Éternité, Troisième Station.

 
Troisième Station:
La Médaille de Pélerinage  

de la Yvonne.

Aujourd’hui Mercredi trois Septembre de l’an deux mille huit, zéro heure Huit minutes:
— Point Nord légèrement incliné Est.
— Dans les Limbes, au dessus de l’Horizon.
— À l’opposé des Réalités.
— La plus petite des Médailles de Pélerinage de La Yvonne.
— La Médaille mesure exactement Neuf millimètres.
— L’Abbaye de Cadouin est une étape sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle.
— Pendant Neuf siècles, les moines Cisterciens de l’Abbaye ont cru détenir la Vera Icona.

— La Yvonne était une trés vieille femme solitaire qui vivait en Périgord.
— Chaque jour, elle allait puiser l’eau à la Source et Faisait cuire son repas dans la cheminée.
— Chaque année, elle prenait l’Autocar pour L’Abbaye de Cadouin.
— Gertrude égrène son Rosaire.
— Gertrude collectionne les Médailles.
— Pour l’Éternité.

 CELA FAIT HUIT MOIS QUE
 
GERTRUDE A COMMENCÉ SON
 
VOYAGE.

Distances. Deuxième Station.

 
Deuxième Station:

Une des Neuf Empreintes partielles

du Crâne de Gertrude

&

L’Élastique de Charlie.


Aujourd’hui, Dimanche trente et un du mois d’Août, zéro heure Neuf minutes:
— Point Sud, légèrement incliné Ouest.

Une Empreinte partielle du  Crâne  de Gertrude  et  l’Élastique  de Charlie: Deux fragments de Réalité .
—  Le Contact et l’Élasticité: Deux Composants essentiels de l’Interface enlacés dans les Distances Paradoxales.
— Seul le Temps pourra en avoir Raison.

Champ magnétique, Première Station.

 
Première Station :

La Boussole.
 


Aujourd’hui jeudi vingt-huit août de l’an deux mille huit, zéro heure neuf minutes :

— La Boussole était enveloppée d’un papier graisseux lié par une ficelle.
— Elle a été apportée un soir de mai dans le passage de la Mal Bête par un très vieil homme qui se prétendait livreur .
— Il s’agissait du fantôme du Capitaine Achab.
— L’aiguille est rouillée et flotte dans l’eau croupie du Fleuve.
— Elle maintient la Relique selon un cap constant Nord 2° Est.
— L’atmosphère des anciennes traversées, emprisonnée sous le verre usé, garantit sa stabilité.

Après vérification, expérimentation, authentification*
du Phénomène,
le titre de

Relique Magnétique

est décerné à l’unanimité
par le Capitaine et son équipage de Cochons Ailés.

* La Preuve par Neuf / Neuf sur
gertruderose

 

Mission d’exploration.

 
DEMAIN :
 
 DÉPART POUR LES
ÉTOILES
 
Le Capitaine et son équipages de Cochons ailés
vous souhaitent une agréable croisière
à bord du Vaisseau Cybergalactique

GERTRUDE.
 
Au programme :

Découvertes extraordinaires, Aventures inédites, Courses de désorientation,
Turbulences et Météorites,
Observations, Calculs, Analyses, Dissections,
Oraisons et Prédictions.

Le Voyage durera environ un Mois
Et se terminera par une traversée du Fleuve
sur le Pont de la Réelle Relique.

Rien ne sera prévu
mais
Rien ne sera laissé au Hasard

Stratégie.

 
Le Crâne est de retour.

Seul l’Art de la Guerre subsistera.

Avance Gertrude!

I. Détermine les plans de l’ennemi et tu sauras quelle stratégie sera couronnée de succès et celle qui ne le sera pas.

II. Perturbe-le et fais lui dévoiler son ordre de bataille.

III. Détermine ses dispositions et fais-lui découvrir son champ de bataille.

IV. Mets-le à l’épreuve et apprend où sa force est abondante et où elle est déficiente.

V. La suprême tactique consiste à disposer ses troupes sans forme apparente ; alors les espions les plus pénétrants ne peuvent fureter et les sages ne peuvent établir des plans contre vous.

VI. C’est selon les formes que j’établis des plans pour la victoire, mais la multitude ne le comprend guère. Bien que tous puissent voir les aspects extérieurs, personne ne peut comprendre la voie selon laquelle j’ai créé la victoire.

VII. Et quand j’ai remporté une bataille, je ne répète pas ma tactique, mais je réponds aux circonstances selon une variété infinie de voies.


Sun Tse, Les treize articles sur l’art de la guerre, Article VI: Du plein et du vide,
206 av J-C.

 

Philippe Soupault.

 

        C’est à cette époque que je lus les Chants de Maldoror, qui demeurent pour moi la plus grande révélation.

        Isidore Ducasse. Ces quelques syllabes suffisent à me réconcilier pendant une heure avec moi-même. Il m’importe peu de découvrir, ici ou là, d’autres intercesseurs. Un seul suffit à un seul homme. On parle toujours de l’étoile, de la bonne ou de la mauvaise, d’un être : on ne parle pas d’un firmament. Il me semble que Lautréamont m’empêche d’admirer.
    Cette joie que tout à coup je recueille pour mes sens endormis est une joie sans qualificatif, une joie enfin que je désire et que j’attends. Lautréamont. Ô désespoir de ma vie, ma chère frontière, borne miraculeuse ! J’apprends grâce à lui à me décider à vivre, comme le dernier des crabes. Tout ce qui, autrefois, pinçait mon cœur et fouillait mon cerveau se fane et achève de mourir, sans même que j’y prenne garde.
(…)
        N’est-ce pas qu’il faut avoir du chagrin, beaucoup de chagrin parce que l’on est né trop tard ? Je me console de la mort de mon ami qui fut, dit-on, prématurée, mais non de ma naissance tardive… Il suffisait d’une seule génération. Me voici (moi et les autres) misérablement réduit à fouiller dans les souvenirs, à gratter les pages d’un livre. Un homme, un homme, est-ce que l’on rencontre cela si souvent ? Est-ce que vous en voyez beaucoup autour de vous ? Est-ce que la pourriture qui pue est si féconde ?
        Il faut chercher longtemps. Et lui vivait il y a à peine cinquante ans. Je suis arrivé trop tard et mon ami est mort. Il s’en fallait de trente ans ! Quelle tristesse d’être obligé d’imaginer la dernière crispation de cette bouche pour pouvoir se souvenir d’un visage moribond et chéri !
(…)
        Ce n’est pas à moi, ni à personne (entendez-vous, messieurs, qui sont mes témoins ?) de juger M. le Comte. On ne juge pas M. de Lautréamont. On le reconnaît au passage et on le salue jusqu’à terre. Je donne ma vie à celui ou à celle qui me le fera oublier à jamais.
        J’étais couché dans un lit d’hôpital lorsque je lus pour la première fois les Chants de Maldoror. C’était le 28 juin. Depuis ce jour-là personne ne m’a reconnu. Je ne sais plus moi-même si j’ai du cœur.
        « Allez-y voir vous-même si vous ne voulez pas me croire. »

Philippe Soupault, Histoire d’un blanc, Mémoires de l’Oubli. 1927

 

Dérive.

Peindre des coquillages
ou
la Dérive
comme procédé de Navigation.


Juliette Charpentier, aout 2008

Avertissement:

Attention, sympathique visiteur,
dans cette vidéo,
le Capitaine se laisse emporter
par les flots nostalgiques d’une introspection incontrôlée*.
Si vous ne voulez pas risquer de chavirer et
être complice de ce naufrage,
coupez le son!

*Les dernières lignes de ce texte ont été écrites le 13 aout 2008
à Beynac, en Dordogne, où reposent les cendres de mon père
qui aimait tant la mer et les bateaux.

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ANNIVERSAIRE!

8
Aout 2008

Une Déambulation du Capitaine le long des Hautes Rives de ses Dérives à la recherche des petites coquilles semées par le Hasard.
Soufflez la neuvième bougie :