Cela fait cinq ans et huit mois
que Gertrude
se prend pour un coquillage
et que j’écoute l’Os séant
JC, aout 2013, Planche de Gertrude en coquillage, aquarelle sur papier, 25 x 33 cm.
Gertrude Rose voyage, Gertrude noire jardine
Il ne faut jamais dire:
« Fountain* je ne boirai pas de ton Os »
Mais renverser Gertrude serait prendre le risque de faire pipi partout
JC, Gertrude ready-made X, collage numérique
(Trouvé, par le plus grand des hasards qui n’en est pas un sur un site appeau-névrotique)
La Rose et la Noire
chauffent
Marcel
La Femme Cent têtes* a un corps aux pieds
Qui s’entête à être sens
Et à lui faire la tête en sang
Dans tous les sens
La femme sans tête
Sent de ses cent têtes pensantes en sang
JC, 2010, La femme Cent têtes, tirage photographique sur papier de soie mannequin en bois désarticulé, dimensions variables.
Sachez
que la Rose et la Noire
ont perdu la tête
et se décarcassent
*Le plagiat est nécessaire, le progrès l’implique (ID, Poésie II)
JC, aout/septembre 2010, Ouvrage, Remplissage de vacances, fils, perles, applications de tissus de récupération sur tissu imprimé, 31 x 44 cm
Gertrude est un motif paradoxal.
Plus je crois en atteindre le fond, plus je me heurte à sa forme.
Plus je pense dessiner les contours de ses traits plus je me perds dans les méandres de ses plis.
Plus j’invente l’épaisseur de sa chair, plus je suis confrontée au creux de son os.
Plus je crois lui acquérir de l’être plus je tombe dans le vide.
Le vide m’attend à chaque détour de mes réalisations, il habite mes actions, il est le compagnon d’un voyage sans retour, il est ma raison ; il est aussi la raison de Gertrude.
Le vide en arrive à prendre forme, une forme sans limites, sans géométrie, sans définition, au-delà de la science et de l’entendement.
Car Gertrude se vide de sens à mesure que j’avance.
Elle devient le vide et j’avance sur un rien.
Un rien qui abolit le temps et l’espace, où je parodie un avancement, comme une danse immobile.
Et mon pas est un piétinement qui pousse le pathétique à se nier lui-même.
Car Gertrude se moque de devenir Gertrude.
Du sujet que je souhaite, elle m’envoie l’objet immuable.
Elle est si peu, et m’est si peu livrée, que je peux la répéter sans fin, comme le motif d’une vilaine tapisserie jaunie, comme la litanie d’un son qui n’est même plus prière.
Ce vocable dans ma bouche aphasique perd toute attache, et les liens ridicules que je brode autour de sa tête se rient des phrases que je ne prononcerai jamais.
Seuls restent, comme un défi, la vibration agaçante d’une partition impossible et le vide flamboyant.
Paris, le 03/10/10 Juliette Charpentier, Capitaine du cyber-vaisseau Gertrude
Le Capitaine vide son sac sur la Toile
depuis deux ans et neuf mois.
Voyagez sans correspondance
avec
Gertrude Rose
Prenez du bon temps
avec
Gertrude Noire
Gertrude invite Albert
à partager son étagère pendant quelques jours
et à se prêter à un exercice d’anatomie comparée.