Le calendrier de Lard Vain. Vingt-troisième et dernier jour: 25/12/2023.

 

Jour 23:
Une femme et pas n’importe laquelle pour conclure cette série laineuse presque entièrement consacrée aux artistes hommes
(Il fallait bien leur dédier un peu de tricot.)

JC, novembre 2023, Jour 23, laine feutrée à l’aiguille, diamètre: 6 x 8 cm.

Et c’est:
Avertissement: Les réalisations de la série « Le calendrier de Lard Vain » sont des interprétations ludiques et approximatives aux procédés improbables et inappropriés des œuvres d’art citées. Elles ne doivent en aucun cas être prises au sérieux.

Joyeux Noël et rendez-vous l’année prochaine!

 

Des desseins du Crâne aimé aux dessins de graminées.


JC, mai 2023, dessins et peintures à partir d’un bouquet de graminées*, techniques diverses (crayon, fusain, pastel, aquarelle, huile, acrylique…), dimensions variables.

Dessiner un crâne ou des graminées
revient toujours à structurer le désordre
en désordonnant la structure
afin d’animer le crâne
et laminer les grammes
Le trait crâneur se situe ainsi
entre le poids de l’os et la légèreté de l’air
Ici Tout est Vanité
qu’il soit crâne graine ou tatou



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cela fait exactement
quinze ans et cinq mois
qu’il y a du dessein dans le dessin
et du dessin dans les desseins
du Cas Os.

* Cet article est dédié à R. V. qui m’a offert un bouquet de graminées avec la mission de les dessiner.

Le voyage immobile du Tatou mobile.

 

Le Tatou croco de faux cuir revêtu rêve de montagnes acryliques derrière sa vitre rhodoïd. Muni de cannes à pêche, il file comme un rat mort en laine pressée, et roule en boule dans un cylindre d’écailles miroitantes.
Balançant au passage perles et verroteries aux crochets du Capitaine, il ramasse tête à queue et quatre pattes éparpillées en folie plastique. Son corps enfin articulé frôle les yeux doux des broderies reptiliennes, rebondissant sur le corps mou des mots cotonneux .
Au bout du chemin le fil hommage du faire Calder dessine Tatou en l’air face à la sainte tête tatouée paperollée tandis que la silhouette de la bête, or et argent, danse le recto-verso dans la lumière.
Voyage immobile en fragile équilibre dans l’espace, il est temps de se reposer tout ficelé dans son tuyau carapace.
Et tournent les ombres sur la surface du mur blanc …


JC, 2022-2023, Le Tatou mobile (collection particulière). Tiges acier, fil de nylon, matériaux et objets divers. Hauteur: 180cm

Cela fait exactement
quinze ans et quatre mois
que ça bouge chez Gertrude
mais que c’est toujours là.

Quinze ans ou la crise d’Acmé.


En pleine crise d’Acmé1
Gertrude la Belle2 Boutonneuse3
Os ingrat adulé mais pas adulte
fête ses quinze ans sur la Toile

JC, La Belle Boutonneuse, décembre 2022, boutons* cousus et image transfert sur toile, 47 x 30 cm.
(*Issus de la collection de boutons conservés depuis plus de quinze ans par JC, pour la plupart offerts en surplus de vêtements de prêt-à-porter maintenant donnés ou usés sans avoir perdu leurs boutons d’origine.)

  • 1-Je serais bien tentée en ce trois janvier 2023 de vous souhaiter une bonne acné mais…
  • 2-Sous ses appâts rances de jeune fille polie, bien rangée et organisée, Gertrude cache une personnalité cas os tique.
  • 3-Qui cherche toujours ses marques et sa boue d’ornière.

 

Le tatou de Tata.


Toute petite, bien avant la tête en os, j’ai dit à Bibi : ce tatou sera à toi tôt ou tard.
Tatou tabou de tata et tonton, en ostension dans l’étagère et zyeuté à distance (pas touche le tatou martelait Tata), j’en tâtai très tôt la teinte, mes mirettes toutes en fascination de ses facettes, attentives aux détails de sa carapace étincelante.

Depuis, tapi dans ma tête, le tatou mythique, le tatou perdu, bête exotique titanesque peau tendue tannée, thanatopractée en côte tatouée… T’es où mon tatou toutou gigantesque tant attendu?
« Tata » comme on dit au Vanuatu lorsqu’on se quitte…

TATAM ! le tatou reparut tantôt (cela faisait si longtemps) tout rapetissé mais tout à fait entier, intact et rutilant.
Tata, Tonton et tontaine partis, le tatou revint à Bibi en héritage.

Le tatou de Tata est tout à moi, tatou à triturer, à tatouiller et à en tatoupeinturlurer les interstices.
Tatou ! tatou ! talalaire !

JC, juin 2022, Quelques essais de représentations du tatou et d’explorations des interstices entre mémoire et réalité. Techniques mixtes sur papier (huile, acrylique, brou de noix, encre de chine, pastel etc… ) dimensions variables.

Cela fait exactement
quatorze ans et six mois
que Gertrude se tamponne
tout et le toutim
sur la Toile
qu’elle soit tête ou tatou

Le tatou empaillé, que je visitais, enfant, en grande cérémonie chez ma grand-tante et qui me fascinait tant. Il avait été rapporté il y a très longtemps par un lointain oncle d’Amérique. Par le plus grand des hasards, il m’est revenu récemment en héritage plus modeste et plus petit que dans mon souvenir.

 

 

 

Gertrudum polycephalum ou la tentation du vivant.

 

Dessins du crâne de Gertrude et sclérotes de physarum polycéphalum sur papier filtre. Diamètre : 9 cm.

La Crâneuse aux détours des méandres de son Os si mort, curieuse de tout depuis sa tendre enfance dans la contemplation des fourmis et des caméléons, n’a cessé d’observer crânes et coquilles vides, natures mortes ou silencieuses, choses vivantes mobiles ou immobiles.
Ainsi a-t-elle, l’œil en éveil et un peu par hasard, découvert il y a quelque temps un petit myxomycète* sauvage dans son jardin qu’elle a prénommé Pampa ; que faute de parvenir à élever à l’abri de son antre, elle a laissé vivre dans son milieu naturel.
L’observation de cet organisme s’est rapidement avérée compliquée par une météo corrézienne capricieuse. La Crâneuse, dans sa soif d’en apprendre davantage sur le phénomène, a donc cédé à la tentation d’acquérir via Internet un spécimen approchant, un physarum polycéphalum de souche australienne particulièrement bien adapté à la vie en laboratoire.
La Crâneuse s’est rapidement prise au jeu de la science, bichonnant et faisant croitre le petit être jaune et gluant prénommé Ricci, le nourrissant avec amour et lui fournissant tout le confort qu’exige son fragile plasmode, tout en s’émerveillant de ses incroyables capacités.
(Si les détails de cet élevage vous intéressent, retrouvez-les sur le compte Instagram dédié à Pampa et Ricci : @pampa_et_ricci ).
De ce petit élevage domestique pseudo-scientifique à la participation à la Science avec un grand « S » il n’y avait qu’un pas, et la Crâneuse, en toute logique, n’a pas manqué de candidater à une grande opération d’expérimentation participative « Derrière le blob, la recherche » organisée par le CNRS et plus précisément par Audrey Dussutour, chargée de recherche, grande spécialiste des êtres unicellulaires et des « blobs ».
À la veille de cette expérience inédite sur le réchauffement climatique qui doit mobiliser le sérieux et la rigueur exigés par toute étude scientifique, la Crâneuse a « endormi » la totalité de ses « Ricci » pour ne pas interférer avec la souche prochainement envoyée par le CNRS, déjà prénommée Céhènéresse.
La Crâneuse dans ses délires pseudo-scientifiques, voire carrément scientifiques, n’en a pas pour autant oublié sa nature plasticienne et crâneuse. Voici qu’elle se retrouve avec une cinquantaine de « sclérotes » sur papier filtre, état intermédiaire de sommeil ou de vie suspendue que le myxomycète adopte en cas de pénurie nutritive et hydrique, et dans lequel il peut rester indéfiniment dans l’attente de conditions adéquates à son réveil et son développement.
Profitant de ce temps de latence entre deux aventures « blobesques », la Crâneuse s’empare de ces supports dessinés par les hasards logiques de la nature afin d’y mener quelques expériences plastiques et pourquoi pas crâner un peu…
Gertrude n’est-elle pas polycéphale ?

 

*Les myxomycètes sont des organismes unicellulaires ni végétal, ni animal, ni champignon. Outre quelques souches étudiées en laboratoires, il en existe un très grand nombre la plupart vivant en milieu naturel . Ils sont communément surnommés « blob » pour leur caractère gluant et invasif en référence au film de SF « The Blob » de 1988. Les myxomycètes, bien que dénués de cerveau, sont presque immortels et possèdent des capacités étonnantes d’apprentissage et d’adaptation.

Physarum polycéphalum sur gélose dans boite de Pétri photographié sur fond bleu. Diamètre : 9 cm.

Essais d’aquarelle à partir de physarum polycéphalum.

Sclérotes sur papier filtre.

Dessins à l’aquarelle et crayon réalisés « en miroir » à partir de sclérote de physarum polycéphalum. Diamètre : 9 cm.

Aperçu de l’élevage du »blob ».

Os qui roule…

 

En attendant
la soirée mousse de la vaine ânée
le moussaillon Gertrude
de ce rafiot moussu
se fait mousser en verte mousse
sur une meule
qui ne tourne plus rond.

Un os qui roule
amasse-t-il de la mousse
pour autant ?


JC, novembre 2021, L’os qui roule, mousse de jardin installée sur une ancienne meule de moulin.

Cela fait treize ans et onze mois
que Gertrude tourne autour de l’os
broie du vain
fait mousser les mises en bière
et enfarine la Toile.


Cet article meunier est dédié à l’âne qui jadis portait le grain sans glisser sur la mousse ainsi qu’à Anne Hecdoth fidèle interlocutrice qui aime bien tourner autour du pot et en ferait bien son pain (beurre).

Os brouillé.

 

« Approchez-vous, tout se brouille, s’aplatit et disparaît ; éloignez-vous, tout se recrée et se reproduit. » écrivait Denis Diderot à propos des natures mortes, particulièrement de La Raie dépouillée, du grand Jean Siméon Chardin lors du Salon de 1763.

La Crâneuse
elle
loin d’être Siméon
a beau s’éloigner de Gertrude
constate que l’os reste brouillé
et dans son aveuglement
ne peut qu’objectiver subjectivement
un crâne qui ne sera toujours
qu’une nature morte
aux lignes mouvantes
mais non vivantes

JC, avril 2015, Réalité augmentée de Gertrude,
vidéo d’animation à partir de lignes tracées à l’aide d’un stylo 3D initialement publiée dans ce blog le 3 mai 2015.


JC, octobre 2021, petites natures mortes d’atelier, peinture à l’huile sur papier de récupération, chaque élément environ 16 x 21 cm.

Mais il semblerait
que malgré sa nature bien morte
Gertrude cherche ses limites
depuis maintenant treize ans et dix mois
c’est dans l’os des choses


Gertrude ou l’expérience de « l’horror vacui ».

 

Gertrude préfère le plein au vide
et la vie à la plainte

JC, avril 2021, Gertrude, exercices d’Horror vacui, brou de noix, crayon aquarellable, fusain, craie, encre de gravure sur papier,
chaque élément environ 25 x 38 cm.

Cela fait treize ans et quatre mois
que la Crâneuse s’exerce
à l’Horror vacui
en remplissant le Rien de Vain

Les clés de l’Os.

Faire peinture de Gertrude
me tiraille
me disjoint
m’écartèle
me désorganise
me décompose
car envisager Gertrude en peinture
reviendrait
à raconter les tableaux à un os mort*
sans pour autant
lui en livrer les clés

Gertrude est un os mort
un os si mort
un occis mort
un os qui mort
mais tout le contraire
d’un oxymore
n’en déplaise aux nases

JC, mars 2021, Les clés de l’Os, peinture à l’huile sur clés à tableaux, configurations et dimensions variables. Les clés à tableaux sont des petits objets en bois qui servent à garder la toile à peindre en tension sur le châssis.

Cela fait exactement treize ans et trois mois que Gertrude garde la Toile en tension avec ses fausses clés absurdes

*Encore une référence capillotractée à l’histoire de l’art, ici une allusion à la célèbre performance de Joseph Beuys
« Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort. »