Au programme du Ciné-Club

des
Petits Cochons:

Une vieille
copie
 
de la Mesure des Écarts
de la Ressemblance
par
CONTACT
tactile.

Crois-tu que si un homme était capable de faire indifféremment et l’objet à imiter et l’image, il choisirait de consacrer son activité à la fabrication des images?

Platon.


L’original

Calcul de Distance.


Étant donné
une Tirelire
venue
de deux cents kilomètres au Nord.
Étant donné
une Tirelire
venue
de six cents kilomètres au Sud.

JC- Sans titre, pate à cuire, 9 x 6 cm

Combien* d’empreintes
de sabots de Cochons
y a-t-il entre les deux?

*Avertissement:
L’usage de la calculette n’est pas autorisé;
seul la fronde à l’élastique est tolérée.

CHECK-LIST.

SOYEZ PRÉVOYANTS !

Vérifiez si vous avez bien :

Votre télescope, votre parapluie, votre microscope, votre sextant, votre stylo plume, votre planche de surf, votre crucifix, votre manomètre, vos grigris,  votre thermomètre, vos rames,  votre chronomètre, votre rosaire,  votre machine à coudre, vos palmes, votre eau bénite, vos pinces-monseigneur, votre marteau, votre compas, votre fétiche, votre clavier, votre balance Roberval, votre prie-dieu, vos écouteurs, votre doudou, votre clepsydre, votre agenda, votre maillot, votre tenue de plongée, votre baromètre, vos lunettes à carreaux, votre lecteur mp3, votre bréviaire, vos mouchoirs, votre pense-bête, votre échiquier, vos cordes vocales,  votre gilet de sauvetage…

Maintenant surveillez les quatre points Cardinaux :
Tout peut encore arriver !

Colère!

Jusqu’où ira Gertrude sur le chemin de la Colère ?
Parviendra-t-elle encore à puiser au fond de la Déception
les forces de la Dérision ?
Aura-t-elle l’élégance de rire dans son Désespoir ?
Trouvera-t-elle l’énergie de Continuer ?

Vous qui échangez des banalités à la scène comme à la ville,
Vous qui congratulez ceux qui vous ressemblent,
Vous qui flattez votre bonne conscience en hurlant avec la meute,
Vous dont l’idéalisme béat se cultive dans un fauteuil,
Surtout ne prenez aucun risque.


La Liberté
vous fait peur ?
Gardez-vous en bien, laissez-la aux fous.

La Mort
vous paraît obscène ?
Gardez les yeux fermés, suivez le troupeau bêlant…
Tout droit devant vous : l’abattoir.

Mais, de grâce, passez votre chemin !


Philippe Soupault. (rose)

RENCONTRE*

Philippe Soupault (1897-1990), photographié par Bérénice Abbott, 1928.

        Quand j’étais élève à l’école des Beaux-Arts, Philippe Soupault vint y donner une conférence. Nous vîmes arriver un très vieil homme au profil d’aigle. Il nous parla pendant deux heures avec passion et bienveillance de son extraordinaire parcours, ces longues mains noueuses comme des ceps de vigne posées devant lui.
        À la fin de son intervention, prise d’une impulsion soudaine, je surmontai ma timidité et m’approchai de lui. Du haut de mes vingt ans je lui racontai que j’avais lu les Chants de Maldoror une bonne dizaine de fois, que ce texte était pour moi une vraie révélation, que j’en connaissais des passages entiers par cœur.
          Je sais
que Philippe Soupault  m’écouta et me parla avec une grande douceur ; je me souviens surtout de la lumière de son regard et de la beauté de son sourire.
        Je sus à l’instant même, que je rencontrai cet être humain pour la première et la dernière fois de ma vie, que j’étais dramatiquement née trop tard.
      
        J’ai acheté, cet été, sur Internet le premier volet des Mémoires de Philippe Soupault, Histoire d’un blanc, qu’il a écrit à l’âge de trente ans ; je n’ai pris connaissance de ce texte que ce mois-ci.


« Allez-y voir vous-même si vous ne voulez pas me croire. »

*La Rencontre est un phénomène rare; cependant elle reste, je crois, ce qui advient de plus important et de plus déterminant dans une vie.

   
 Des êtres se rencontrent et une douce musique s’élève dans leurs coeurs.
Jens August Schade