Cela fait sept ans et dix mois
que G l’Os et J la Crâneuse
suent la peinture
et marquent la Toile
sur le lin seul
même
JC, octobre 2015, G (série), fil noir, toile de lin tachée de peinture à l’huile, broderie au plumetis, 23 x 24 cm
Cela fait sept ans et sept mois
que la Crâneuse
prend Gertrude comme prétexte
pour faire exception
C’est à ce moment là que j’ai pu également découvrir les deux documents glissés entre les pages. L’un est une photographie de groupe datant des années d’École Normale de ma grand-mère. Dans un alignement de jeunes filles sages, il est possible de reconnaître ma grand-mère Jeanne la deuxième en haut à gauche et au premier plan complètement sur la droite sa meilleure amie Marguerite qui est aussi la sœur de Baptiste. L’autre est une carte postale reproduisant un tableau de Jean-Baptiste Corot, un des rares paysages tourmentés du peintre. Elle est adressée à Jeanne. Le texte est celui d’un jeune homme, Baptiste qui ne cache pas ses sentiments pour la meilleure amie de sa sœur ainée Marguerite ; il a cinq ans de moins qu’elle. Une évidence se tisse entre ces trois témoignages, entre le cahier, la photographie et la carte postale, une histoire simple et belle, l’histoire d’une vie commune basée sur l’amour et que seule la mort a pu défaire. Le cahier raconte les menues tranches de vie insignifiantes et précieuses de cette vie heureuse ; Sur la photographie le visage de Jeanne exprime tout le sérieux et l’engagement de la jeune institutrice dans le métier auquel elle a consacré sa vie. Sa tête légèrement penchée, quelques mèches de cheveux qui s’échappent laissent entrevoir la rêverie et le romantisme ; ceux-là mêmes qu’elle garda toute son existence, qui auraient pu passer pour de la mièvrerie et qui transparaissent dans ses écrits autant attachés à raconter les petits riens de son existence, l’éclosion des fleurs, le pépiement des oiseaux que les histoires lourdes de son héritage familial.
La carte postale et les quelques lignes écrites à son verso préfigurent toute la vie d’admiration de Baptiste pour Jeanne en miroir des mots écrits par ma grand-mère à la fin de sa vie.
Juliette Charpentier, Le Cahier de Jeanne, 2015 (extrait)
Gertrude écrit et la Rose brode
D’un air qui dénote
le vain de l’Avent
et détonne en carillonnant
Gertrude sonne les cloches
et tinte du vain
en l’honneur des cloches
qui grelottent dans le vent
JC, novembre 2014, Le jardin Pulmon’air de Gertrude n°6 ou Le jardin Pulmon’air cloche.
Ventouse pulmonaire achetée à la Communauté Emmaüs, mousse polyéthylène, feutrine noire, fil de métal noir, épingles d’entomologie, fils de coton, grelots dorés et argentés, impressions de photographie numérique sur papier.
Hauteur : 7,5cm, diamètre : 6,5cm.
Cela fait six ans et onze mois
que Gertrude fait la cloche sur Internet
Le vain de l’Avent souffle aussi chez Gertrude et Gertrude rose
Gertrude respire,
Gertrude inspire,
Gertrude expire,
Gertrude transpire,
Sous une racine, c’est pire !
Pisser au lit, c’est pire !
À l’envers c’est pire !
Et en vert, c’est pire !*
JC, Le jardin Pulmon’air de Gertrude n°3 ou Le jardin des Vers chlorophyllés.
Ventouse pulmonaire achetée à la Communauté Emmaüs, mousse polyéthylène, fleur de chrysanthème séchée, épingles d’entomologie, photographie numérique, perles, paillettes, fils.
Hauteur : 7,5cm, diamètre : 6,5cm
*Ce ver vert en vers est dédié à la Mère Cière.
Bouteille de
Vain
dont le contenu est certifié
Vain
Cela fait six ans et cinq mois
que Gertrude se bonifie dans le Vain
JC, mai 2014, Bouteille de Vain,
bouteille en verre et bouchon de liège « gertrudisés » recouverts de papier de soie tamponné au motif Gertrude , colle et peinture acrylique,
longueur : 26 cm, diamètre 10 cm.
Pendant que la Rose vit dans le péché
Gertrude parcourt le Monde
ÉTAIENT
sept fleurs orgueilleuses
sur une fière orchidée.
Leur temps suspendu
m’avait convaincue de leur immortalité.
Les perfides tombèrent une à une
dans un léger froissement.
Je les récoltai et les aplatissai
entre les pages d’un livre d’art.
Piégées, elles ne purent que livrer
leurs replis
à l’illusion du
PRÉSENT.
JC, aout 2013, Mine de plomb, sanguine et crayon de couleur sur papier
(toujours dans le petit carnet vénitien de Marguerite),
12 x 17 cm
Cela fait cinq ans et huit mois que Gertrude est en ligne,
mais Gertrude et Gertrude Rose hésitent encore :
Nature ou Culture ?
Le printemps ne peut être
qu’exception colorée dans le Noir.
JC, Portrait de Gertrude en roses,
pétales de roses, feuilles de rosier, aquarelle sur médium,
20 x 20 cm.
Cela fait cinq ans et cinq mois
que Gertrude ne souhaite penser
que ce que pensent les roses.
Pendant que la Noire se fait rose,
Gertrude rend hommage aux pensées de Marguerite
et Gertrude rose pense au printemps
parmi les marguerites.
JC, 2013, Trousse-Os, Neige fatale, fausse fourrure acrylique, fil, boutons, galon doré, dimensions variables.
Neige fatale
pour cueillir les edelweiss en bas de la pente.
Cela fait cinq ans et trois mois
que Gertrude fait l’hiver et le beau temps
sur les podiums d’Internet
Gertrude a la nostalgie de l’été et Gertrude Rose rêve au printemps.