) de cette aventure antérieure à votre arrivée; aventure qui semblait pourtant si riche et si pétrie d’humanité: rencontre fulgurante entre un personnage haut en couleur à la plume brillante, acérée et émouvante avec une crâneuse et une Magicienne; trio qui ne s’est pas contenté des seuls couloirs virtuels du web mais qui a continué sa promenade dans les rues de la Capitale, humant, chantant et dansant sur l’air de Paris avec les paroles de la grande Amitié, complicité qui nous semblait si miraculeuse…

    Vous connaissez la réserve de la crâneuse misanthrope…. La Magicienne, elle, si humaine, trop humaine, prête à donner le meilleur avec sa grande générosité, a poussé son voyage plus loin…

    Et puis plus rien… La fermeture, le cadenassage sur des idées radicales… Je ne jugerai pas ces dernières, chacun sa vérité, comme vous l’exprimez si bien. Et le sentiment d’avoir été jetées comme de vulgaires « kleenex ». Dernier signe, un poème au passé simple, auquel j’ai répondu par l’imparfait:

    http://gertrude.over-blog.org/article-au-passe-simple-je-preferais-l-imparfait-84935517.html

    Mais mon crâne, là, brusquement éprouve le besoin de décharger sa rate, car l’humanité, parfois, le démange comme du poil à gratter. Dont acte: Article à paraitre…. très bientôt…

  14. La seule chose que je tiens à dire ,c’est que rien ne pourra ternir les heures vécues ,partagées .Et l’accueil sublime qui m’a été fait  hors la Capitale et que ,chère Crâne vous n’avez su qu’à travers nos échos d’alors .Mais à deux ,côte à côte ,nous étions très tard dans la nuit à vous envoyer un com.sur votre raffiot .Vous étiez partout …et tant d’estime pour vous inlassablement redite !

    La seule consolation est de savoir que nulle brouille n’a été .Quelque chose en dehors s’est produit .Inexpliquable.Du moins ,de notre côté …

    Une relique que je garde en mon coeur .Mon coeur navré .

  15. Mais il y a des brouilles qui ne disent pas leur nom…. Ou plutôt, il est parfois préférable qu’il y est une véritable brouille, un clash, une bonne engueulade, c’est plus clair qu’une telle disparition où là, la brouille est à entendre comme une piste brouillée ou une vue brouillée.

  16. Chère Gertrude, j’en ai les plumepétales tout hérissées d’émotion. Cette vanité d’eau blanche chez Gertrude noire sous le signe de M.D ne pouvait que me ravir comme Lol V. Stein. J’entends, moi aussi, souvent, ces cris d’oiseaux inconnus qui volent au ras d’os lorsque je  colle mes yeux contre la coquille luisante.

  17. J’adooore cette histoire d’homme bleu aux mains noires  de cambouis sur fond de rouge à lèvres et de Ferrari : c’est moins Durassien que Lichensteinien. De grands aplats de couleurs,  des cernes noirs et en voix off le Râle de Gertrude… 

  18. Gertrude noire n’ a donc rien à envier à Gertrude Rose qui se ballade en tenue légère du côté du moulin rose. Un série de moulins du noir au rose en passant par toutes les nuances du cramoisi pour le boudoir de magicienne, façon grande broyeuse de Marcel, ça pourrait s’envisager?

  19. C’est croquant le cache à l’eau : il faut des quenottes de capitaine pour en venir à bout. Mais je sais que rien ne vous résiste!

  20. Je ne connais pas le défenseur des escargots mais d’une certaine façon, sa posture sans doute  excessive de redresseur de torts, tors, torses -(lesquels ? pour quelle croisade/torsade?)- sait suciter rébellion et colère. Moi aussi je  suis une adepte de la non conformité mais ce qui me porte, encore aujourd’hui,malgré les déceptions et revers en tous genres,  c’est la rencontre avec la vérité de l’autre  et ce que j’y  découvre de radicalement étranger. Alors dites m’en un peu plus sur le végétalien qui déclenche  si fort l’ire du crâne et de la magicienne.

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