Les Chètes de Gertrude

 

CHÈTES: Néologisme*

en glisse au-delà du mouroir

désignant tout ce que Gertrude

ne saurait montrer

et ce que nous ne saurions y voir.

Une notion qui tombe à pic

dans le vide

du décollement irréversible de l’Os

et dans le bleu

qui s’insinue dans l’archipel gertrudien.

 

* Cet article est dédiée à Noëlle Combet qui en a inventé le titre sans en maitriser les conséquences.

 

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JC, Chète 1, traces de pétales de fleurs séchés, aquarelle sur papier, 21 x 29,7cm

 

Il y a Pays(pas)sage sous Rose et encre Noire de passage

Moi d’Était.

 

 

 

 

Retour de pensées


 

Cinq ans et cinq mois de Web

cela vaut bien un interlude en pensées

et un hommage à

Marguerite

 

Les Pensées en pétales d’amitié

de Marguerite

pour une tête d’os à la pensée évaporée

 

Promesses poétiques

pour panser le noir d’hiver

et penser le bleu de l’été

 

Promesses de printemps

 

 

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  Pétales de pensée,
collage, dessins, textes
réalisés par Marguerite pour Le Capitaine.
Marguerite est membre actif
de l’éminente Société Française d’Illustration Botanique.

 

 

 

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Gertrude rose et Gertrude noire

se planquent dans les fleurs

en attendant le printemps.

 

Le TurbOS!

 

De toutes les folies de la Toile,

la Crâneuse n’est jamais rassasiée.

Toujours plus vite et toujours plus loin,

elle roulera son crâne sur les sentiers.

Allons sans peur et sans reproche

vers de nouvelles aventures !

La Crâneuse est sur Facebook

depuis hier soir

et met un

turbOS

dans son rafiot !

 

Si vous êtes connecté(e)

cherchez Juliette Charpentier

dans le Réseau,

elle porte son crâne en bandoulière.

 

Hors blog

 

Ceci est bien réel !

 

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JC, avril 2013, Pique-Gertrude n°6 (collection particulière),
canevas, fil, satin, rembourrage synthétique,
3 x 9 x 9 cm.

 

 

D’habitude Gertrude expose

les effets de sa matérialité

de manière virtuelle.

Aujourd’hui elle expose

les effets du virtuel

dans un lieu très matériel,

surplombant l’Enfer,

entre les sept péchés capitaux

et le Coin des Hasards.

lantitete.overblog.com

 

Il serait tout à fait inapproprié et réducteur,

en ces courants d’air impalpables d’Internet,

de vous conter quoi que ce soit

de la réalité de cet espace

et des belles rencontres qui s’y font.

 

Aussi, chers amis,

où que vous soyez dans votre réalité,

je vous laisse à votre imaginaire.

 

Et si vous êtes encore en ligne,

allez donc lire l’histoire incroyable

d’une disparue à la raison décapitée

et au calepin bien rempli,

qui flotte entre les eaux du virtuel

et les ossements du réel :

 

Le Calepin de Dolorès Machefort

par le Maître sérialblogueur

Sébastien Armengol.

 

Le bruit de la Peinture: L’Exception au Capitaine n°6

 

 

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Le temps me manque et la peinture fait du bruit.

 

Elle tinte à mon oreille pour me rappeler mon devoir aux pinceaux, aux tubes de peintures abandonnés au fond de l’étagère, au grand châssis qui sommeille dans le placard.

Ne pas peindre est comme ne rien faire, pas au sens « rien faire » physiquement mais plutôt dans celui « rien ne se fait »  ou « rien ne se produit » dans un temps déroulé inutilement. Pourtant cela fait quelques années que je ne peins plus vraiment, mais cette sacrée peinture ne se tait pas pour autant.

Il faut dire qu’un jour je suis devenue peintre et que depuis je ne peux penser mon travail plastique qu’en tant que peinture. Ce basculement s’est produit avec une rencontre, celle d’un texte et une image, sorte de collision que je raconte ici . Judith biblique, Judith de Klimt qui m’ont réveillée peintre un jour, alors que je répétais inlassablement sur le papier et la toile les formes de cette décollation, au point de les décoller elles-mêmes de leur référent.

La peinture, à mesure qu’elle devenait abstraite, était frénésie et s’imposait en nécessité dans toute son autonomie de matière résistante et pourtant si addictive. Je crois avoir déjà écrit combien la peinture est capable de prendre le pas sur n’importe quelle image pour encore mieux la sublimer en la révélant dans un retournement de la vision, pour qui sait la ressentir et la voir ; qu’ au delà de la couleur et des pinceaux, de la cuisine qu’elle implique, la peinture a une forme de pouvoir sur les sens, un pouvoir de fascination quand elle atteint ce point subtil d’équilibre entre l’image qu’elle forme (qui n’est pas nécessairement figuration) et sa pure matérialité, quand elle amène le regard à osciller entre l’une et l’autre.

Je pense être devenue peintre quand peindre fut en même temps faire et voir intimement intriqués, et qu’il ne s’agissait plus pour moi de reproduire une image réelle ou mentale, mais parvenir à l’émotion, celle « qui fatigue le cœur » comme disait un de mes vieux professeurs au Beaux Arts, celui qui m’a surement tout appris.

Ce qui fait que peindre est une bataille mortelle qui doit être menée jusqu’au bout. Car rater en peinture est intolérable et torturant : c’est la confrontation avec la peinture dont on n’a pas réussi à percer la croute, celle-là même qui ricane, sale méchante et obscène, mauvaise tripe mise à nu par mégarde comme un sentiment honteux. La seule issue en est la poubelle, les oubliettes, l’oubli pour recommencer encore et encore, pour réussir ou rater encore.

Le cap de la peinture est irréversible et une fois engagée dans sa tourmente il me fut impossible de m’en défaire au point d’appeler « peinture » des activités qui semblent pourtant en être éloignées. Ainsi à la question toujours très embarrassante « Que faites-vous comme travail plastique ? », je ne peux répondre que « De la peinture. ».

Je me suis pourtant singulièrement éloignée de l’acte de peindre, et ce depuis que j’ai exhumé de l’oubli le crâne de Gertrude. Mon activité autour de cet objet serait plus de l’ordre du bricolage et du touche-à-tout que de la peinture.

Avant cette période « gertrudienne » je pratiquais la peinture en tant que telle, pour la peinture; la peinture était sa propre raison, son propre prétexte, sa propre motivation, elle n’existait que pour elle-même en cercle fermé; à présent la peinture comme utilisation de couleurs et de pinceaux, se retrouve accessoire dans l’entreprise que vous connaissez ; elle intervient ponctuellement au service des mises en scène que nécessite le show permanent de Gertrude en ligne.

On pourrait trouver tous les prétextes à cette mise à distance avec le médium peinture : manque de place, de temps, odeurs et salissures.

Mais force est de constater que dans le dialogue exclusif entre la peinture et moi, Gertrude s’est immiscée, interposée. Mieux, elle s’est imposée, quittant imperceptiblement et insidieusement sa place de simple motif ou objet pour devenir sujet, sujet d’elle-même, tenant tous les emplois à la fois dans sa petite fenêtre ouverte sur le monde, observée et observant.

Elle a, en quelque sorte, endossé le rôle de la peinture dans ma fatigue cardiaque et mon désir de vertige.

Gertrude, au lieu de voler sa place à la peinture, aurait pu être ce qu’elle fut un certain temps, simple motif à peindre. Cézanne ne disait-il pas qu’il n’y avait rien de plus beau à peindre qu’un crâne ? Pour cela il faudrait que Gertrude soit un simple crâne et qu’elle arrête de communiquer par d’autres truchements que celui de sa forme.

Exactement de la même façon que la tête de Judith, le collier carré d’or qui la décapite si bien, dans une reproduction noir et blanc d’un tableau de Gustav Klimt, ont pu se détacher de leur référent pour devenir les miens, pour me livrer la peinture dans l’espace béant de leur décollation.

Gertrude, elle, est la grande décapitée, décapitée de son corps physique, décapitée de son apparence et de son histoire, décapitée en temps qu’inconnue, simple indice d’une vie à jamais disparue, réceptacle complexe de toutes les légendes.

Gertrude est décapitée d’avance, elle n’a d’autres choix que d’être crâne ou mythe, stéréotype ou individu, néant ou être. La peindre, la représenter revient à aplatir la complexité de cette relation, et à solder de tout compte le dilemme de Gertrude avec son image.

Jamais l’impuissance de la peinture, celle que Gérard Gasiorowski   évoque si bien dans son œuvre, ne m’est apparue de façon si évidente que dans mon travail autour de Gertrude ; comme le retour brutal à la matérialité de la croute, à la « muraille de peinture » totalement inapte à satisfaire le jeu de la mort et du hasard . D’où cette cosmogonie absurde de Gertrude, sorte de Merzbau virtuel qui ne tient que sur une scansion temporelle arbitraire et la superposition dans le matériel et l’immatériel d’objets hétéroclites, mais dont je ne maitrise plus les limites ; comme pour défendre la thèse que la seule cohérence possible de Gertrude reposerait sur la cohabitation chaotique de son état mort avec son existence supposée.

Ce qui fait probablement de Gertrude  le motif le plus abstrait qui soit, bien plus que sa grande sœur Judith, image de la décapitée décapitante, pas si décapitée car décapitante, et à l’évidence passeuse d’une tête à l’autre, de Peinture à Gertrude.

La peinture comme Gertrude ou Gertrude comme la peinture, ou encore Gertrude/Peinture ne se laisse oublier à aucun instant tant elles sont liées dans un amour à mort, chacune reprochant à l’autre ses impuissances à la satisfaire, mais s’essayant l’une l’autre éternellement, de manière vainement aporétique.

 

Ainsi cela fait à présent un an et demi que j’ai entrepris de peindre à partir d’une image de Gertrude.

L’image de format A4 en noir et blanc, au départ photographique, représente le crâne de face du point de vue le plus frontal et le plus neutre et cadré au plus près ; je l’ai postérisée à l’aide d’un logiciel infographique, poussant le phénomène jusqu’à réduire les données de l’image à un système de points ou de conglomérats de points plus ou moins serrés selon la densité de l’image.

Cependant, ces points, bien que globalement répartis de façon à restituer les contours et les valeurs d’une image reconnaissable, semblent, en regardant de plus près, répondre à une organisation totalement chaotique et arbitraire pour l’oeil, celle probablement que calcule la machine logiciel/ordinateur face à des données qui se résument à des systèmes de contraste et concentration de pixels.

La postérisation   « dégrade » ainsi les données de l’image pour les remplacer, au dépend de la netteté et du détail, par des parasites numériques, encore appelés « bruits numériques ». Chaque « bruit » a sa forme autonome et possède même une gamme de valeurs qui lui donne une sorte de profondeur.

 J’ai ensuite quadrillé l’image, ainsi dématérialisée et numérisée, en  cinquante quatre  cases, pour agrandir chaque case en peinture sur des formats papier carrés de cinquante sur cinquante centimètre ; à l’heure où j’écris ce texte, il me reste une dizaine de cases à peindre (Je m’étais donné comme objectif de terminer ces peintures pour aujourd’hui mais le temps m’a manqué) et j’obtiendrai au final une peinture d’environ quatorze mètres carrés, une surface plus grande que celle de ma chambre à coucher.

 

Chaque carré de peinture est une image abstraite, celle du bruit de l’image de Gertrude.

Le bruit de Gertrude.

Le bruit de la Peinture.

 

Juliette Charpentier,

Paris le neuf avril deux mille treize.

Le Trousse Os : Tenue de ça-été*

 

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JC, 2013, Trousse-Os,  Cendres tièdes, tissu de coton, fil, bouton, dimensions variables.

 

La Crâne-Story a entamé sa sixième saison

sur les troubles canaux du virtuel,

sans se découvrir du fil du matériel.

Il est donc grand temps pour Gertrude

de sortir sa collection de Os couture.

 

Pour l’été qui promet d’être Show

elle prévoit la nuisette

Cendres tièdes en lin seul,

idéale pour contempler

le crépuscule au bord de l’Os.

 

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Cinq ans et trois mois d’Os opéra:

les nuits d’été vont être torrides!

 

 

La Rose espère le printemps, La Noire retient l’hiver.

 

 

  *Référence arbitraire aux écrits de Roland Barthes