Huit ans : Principe élémentaire du rudimentaire

 

Cela fait huit ans

que la Crâneuse capte la lumière de l’Os

de manière archaïque

pour la diffuser en high-tech

 

Serait-ce la seule façon

d’esquiver l’archétype ? 

 

 

Élémentaire ma chère Gertrude ! 

 

Huit ans : Principe élémentaire du rudimentaire

 

Huit ans : Principe élémentaire du rudimentaire

Huit ans : Principe élémentaire du rudimentaire

JC, janvier 2016, Principe élémentaire du rudimentaire,

boîte à chaussures modifiée et peinte en noir, papier calque, aluminium,

10 x 18 x 29 cm

 

Compte de Noël cousu à points contés

 

Cela fait sept ans et huit mois

que la Crâneuse

conte sans compter

et que Gertrude

compte sans conter

 

 

Compte de Noël cousu à points contés

 

Ma tante Madeleine est morte le 25 décembre . Nous l’avons enterrée le jour de la Saint Sylvestre. Madeleine ne s’était jamais mariée et n’avaient d’autre descendance que nous, ses neveux et nièces. C’est à dire ma sœur aînée, mon petit frère, ma cousine et moi. Dernière survivante de la fratrie dont elle était l’aînée, elle a mené une vie discrète et apparemment sans histoire, s’occupant jusqu’à la fin de mes grands-parents. Ce fut une vie bien réglée comme les obsèques qu’elle avait organisées dans ses moindres détails. Sa fin un jour de Noël réclamait cependant l’attention que peut-être malgré nous, nous lui avions insuffisamment accordée, mais qu’elle nous avait, elle, portée sans relâche, ne ratant aucune occasion ni aucun anniversaire pour nous témoigner son affection. Ancienne gestionnaire d’un grand lycée de Limoges, elle avait pris soin par testament de répartir  ses biens et son épargne de sage fourmi équitablement entre nous.

 

Juliette Charpentier, Le Cahier de Jeanne, 2015 (extrait)

 

Jeanne et Baptiste

 

Cela fait sept ans et sept mois

que la Crâneuse

prend Gertrude comme prétexte

pour faire exception

 

Jeanne et Baptiste

 

 

C’est à ce moment là que j’ai pu également découvrir les deux documents glissés entre les pages. L’un est une photographie de groupe datant des années d’École Normale de ma grand-mère. Dans un alignement de jeunes filles sages, il est possible de reconnaître ma grand-mère Jeanne la deuxième en haut à gauche et au premier plan complètement sur la droite sa meilleure amie Marguerite qui est aussi la sœur de Baptiste. L’autre est une carte postale reproduisant un tableau de Jean-Baptiste Corot, un des rares paysages tourmentés du peintre. Elle est adressée à Jeanne. Le texte est celui d’un jeune homme, Baptiste qui ne cache pas ses sentiments pour la meilleure amie de sa sœur ainée Marguerite ; il a cinq ans de moins qu’elle. Une évidence se tisse entre ces trois témoignages, entre le cahier, la photographie et la carte postale, une histoire simple et belle, l’histoire d’une vie commune basée sur l’amour et que seule la mort a pu défaire. Le cahier raconte les menues tranches de vie insignifiantes et précieuses de cette vie heureuse ; Sur la photographie le visage de Jeanne exprime tout le sérieux et l’engagement de la jeune institutrice dans le métier auquel elle a consacré sa vie. Sa tête légèrement penchée, quelques mèches de cheveux qui s’échappent laissent entrevoir la rêverie et le romantisme ; ceux-là mêmes qu’elle garda toute son existence, qui auraient pu passer pour de la mièvrerie et qui transparaissent dans ses écrits autant attachés à raconter les petits riens de son existence, l’éclosion des fleurs, le pépiement des oiseaux que les histoires lourdes de son héritage familial.

La carte postale et les quelques lignes écrites à son verso préfigurent  toute la vie d’admiration de Baptiste pour Jeanne en miroir des mots écrits par ma grand-mère à la fin de sa vie.

 

 

Juliette Charpentier, Le Cahier de Jeanne, 2015 (extrait)

 

 

 Gertrude écrit et la Rose brode