Carte postale numéro neuf.

JC, Passerelle des Arts, 1998,
 Photographie noir et blanc,
Appareil à sténopé , périgraphie cylindrique,
temps d’exposition: 8s.

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
            Et nos amours
       Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
 
     Vienne la nuit sonne l’heure
     Les jours s’en vont je demeure
 
Les mains dans les mains restons face à face
            Tandis que sous
       Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
 
     Vienne la nuit sonne l’heure
     Les jours s’en vont je demeure
 
L’amour s’en va comme cette eau courante
            L’amour s’en va
       Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
 
     Vienne la nuit sonne l’heure
     Les jours s’en vont je demeure
 
Passent les jours et passent les semaines
            Ni temps passé
       Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
 
     Vienne la nuit sonne l’heure
     Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire,
Le pont Mirabeau,
Alcools.

Carte postale n°6.

JC, Passage de péniches sous le Pont Neuf, 1998,
 Photographie noir et blanc,
Appareil à sténopé , panoramique,
temps d’exposition: 18s.

Les pécheurs sont des sentinelles
une ligne indique le ciel
Demain sera moins gris qu’hier
Un morceau de bois qu’entraine le courant
ma pensée
un miroitement
des péniches dociles
le fil

le grouillement du pont
m’appelle

Philippe Soupault,
Quai.

Carte postale n°3.


JC, Port de Passy, 1998,
 Photographie noir et blanc,
Appareil à sténopé , panoramique,
temps d’exposition: 8s.

L’aurore grelottante en robe rose et verte
S’avançait lentement sur la Seine déserte,
Et le sombre Paris, en se frottant les yeux,
Empoignait ses outils, vieillard laborieux.

Charles Baudelaire,
extrait de
Le crépuscule du matin,
Les fleurs du mal.

Carte postale n°1.

JC, Le Pont Neuf, 1998,
 Photographie noir et blanc,
Appareil à sténopé à périgraphie cylindrique,
temps d’exposition: 8s


j’ai laissé du sang
le mien et celui des autres
aux garde-fous des ponts et des quais
Je suis l’assassin assassiné et le criminel qui chante
Capitaines de bateaux lavoirs et vous maîtres des bateaux piscines
avez-vous vu un poète égaré jouant à qui perd gagne
jouant sa vie pendant son enfance gagnant la liberté
très tôt le matin quand les oiseaux crient
sans savoir où aller
Bien mal aimée toi qui n’as jamais cessé de luire
comme ma petite étoile au petit jour
comment peux-tu encore aimer Paris et son île
notre île et notre enfance notre amour étranglé

Philippe Soupault,
extrait de
Ode à Paris.