G Os graphies.

Ou les logiques Os-ganiques
dans la croissance du Crâne
et de ses représentations
entre soi-disant
maitrise du point
et tentative de canalisation
des fluides du Cas Os

Où l’on voit que la Crâneuse
n’a pas fini de chercher
en amont et en aval
de sa mémoire
OS-céanique et G-Os-graphique

« Quel qu’il soit, ce qui caractérise un hasard primaire est qu’il intervient comme point de séparation entre deux stades d’une théorie, l’amont, dont nous ne dirons quasiment rien, et l’aval, qui va, en somme, consister à remplacer des formes inattendues du hasard par d’autres formes, dont on se trouve avoir déjà l’habitude. »

Benoit Mandelbrot, Les objets fractals, forme, hasard et dimension, p.50, Edition Flammarion, Nouvelle bibliothèque scientifique dirigée par Fernand Braudel. 1975.

 

JC, février 2021, Variation océanique de Gertrude. Fil, toile de coton, 15 x 15 cm.

JC, février 2021, Profil de Gertrude en tâche aidée, brou de noix, acrylique sur papier, 25 x 37 cm.

Cela fait maintenant treize ans et deux mois qu’ici en-deça et au-delà
rien n’était prévu
mais rien ne sera laissé au hasard
(ou presque)

 

Os taumatique et psychomotique ou la part en thèse en chantant.

Quand la Crâneuse répond
à une commande
poétique psychomotricienne
elle s’attelle à la tâche
et jette l’encre
dans son âme océanique d’enfant
pour se livrer
à quelques vagabondages automatiques
la tête hors de l’Os

JC, Décembre 2020, Janvier 2021, Cinq peintures psychomotrices, collection particulière appartenant à B. Psychomotricien.
Brou de noix, acrylique, aquarelle sur papier, 50 x 65 cm.

 

 

 

 

 

Cela fait à présent treize ans et un mois que Gertrude vous mobilise le cerveau sans pour autant exclure quelques pas de côté.

13 ans ou bilan de « blogounette ».

 

JC, 2020, Remplissage de Gertrude,
fil de coton écru, provenant d’une filature en faillite et trouvé dans une brocante, sur suédine ( fausse peau) écrue, 25 x 34 cm.
Broderie inachevée, work in progress, mise en scène sur une nappe blanche ancienne ajourée à l’aide d’un appareil photographique numérique installé sur un trépied.

Chers interlocuteurs passés, présents et futurs,
voici treize ans exactement, je créai ce blog dont l’objet central est un crâne, Gertrude, que j’ai acquis lors de mes études à l’école des Beaux-Arts, il y a une quarantaine d’année.
Jeudi 3 janvier 2008 était sûrement un jour un peu vide et la mise en ligne de Gertrude un peu fortuite histoire de combler un petit sentiment d’ennui et de rêverie ; pas véritablement un projet, juste une expérience.

L’entreprise « gertrudienne » sur Internet, improbable à ses débuts, s’est très vite avérée pour moi passionnante et indispensable ; se sont imposés rapidement des protocoles, des rites et des obligations comme la scansion du temps, le jeu avec les mots, l’interaction entre les textes et les objets (dérivés de Gertrude), la mise en scène photographique de ces objets (petites réalisations plastiques), un ancrage plus ou moins étroit dans des références artistiques ou dans des évènements autobiographiques.

Le Blog de Gertrude, malgré son apparence décousue et hasardeuse, répond à une véritable construction structurée et pensée; une solidité qui l’a probablement sauvé du naufrage qu’auraient pu provoquer toutes les turbulences qu’il a traversé entre ramifications et fusions diverses, traversées du désert, changements de plate-forme et c…

J’ai, par ailleurs, renoncé à ranger ou remettre en place les quelques 986 articles et 19829 commentaires mis en vrac par ces péripéties, ou télécharger à nouveau les vidéos devenues inopérantes.
J’ai même attribué à ce désordre, générateur d’une perte de lisibilité des premiers temps du blog, une correspondance avec les mécanismes mémoriels de mon propre cerveau : j’ai, ainsi, de ces treize années de blog, des souvenirs précis de parutions ou de conversations au détriment d’autres quasiment oubliées.

Maintenant, le Blog de Gertrude, bien loin d’être fragilisé par ses errances, est d’autant plus policé, rythmé, structuré par des protocoles précis et identifiables.

Mais l’expérience du Blog de Gertrude n’aurait strictement aucun sens sans interlocuteurs: vous, qui me suivez parfois depuis plusieurs années de près ou de loin et qui n’avez jamais interrompu la conversation.

L’aventure qui dure à présent depuis treize ans, un chiffre à la fois vertigineux et dérisoire au même titre que son objet vaniteux, serait très vite tombée dans une impasse sans les discussions passionnées et passionnantes instaurées dès ses débuts autour de Gertrude, et s’est vite révélée un incroyable medium d’échanges, souvent restés virtuels, parfois aboutissant à des rencontres dans la vie réelle.

Via Gertrude, vous avez joué avec moi, avec les mots, les concepts, les références. Ce fut l’occasion de maintes joutes rhétoriques réjouissantes, de plaisanteries, de calembours et surtout d’un nombre impressionnant de « blagounettes » voire de brèves de comptoir jusqu’à parfois mettre en danger le caractère spirituel et intelligent que j’ambitionnais dans ma démarche.

Car démarche il y a, même si peu ont reconnu ici un dessein artistique (risquons le mot) à cette construction virtuelle toujours sur le fil entre ridicule et effrayant, entre idiotie et autobiographie.

En effet la création du blog de Gertrude survient en 2008 dans ma pratique, à un moment où je suis un peu enlisée dans une recherche picturale qui tourne en rond sans aboutir.

Gertrude, plutôt la réactivation de ce crâne sur Internet, est pour moi une expérience inédite, un moteur incroyable pour mes activités plastiques et ma motivation intellectuelle, une performance aux inventions infinies, le réceptacle (vide !) de toutes les possibilités créatives.

L’expérience Gertrude ,vue en perspective, n’est pas pour autant déconnectée de mon parcours artistique (risquons encore le mot) jamais interrompu depuis plus de quarante ans ; elle est l’issue logique et nécessaire des recherches picturales que je menais depuis des années. Maintenant, avec du recul, j’en prends conscience.

Au bout de ces treize années, il est possible que Gertrude ait perdu un peu de son essentialité dans mes activités : le partage « magique » du virtuel s’est un peu étiolé dans votre probable lassitude d’interlocuteurs gertrudiens, dans l’obsolescence du concept de « blog » au profit des réseaux sociaux qui m’intéressent moins.
Et il est possible que mon travail plastique se déploie à présent davantage dans le réel plutôt que dans le virtuel, plaçant ainsi le blog en arrière plan de ma pratique.

Je me suis interrogée bien des fois sur l’opportunité d’arrêter le blog de Gertrude mais j’ai toujours trouvé de bonnes et mauvaises raisons de poursuivre.

Je n’ai encore rien décidé pour la suite, je pense peut-être à de nouvelles modalités ou protocoles, par exemple à une nouvelle catégorie qui s’intitulerait « Une toute autre histoire »…
Et m’en remets toujours à ma chère devise : rien n’était prévu mais rien ne sera laissé au hasard.

 

Le 03/01/2021
Juliette Charpentier,
plasticienne, créatrice et administratrice du Blog de Gertrude.

 

Les contre-vanités de Gertrude.

Gertrude serait-elle une contre-vanité ?
Avec sa tête en os et ses faux airs de tête de mort, est-elle la mieux placée pour nous alerter sur les futilités de ce bas-monde face au néant ?
Ce reste humain, initialement destiné à la Science, instrumentalisé dans une démarche pseudo artistique, ne serait-il pas un simulacre de « memento mori » un « souviens-toi » de « ça été » plutôt que de « ce qui sera », une esquisse grossière de figuration de la mort dans le refus obstiné de correspondre au stéréotype du crâne?
L’os, quel qu’il soit, est un constat figé, un arrêt sur image dans le processus de décomposition du corps, une étape après la chair, après la peau, après tout ce qui donne physionomie, après tout ce qui dégouline. Contempler son immobilité, sa minéralité, sa face aveugle et sans histoire, revient à se dispenser de toute digression sur le véritable travail de la mort, à s’aveugler sur la défaite en marche de l’être.

La vanité est ailleurs :
Elle est peut-être dans l’acte de peindre…
Elle est peut-être dans ce texte…
Elle est peut-être dans cette photographie…

Photographie numérique montrant l’atelier de JC.

Cela fait exactement douze ans et onze mois que Gertrude se la joue mortelle sur Internet.

Les intérieurs de Gertrude

Confinée
Cas contact
Contactée
Sans contact
La Crâneuse
Se vide la tête
En un seul souffle
Et fantasme
À distance
De l’extérieur
Les intérieurs de l’Os
Par quelques procédés plastiques
Modestes
Au creux
Du papier chiffon
D’une Gertrude en forme

Cela fait exactement douze ans et dix mois que Gertrude se plaint du vide en vidant son plein sur la Toile.

JC, novembre 2020, Les intérieurs de Gertrude, diverses techniques et matériaux sur papier Arche pressé en creux selon la forme
du profil du crâne de Gertrude. Neuf éléments de 9 x 13 cm.

 

Gertrude ou le complexe du paillasson.

 

Gertrude Os sans corps
mais drôle de coco
se rêve paillasson
à vos pieds

Chers amis et voisins
entrez
dit-elle
mais prenez les patins

Il faut dire que cela fait exactement
douze ans et neuf mois
que Gertrude
vous gratte la plante
afin que vous vous sentiez
encore vivants

JC, septembre 2020, Gertrude Paillasson, fibre de coco sur PVC. Chaque élément: 17 x 12 x 1 cm.

 

Photographie numérique, réalisée au seuil du nouvel atelier de JC, où nous percevons au premier plan, au niveau de la porte ouverte, le paillasson de l’entrée agrémenté de trois éléments en forme de crânes découpés dans la même matière, et une pancarte en chêne (reste du parquet de la bibliothèque du Moulin) pyrogravée, mentionnant la nature de l’atelier et la bonne direction, posée sur une chaise escabeau de bibliothèque. Au deuxième plan nous devinons, plongés dans l’ombre, quelques produits des activités plasticiennes de JC.

VAIN c’est bien, RIEN c’est mieux.

 

Aujourd’hui
trois septembre deux mille vingt
La Crâneuse
décide
de ne
RIEN
faire

Cela fait exactement
douze ans et huit mois
que Gertrude
c’est
du Vain
du BON
du BONNET
(d’âne)

L’Os qui pue.

Gertrude aimerait tant
avoir les pieds qui puent
mais à défaut de membres inférieurs
et même de membres tout court
elle se contente
de la supériorité de son occiput

Elle voudrait nous faire croire
que détachée
des basses contingences du corps
elle serait en odeur de sainteté
transfigurée en fleur
aux couleurs ecclésiastiques

JC, L’Os qui pue, (collections particulières) coussinets comprenant toile Aïda, tissu, rubans, fil à broder, fleurs de lavande,
10 x 10 x 3,5 cm.
Sur la photographie, également différents éléments : coussinets en tissu, boite contenant des fils et une pochette en papier, tambour à broder, aiguille, fleurs de lavande, crayon, papier calque.

Cela fait douze ans et sept mois
que la Crâneuse
elle
a bien les pieds sur terre
et un Os-l’a-vendu-project
derrière la tête

Gertrude pique assiette* (ou Gertrude pharmacie*).

Cela fait douze ans et six mois
que Gertrude s’invite gratis
sur le Web
pour tenter en vain
de recoller les morceaux
de son passé disparu
avec les moyens du bord
et quelque louche pharmacie*
porcelainière

Elle reste définitivement
CRÂNE
et
BRUT*
de décoffrage

JC, juillet 2020, Gertrude pique assiette* (ou Gertrude pharmacie*), installation éphémère sur une surface de béton brut de tessons en porcelaine, faïence et céramique trouvés sur le terrain du Moulin Deschamps.

*Encore quelques références ready-made.

CompOsition Poïetique en Boite n°10 : Gertrude en conserve.

En l’honneur de Sophie la Boîteuse
Indocile Heureuse qui ne boite jamais
Gertrude se conserve
dans le ventre de Jaunasse
le petit bac à recyclage d’os
avant déconfinement à l’ouvre-boîte
et mise de concert
sur le mur des belles boites à zyeuter

JC, Gertrude en conserve (collection particulière), boîte de conserve déformée, papier, peinture acrylique, crayon aquarellable, photographie numérique,
bouton de rose séché provenant du jardin de S. et C.
Emballage : carton, peinture acrylique, crayon de couleur, punaise en métal. 9 x 9 x 8 cm.

Cela fait maintenant douze ans et cinq mois
que la boite crânienne de Gertrude
est du miracle en conserve

L’œil attentif de Sophie alias Indocile Heureuse à la lumière de l’oculus
offert à la Crâneuse pour son noeuf d’avril.
Alléluia!