Gertrude cherche ses origines
dans les os les plus lointaines
mais n’a que les moyens du bord
pour prouver son OSthenticité



Six ans et sept mois,
toujours plus loin, toujours plus fort
La Rose et la Noire font dans le détail
Gertrude cherche ses origines
dans les os les plus lointaines
mais n’a que les moyens du bord
pour prouver son OSthenticité



Six ans et sept mois,
toujours plus loin, toujours plus fort
La Rose et la Noire font dans le détail
Cela fait six ans et cinq mois
que Gertrude
parcourt en Vain
mille kilomètre de globe
sans terre et sans bouger
mais ses origines
géographiques
restent floues

JC, mai 2014, Globe terrestre gertrudisé,
globe terrestre en matière plastique trouvé dans le local à ordures d’un immeuble du 18ème arrondissement de Paris, recouvert de papier de soie tamponné au motif Gertrude, colle, peinture acrylique.
D’un pôle à l’autre : 30 cm.
Gertrude Rose nous fait le coup de l’os bénite
pendant que Gertrude Noire boit le Vain de messe
Il y a quelques années
Le Capitaine a navigué jusqu’à Bruges
Gertrude elle
a le béguin pour Jan
ici et au-delà
Cela fait six ans et quatre mois
qu’elle entretient une modeste peinture
dans son étagère
en rêvant de lui


Alors que Gertrude dort dans la dentelle
Gertrude Rose se gratte la peau
et Gertrude Noire fait tomber les croûtes
JC, Pinceau gertrudisé, motifs tamponnés à l’acrylique sur papier de soie, pinceau usagé.
La répétition du même motif n’est pas quelque chose de nouveau dans ma pratique.
Enfant, je dessinais des « usines à poulets », des enchainements sans fin de machines, d’engrenages, de tapis roulants, de rouages autour desquels s’activaient sans relâche des volatiles à crêtes hérissés et aux pattes grêles.
Je me souviens très bien du plaisir que j’éprouvais à détailler cette activité et à remplir la surface du papier de toutes les possibilités articulatoires que m’offrait le système jusqu’à celle de continuer sur une autre feuille. Je ne pense pas m’être ennuyée une seule fois à en dessiner les combinaisons répétitives et il me semble avoir poursuivi cette marotte un certain nombre d’années.
À l’âge adulte, alors que je commençais à acquérir une pratique de peintre à l’École des Beaux-arts, j’ai très vite retrouvé cette jubilation de la répétition.
Il est une période antérieure aux épisodes abordés précédemment dans ce blog (cliquez ici, ici et là), où je pris véritablement conscience du pouvoir de renouvellement de la répétition, ainsi que de sa capacité à provoquer le surgissement de phénomènes nouveaux.
Je mélangeais alors autoportraits et motifs décoratifs (parfois « empruntés » à ceux si beaux d’Henri Matisse). Je travaillais avec des pigments mélangés à de la paraffine que je faisais chauffer, et que je devais appliquer immédiatement sur le support avant qu’elle ne fige.
Très vite, je me désintéressai de l’aspect « autoportrait » pour ne plus peindre ainsi que des motifs décoratifs. L’intérêt de cette peinture abstraite, répétitive en all-over, associée au procédé de la cire, était qu’elle révélait brutalement la surface du support avec une grande matérialité en s’affirmant autant en fond qu’en forme ; ces derniers se retrouvant à égalité dans la « lecture » du motif sans aucune hiérarchie.
Ce fut pour moi une vraie révélation de peintre, car entre ce fond et cette forme juxtaposés sur le même plan, surgissait un nouvel espace, un interstice de jonction qui respirait au gré de mon geste répété mais chaque fois renouvelé ; une sorte de fontanelle mouvante en promesse de devenir dont la sensation (que j’attribue, peut-être à tort à tout phénomène de picturalité) ne m’a plus jamais quittée et m’a convaincue à jamais qu’il était inutile « d’inventer » de nouvelles formes pour renouveler la peinture ; que cette dernière s’alimentait d’elle-même des infimes et infinis décalages que la picturalité était susceptible de générer.
Le constat peut paraître évident, voire banal, mais je sais qu’il faut non seulement en faire l’expérience mais aussi avoir ce « déclic » de la vision pour le prendre à son compte.
On pourrait penser que l’activité Gertrude échappe à cette voie de peinture dans laquelle je prétends m’être engagée depuis plus de trente ans.
J’ai pu le croire aussi quand, exhumant Gertrude de l’oubli il y a sept-huit ans, j’eus l’ambition de lui « inventer » ou lui « redécouvrir » une histoire, un passé, une mémoire. Mon activité aurait pu ainsi basculer du côté de l’imagerie d’une fiction, peut-être en a-t-elle parfois titillé les limites.
Mais Gertrude au fil des années s’est révélée un motif puissant, bien plus puissant que son « histoire ». Gertrude, malgré mes résolutions, mise en avant comme sujet, est restée objet. Elle a même renforcé sa qualité d’objet en me désignant, moi, comme sujet.
Certes, la pratique concrète de la peinture est particulièrement mise à distance dans cette aventure, mais contre toute attente, je reste plus que jamais le peintre, le peintre de Gertrude, le seul autoproclamé dont Gertrude est la motivation, le motif/modèle, le motif répétitif.
Malgré une assez grande variété de mises en œuvre, le motif Gertrude, de point de vue littéral, se limite à quelques représentations de face et de profil, dessins, peintures, modifications infographiques dont les modèles ne sont, ni plus ni moins, que les quelques photographies de départ que j’ai réalisées du crâne de Gertrude.
L’utilisation de ces représentations dans des réalisations plus ou moins farfelues, au gré des mes envies, des rencontres, des circonstances ont fait de Gertrude une image, qui bien sûr, lui reste propre, étant toujours celle de sa « physionomie » unique, mais qui se vide peu à peu de sens en flirtant avec celle stéréotypée et très à la mode de la tête de mort.
On peut ainsi autant se questionner sur les capacités « décoratives » de Gertrude dans la composition d’objets/bricolages qui, souvent, n’ont plus grand chose à voir avec une « mémoire gertrudienne » que sur celles à « jouer » à l’infini les « vanités » en tant que « reste humain » et à déranger ainsi les petits arrangements d’une plasticienne dilettante qui n’a ni le temps ni le courage de combattre en peinture.
Gertrude, ainsi, se répète sans en avoir l’air, n’abordant de front ni la mort, ni elle-même, ni moi, effleurant la surface des choses en restant chose. Quant à moi, je procrastine une peinture à laquelle je consacrerai tout mon temps quand je l’aurai et quand il sera temps et pas trop tard, et où, enfin, je ferai surgir entre Gertrude et le fond qu’elle trimballe la vérité de sa vraie nature.
Juliette Charpentier, Paris, le 9 avril 2014
JC, 1983, autoportrait et motifs décoratifs, pigments et parafine sur contreplaqué
La Grande Boîte
est plus petite que Rome
mais plus grande
que le jardin de Gertrude
Visez l’Infini
en gardant vos distances
et vous serez projeté
directement dans le labyrinthe
du Crâne
Laissez-vous emporter
par le grand flux
de ses résOs

JC, La Grande Boite,
collages de photographies numériques, code QR du blog de Gertrude imprimé sur papier, porte badge en plastique muni d’un mousqueton, fil rouge, éléments électroniques de récupération, boite en carton de récupération,
37 x 28 x 4 cm.


Cela fait six ans et trois mois
que Gertrude
a fait le grand saut
dans l’espace virtuel

Gertrude Rose se fait toute petite
mais prend de la place,
Gertrude Noire
obtient la moyenne
Écrire à dessein
et mourir sans dessein
pour mourir en dessin
ou comment la Crâneuse
meurt pour rire pour avoir une image
Merci à
N’hésitez pas
Aiguisez votre plume à occire
et envoyez lui votre
Fin
elle en tracera à jamais les contours
comme vous n’avez jamais osé l’imaginer
Écrire c’est mourir un peu
mais c’est vivre plus fort
Graphite et poésie assurées
![]()
Mort en tête à tête
Il était évident qu’à force de parler à Gertrude, cela finirait par arriver.
Tout a débuté par un fourmillement dans la jambe droite.
Ce picotement discret est devenu une sensation désagréable, particulièrement quand il a aussi gagné la jambe gauche.
Au départ, je marchais normalement, puis ma peau est devenue comme du carton. Je ne sentais plus le sol sous mes pieds et mes orteils ne m’obéissaient plus, ce qui était très gênant dans la rue, les escaliers et les couloirs du métro.
J’ai commencé à m’alarmer de cet état quand un jour j’ai raté une marche et me suis retrouvée comme un tas d’os en bas d’un escalier de la station Saint Lazare : je pris conscience alors que la réalité terrestre, habituellement matérialisée par le contact entre le sol et mes pieds, n’était plus le fait d’une sensation physique mais d’une compensation cérébrale : je faisais semblant et marchais avec la seule présomption d’une solidité sous mes pieds.
Dans le même temps mes membres supérieurs prenaient le même chemin. Je me réveillais le matin les mains recroquevillées sous ma poitrine et les bras ankylosés. Mes mains, si actives autrefois, se refermaient toutes seules et mes doigts dessinateurs, brodeurs et bricoleurs oubliaient lentement leurs capacités fonctionnelles.
Peu à peu mon corps entier se transforma en buche de bois ; un matin, je ne pus plus me lever. Mes sensations se limitaient à ma tête et s’arrêtaient à ma nuque.
L’IRM révéla à la base de mon cou une formation osseuse qui comprimait la moelle épinière jusqu’à couper toute communication sensorielle et motrice entre ma tête et mon corps. Je fus alors déclarée inapte à toute fonction utile et pus enfin me consacrer entièrement à la futilité.
Mon corps était devenu une chose étrange, voire étrangère, que mon entourage s’appropria entièrement, le bichonnant, le baignant, le talquant, l’épongeant et le soignant amoureusement, surveillant méticuleusement le dessèchement et le recroquevillement de sa peau.
Ma tête, elle, regardait cette agitation avec détachement (au sens propre et au sens figuré) car littéralement je me désolidarisais de ce corps dont le destin ne suscitait en moi que peu d’intérêt si ce n’est une certaine satisfaction d’être enfin débarrassée de lui et de ses contingences physiologiques et intestines.
J’avais cependant une certaine compassion pour cette chair qui dans le temps m’avait donné tant de fierté et de plaisir ; à présent, en plein marasme, elle se mourait en dehors de moi comme un cordon ombilical qui, après la plénitude de l’enfantement, se retrouve, entité déchue coupée et desséchée, enveloppée d’un linceul de gaze au fond de la boite à ordures.
D’un autre côté, il me plaisait de développer de nouvelles capacités telles que la communication oculaire ou la peinture avec la bouche. J’acquis très rapidement une grande maitrise de moyens, du crayon aux nouvelles technologies, avec le seul éventail offert par ma sphère ORL.
Le dialogue avec Gertrude devint alors un véritable tête à tête dans une complicité étroite ; et la performance n’en fut que plus spectaculaire. Elle me fit gagner en notoriété auprès d’un public déjà nombreux.
Je fus une curiosité, une femme sans corps, une tête multitâche universelle qui savait tout faire, dont les tenants et les aboutissements n’étaient que tête pour tête sans prise de tête, dont les réalisations se démultipliaient comme autant de mises en abime dans le jeu de miroir avec Gertrude.
Les gens venaient de loin admirer le phénomène et s’extasier devant les prouesses picturales et virtuelles que j’exécutais en public avec beaucoup de complaisance. Ils s’étonnaient également de la décollation quasi miraculeuse de ma tête, de son autonomie par rapport au reste de mon organisme, au mépris de toute théorie scientifique.
Le corps, lui, (je ne le désignais déjà plus comme « mon corps ») se bonifiait comme une antiquité précieuse, prenait l’aspect et l’odeur d’un vieux cuir de Cordoue, tant il était soigné, ondoyé et parfumé par mes fans qui se relayaient jour et nuit pour éviter sa putréfaction.
Mais peu à peu ces derniers se firent rares : comme tout engouement, l’intérêt porté à ma personne passa avec le temps. La chair mollit, la peau craquela, l’odeur devint moins agréable pour ne pas dire pestilentielle. De petits morceaux se décomposaient et se détachaient sournoisement de ma carcasse, laissant çà et là l’os à nu.
Les quelques fidèles qui restaient, essayaient bien de me le cacher, mais je voyais bien à leurs mines consternées qu’un processus irrémédiable était engagé et que le fragile équilibre qui maintenait ce corps dans un semblant de forme était définitivement rompu.
De mon côté (côté tête), je ressentais les effets négatifs de cette dégradation ; non pas que cette déconfiture corporelle m’affectât, mais mon cerveau étant de moins en moins irrigué, je sentais la torpeur me gagner.
Je perdais lentement le désir et l’énergie de créer. Je passais de longues heures à contempler Gertrude posée sur ma table de nuit ; j’en connaissais les moindres détails et contours et cheminais en boucle le long de ses méandres osseux. Cela devenait une activité réflexe de mon regard, une sorte de mécanisme de l’indifférence. Je pensais tendrement à Marcel et à la roue de bicyclette qu’il regardait tourner comme on regarde un feu de cheminée. Dans un dernier sursaut d’espièglerie je me complaisais dans cet état contemplatif d’un tête à tête avec Feue Gertrude qui ne tournait même pas.
Pour la première fois de ma vie je m’ennuyais et en arrivais à espérer quelques ébats de mouches sur l’occiput de Gertrude pour réveiller je ne sais quel avorton de libido qui me sortirait de cette vacuité. Mais le vide me gagnait inexorablement ; il me remplissait et m’étouffait jusqu’à prendre la place de mon ego. Je n’étais plus rien que cette image dans le miroir sombre des orbites de Gertrude dont je ne parvenais plus à détacher mon regard.
Le corps était devenu un amas informe et gluant baignant dans une sanie infecte aux miasmes irrespirables et où sursautait lamentablement les restes d’une pompe cardiaque.
À quel moment ou de quelle manière la nuit tomba malgré l’électricité qui brulait en permanence ? Je ne sais plus si ce furent les ténèbres au fond des cavités oculaires de Gertrude qui envahirent l’espace ou si je me retrouvai brusquement dans le noir de ces ombres que j’avais tant dessinées avec mon crayon 4B.
Ma dernière pensée, mais était-ce une pensée ou un souvenir, fut pour cette tête aux yeux clos, conservée dans un bocal de formol, présentant à la base du cou une étrange formation osseuse semblable à une tête de mort. Joliment disposés, trônaient également sur l’étagère un magnifique crâne de femme et quelques peintures.
Juliette Charpentier, texte envoyé le 12 aout 2013 à LMG
Face au marasme grandissant dans lequel se trouve sa pratique et l’envahissement irréversible de son espace vital, Le Capitaine n’a d’autre issue que celle de se réfugier dans une taxinomie compulsive aporétique et sans cesse renouvelée du contenu de son atelier-étagère et dans une mise en boite aux signifiants plus ou moins maîtrisés du susdit contenu.
C’est ainsi qu’après six ans et deux mois d’occupation virtuelle et domestique, elle vous présente sa nouvelle catégorie gertrudienne : La compOSition poïetique en boîte, qui même si elle n’a pas le pouvoir de rendre ses desseins plus clairs, ni de dépasser la banalité de ses choix, a au moins l’avantage de satisfaire son goût prononcé pour le bricolage et de tirer parti de ses maniaqueries accumulatives compulsives de collections de contenants en tout genre.

JC, La Boîte des Transparences,
miroir, papier calque, papier de soie, colle, boite en métal et polycarbonate de récupération,
H : 8cm, l : 10 cm
La première CompOSition s’intitule La Boîte des Transparences.
Il s’agit d’une boîte en métal de couleur blanche à section carrée d’environ 10 cm de côté. Cette boîte est, à l’origine, un emballage pour trois paires de socquettes en coton d’une grande marque de prêt à porter, edité en série limitée à l’occasion des fêtes de Noël.
Le couvercle de la boîte est composé d’un cadre métallique et d’une paroi en polycarbonate transparent. Pour cette compOSition, un petit miroir carré est collé en position centrale au fond de la boîte et un dessin représentant le crâne de Gertrude de face a été réalisé à la colle transparente sur la surface du polycarbonate de telle manière que ce dernier exposé à la lumière, son ombre portée soit visible par projection au fond de la boîte et se superpose à l’image réfléchie dans le miroir qui peut être celle du visage du spectateur. Sur deux côtés de la boîte sont fixés des petits pliages en papier calque cousus de fil blanc et contenant chacun une série de neuf petites photographies du crâne de Gertrude imprimées sur papier de soie ; l’emplacement de ces pliages a été choisi en fonction des inscriptions sérigraphiées (marque de prêt à porter) sur la boite et qu’il était nécessaire de cacher.


N’oubliez pas
d’aller zyeuter la deuxième CompOSition chez la Rose
et de fermer vos mirettes
dans la troisième boîte chez la Noire
Gertrude, toujours Gertrude…
Plus j’avance (avancer est une illusion) dans ce travail (franchement ce n’est pas un travail, sinon je ne le ferais pas, surtout que je ne gagne pas un rond), dans ce parcours (est-ce bien un parcours ? Dans un parcours, il faut partir d’un point pour arriver à un autre…), dans cette aventure (quelle aventure ? Il y a trop peu de rebondissements pour employer ce mot), cette histoire (j’ai beau essayer de le faire croire, il y en a pas ; et puis une histoire sous-entend une narration, une temporalité, enfin vous voyez ce que je veux dire…), cette démarche (tout cela est parfaitement immobile et ne nécessite en rien de mettre un pied devant l’autre), cette pratique (je ne fais pratiquement rien), cette entreprise (je ne produis rien et surtout rien de rentable), bref plus j’avance (sans avancer), plus le temps passe (passe-t-il tout seul ?) dans cet espace (voici un terme intéressant, si j’ai encore la capacité à m’intéresser à quelque chose : l’espace, une notion adaptable en deux dimensions, en trois dimensions, au temporel, au réel, au virtuel et à je ne sais quoi encore…) intitulé Gertrude (allons-y, n’ayons pas peur du ridicule ! « un espace intitulé Gertrude », que c’est ronflant et grotesque à la fois ! Mais cela fait longtemps que le rire tue Gertrude et me ressuscite ; bon, voici que je commence, ou continue, à dire n’importe quoi…)…
Mais venons-en au fait… Je disais donc (quelle prétention !) : Gertrude que je « fais » (cette formulation est laide, je sais, mais il s’avère que c’est probablement la plus juste, même si en réalité je ne « fais » rien que tourner autour d’un pot au « Feue » déjà fait) depuis plus de six ans (ça, au moins, c’est objectivement vrai) dans cet espace virtuel (ouf, je l’ai dit, même si cette notion est contestable) est un motif (peut-on encore employer ce terme après Cézanne ?) qui, à force d’être répété (plutôt devrais-je dire : mis à toutes les sauces, obsessionnellement utilisé en tout, collé de manière absurde à toutes sortes d’objets ou de situations) perd tout son sens (faut-il encore qu’il ait eu du sens un jour, ou alors un sens hors de tout bon sens, ou auquel le bon sens n’aurait pu trouver du sens sans perdre le sens des réalités).
Mais de la perte de sens (jolie formule qui cache peut-être une perte de vitesse ou une perte de souffle dans ce « faire », surtout que « vitesse » et « souffle » appartiennent plutôt au vocabulaire des « vivants », monde auquel Gertrude n’appartient plus. Et moi ?) que va-t-il émerger ?
C’est peut-être ici que tout commence (mais je l’ai déjà dit plusieurs fois).
JC, février 2014, Émergences,
craie non fixée sur carnet papier vergé.
Carnet ouvert: 20 x 33 cm.
Honneur
à mes interlocutrices qui
sans jamais rompre le Fil
tissent l’histoire de Gertrude

JC, Le Fil de la Glaneuse (collection particulière),
broderie, fil, aiguille, anneau de papier sur toile,
dimensions encadré 13 x 18 cm.
Pour le Fil rouge d’une Glaneuse Ambuleuse
Allant son chemin
munie de son aiguille
elle a capturé mon crâne à l’écheveau
et piqué 498 fois
l’orbite de Gertrude dans son ouvrage

Cela fait exactement six ans et un mois
que Gertrude est au bout de votre Fil
La Rose sera toujours cousue de fil blanc
et la Noire de fil noir